Chapitre 17

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L O U I S


On arrive enfin à Rome, après un périple qui m'a semblé interminable. Harry respecte le fait que je ne veuille pas aller à l'hôpital, même s'il a essayé de m'en persuader à quelques reprises. Je lui en suis vraiment reconnaissant. Il essaie de continuer à agir comme si tout était normal, alors que ma santé se dégrade de plus en plus, mais ses yeux ne mentent pas. Ils sont encore plus vides qu'avant. Complètement éteints, lisses. 

Nous voilà arrivés depuis une semaine, et on n'est presque pas sortis de la chambre. On est seulement allés visiter le Colisée. C'était sur ma liste, et c'était magnifique, mais on n'a même pas pu terminer la visite parce que j'avais des vertiges. J'ai encore une fois haï mon corps si fort. Harry écrit beaucoup, pour faire passer le temps pendant que je dors. Plus que d'habitude. Il a toujours l'air tellement contrarié quand j'ouvre les yeux et que je le vois le nez dans son carnet.

Cet après-midi, je reste encore plus longtemps sous la douche que ces derniers jours. Je me sens sale, même quand je suis propre. Alors je savonne et je frotte et je rince au moins trois fois d'affilée, surtout à l'endroit de mes jambes où il y a toujours du sang qui ressort. Je finis par me résigner à sortir parce que ce sont des douches communes à tous sur le palier, et que Harry va commencer à se demander ce que je fabrique. En plus, ça ne sent pas très bon, ici. Un mélange désagréable de mousse de rasage, de déodorant et de transpiration qui donne mal à la tête.

Je jette un dernier regard dans la douche pour vérifier que je n'ai rien oublié, puis je repars avec mes vêtements sales, ma serviette et le savon dans les mains.

Quand je reviens à la chambre, je trouve Harry allongé dans le lit. Il dort tourné vers moi, la tête dans l'oreiller et ses boucles un peu dérangées. Je soupire de satisfaction parce qu'il a l'air tellement apaisé comme ça, et que je ne l'ai pas vu dormir depuis dix jours au moins.

C'est avant que je la remarque. La plaquette de somnifères sur la table de chevet, vide.

Je reste figé, mes yeux alternent entre lui qui ne bouge pas et la plaquette. La plaquette et lui qui ne bouge pas. Lui qui ne bouge pas.

Comme une tempête qui arrive sans prévenir, tout bascule et se brouille dans mon esprit en une fraction de secondes. Je lâche mes affaires sur le sol et je panique. Quand mes mains se posent sur son épaule, elles sont déjà tremblantes, et je panique de plus en plus à mesure que je le secoue et qu'il ne se réveille pas. Il ne se réveille pas, putain. Mon ventre se retourne, c'est tout mon corps qui tremble maintenant. Je le secoue et je le secoue et je le secoue, en vain.

— Harry, putain.

Pourquoi est-ce qu'il ne se réveille pas, ma tête commence à tourner, qu'est-ce qu'il me fait ?

Au moment où je m'apprête à crier, je pense à prendre son pouls. Je suis tellement bête de ne pas y avoir pensé. Tellement bête tellement bête mais quand je pose mes doigts moites dans son cou les pulsions de son coeur sont si lentes et si faibles que j'ai l'impression de ne rien sentir.

— Réveille toi, merde.

Je regarde à nouveau la plaquette vide, elle est floue à présent. Il n'a pas fait ça, il n'a pas fait ça, j'essaie de me répéter qu'il n'a pas fait ça mais il ne bouge toujours pas et je vais vomir mon coeur

— S'il te plaît réveille toi mon amour, réveille toi-

Je le gifle carrément à présent mais mes mains sont inutiles, elles sont tellement faibles et tremblantes, je n'arrive plus à rien faire correctement.

Our Eternity - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant