Chapitre 14

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L O U I S


Ça fait quatre jours qu'on n'a pas fait l'amour.

Ça fait quatre jours qu'on est bloqués dans la chambre d'un hôtel parce que je suis cloîtré au lit. Je me sens terriblement faible, c'est à peine si j'arrive à me lever pour aller aux toilettes. J'ai des sueurs froides, des frissons partout. J'ai un peu de fièvre, je crois. J'ai mal à la tête. J'ai envie de vomir. Je déteste ça. Je déteste ça, je déteste ça, je déteste ça. Je déteste perdre le contrôle sur mon propre corps. Je déteste devoir rester ici alors que je n'ai qu'une seule envie: continuer à vivre.

Harry ne s'absente que quelques minutes par jour pour aller chercher à manger — même si ni lui ni moi ne mangeons vraiment, au final. Je me sens coupable de le voir tourner en rond dans la chambre pendant que je somnole toute la journée. Je lui ai dit qu'il pouvait aller se promener sans moi, il m'a dit qu'il ne s'ennuyait pas.

Ça fait quatre jours.

— J'ai trouvé un médecin à dix minutes en bus. Je vais prendre rendez-vous pour demain, annonce Harry en s'asseyant au bord du lit où je suis allongé.

Mon sang se fige.

— Non.

— Pourquoi ?

— C'est pas la peine.

— Louis, t'es vraiment malade et ça a pas l'air...

— C'est pas la peine, je te dis.

Je me redresse brusquement. Le matelas tangue sous mes fesses.

— Rallonge toi.

Harry glisse une main sous mes mèches de cheveux collés à mon front un peu humide.

— T'es encore brûlant.

Je la retire, agacé.

— Ça va, Harry, grommelé-je.

Je veux qu'il arrête de s'inquiéter. Je ne suis pas parti de Paris pour ça.

— Bon, on attend de voir encore un peu sinon je prendrai un rendez-vous.

J'acquiesce, juste pour qu'il me laisse tranquille avec ça. Ça ira forcément mieux. Je ne vais pas laisser le choix à mon corps, de toute façon. Si j'agis comme si tout allait parfaitement, il sera obligé de me suivre, non ?

Pourtant, là, je me sens obligé de me rallonger parce que j'ai vraiment enfin de vomir. Tant pis, demain j'irai mieux, c'est certain.

Au bout de quelques minutes, j'entends Harry s'allonger dans mon dos. Je crois que c'est déjà la nuit. Il caresse très doucement mon dos nu, mais il ne se colle pas à moi. Je ne trouve même pas la force de lui dire de le faire.

Je n'arrive pas à m'endormir. Forcément, j'ai encore dormi toute la journée. Je n'arrive pas à m'endormir mais je n'arrive pas à ouvrir les yeux non plus. Ça me donne envie de hurler. Pourquoi est-ce que je suis bloqué dans ce corps là, pourquoi moi ? Pourquoi est-ce que je m'étais convaincu que tout allait bien ? Mon souffle se comprime dans ma poitrine. J'ai mal, je ne veux pas avoir mal, j'ai peur, je ne veux pas avoir peur, je ne veux pas, je ne veux pas...

— Eh.

Bien sûr, il ne dort pas. Harry vient m'enlacer, Harry me serre fermement et délicatement à la fois. Je ne m'étais même pas rendu que je m'étais mis à pleurer. Il n'y a que mes sanglots et ma respiration un peu emballée qui résonnent dans la pièce. Il y a l'odeur d'Harry qui flotte, par contre. La violette. Je choisis de me concentrer sur ça, et sur ses caresses dans mes cheveux.

Our Eternity - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant