Chapitre 4

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H A R R Y

Je passe de plus en plus de temps avec Louis.

Parfois, il m'attend près du supermarché pour qu'on aille à Montmartre. Il peint sur la place, l'air tellement heureux que j'ai l'impression que mon coeur lui vole un tout petit peu de son bonheur pour s'en remplir. On va sur le toit, aussi. C'est notre endroit secret, il n'y a que les étoiles et la lune qui ont le droit de savoir.

Souvent, on se retrouve au parc, mais je ne suis plus jamais assis seul sur mon banc. À la place, je suis sur l'herbe avec Louis. Parfois assis, parfois allongé. Il me dit comment me positionner pour ses dessins. Ça ne me déplait pas de jouer au modèle parce que je vois que ça lui fait plaisir, même si je sens toujours mes joues s'embraser et mon estomac me brûler lorsqu'il me fixe. Je continue à écrire aussi.

Je ne sais pas vraiment ce qu'il se passe entre nous. Mais je sais que c'est fort, et que ça me fait du bien. Que mes pensées noires s'éloignent un peu quand je suis avec lui. Je sais aussi que je voudrais le toucher en lui disant qu'il est beau mais que je ne sais pas comment m'y prendre. Je ne sais pas si lui aussi.

Aujourd'hui, je ne travaille pas, alors on pique-nique au parc. Je me suis senti mal à l'aise face à toute la nourriture étalée sur la nappe à carreaux. J'ai mangé un saucisson et un surimi parce que Louis me regardait de travers, après j'ai fait semblant de picorer par moment sans rien mettre à ma bouche.

Il est quinze heures et je suis allongé sur le dos dans l'herbe, les yeux fermés. Louis est assis à côté de moi. Le soleil s'est déplacé alors l'arbre ne nous offre plus d'ombre, je sens ses rayons brûler mes paupières closes. Il y a un petit vent frais. Il y a une odeur agréable, de terre chauffée je crois. Une odeur qui transpire la vie.

— Harry ?

— Mh ? je réponds en gardant les yeux fermés.

— J'avais jamais vu que t'avais un tatouage.

J'ouvre les yeux, me redresse légèrement, les coudes appuyés sur l'herbe, ses brins s'enfonçant dans ma peau. Je jette un coup d'oeil vers mon tatouage, sur mon épaule gauche. Les manches de mon t-shirt sont courtes, elles ont sûrement dû se soulever un peu avec le vent.

— Je l'ai fait l'année dernière.

— Je peux le voir en entier ?

J'acquiesce et relève ma manche complètement. Louis se penche plus près, l'observe pendant quelques secondes.

— Il est super beau.

C'est un sablier, rempli de quelques grains, pas beaucoup.

— Merci, je dis doucement. Je l'adore.

— Il a une signification ?

Oui.

— Non.

— D'accord.

Il y a des rires soudain. Je tourne la tête et des enfants passent sur le chemin à quelques mètres de nous en courant, suivis par leurs parents.

Louis vient s'allonger à côté de moi, pas assez près pour me toucher.

— La vie est tellement précieuse, il murmure.

— Tu trouves ? je ne peux m'empêcher de répondre.

Il se redresse sur son coude en se tournant vers moi.

— Bien sûr. Elle peut être dure, c'est vrai, mais on doit profiter de chaque seconde. Parfois, je prends conscience que je respire et je me rends compte de la chance que j'ai en respirant simplement.

Our Eternity - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant