Chapitre 39 : Midnight in Paris

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 Drago entendait l’homme qui venait de perdre sa société à son profit sans vraiment l’écouter. Ses lèvres bougeaient mais lui, il n’entendait rien du tout. Il regardait dehors la neige qui tombait en gros flocons sur Paris. Il était arrivé la veille au soir et il avait trouvé la Ville Lumière absolument superbe, éclairée par les lampadaires. Il pouvait voir les flocons voleter sous la lumière diffuse. Il avait posé ses valises à l’hôtel George V, quand il était arrivé, très tard, il devait se l’avouer. Il avait à peine dormi. Il avait lu et relu le dossier de sa future acquisition pour en connaître les moindres détails. Il n’était pas stressé mais il n’avait pas Mariam avec lui pour lui rappeler des détails insignifiants. Drago avait jeté sa cape sur le sofa et il s’était installé sur une table dans sa suite, face à la neige et avait travaillé à la lueur des bougies. Il avait ouvert sa fenêtre, s’était un peu plus emmitouflé dans sa robe de chambre et avait posé sa main dans la neige. Il aurait dû emmener Scorpius avec lui. Il aurait adoré se retrouver avec son père.

-Monsieur Malefoy ? vous avez quelque chose à ajouter ?
Drago hocha la tête et regarda les moldus juste devant lui. Il avait été contraint d’abandonner sa confortable robe de sorcier qu’il adorait pour des habits moldus. Il avait opté pour un costume gris et avait mis une cravate violette pour aller avec son teint. À vrai dire, ce costume lui allait à la perfection mais il n’aimait pas devoir être contraint de faire quelque chose. D’autant plus que les négociations qui auraient dû durer quelques heures venaient de s’étaler sur une grande partie de la journée. C’était le problème avec les français. Toujours à bavasser pour rien du tout.
-Oui absolument. Je tiens tout de suite à rassurer vos partenaires, je n’ai nullement l’intention de faire des coupes budgétaires ou dans le personnel. Mais..
La mine réjouie de son homologue ne lui plaisait pas. Il plissa des yeux. Il avait un malin plaisir à voir le visage des gens se décomposer sous une mauvaise nouvelle. Il avait toujours eu cet intérêt aussi loin que remontait sa mémoire. Il observait les interlocuteurs de son père et il voyait leurs traits s’affaisser, trembler sous le regard de son père. Un jour, il avait compris d’où lui venait cet intérêt. Il était à Poudlard et venait de terroriser un de ses camarades. Il s’était senti rempli d’un pouvoir gigantesque qui se nourrissait de la peur de son prochain. Il avait comprit à ce moment là que la peur des autres était galvanisante pour toute personne capable de supporter de voir un spectacle aussi affligeant. Drago ressentait ce pouvoir galvanisant dans cette salle de conférence. Aussi il continua sur un même ton en se délectant des traits tirés des autres personnes présentes dans la pièce avec lui. 

-Mais je compte faire un bilan des compétences des salariés dans l’année. Ceux qui seront en deçà de mes exigences devront soit se former, soit quitter l’entreprise. Et si après formation, ils sont toujours en dessous, ils la quitteront.
Ils acquièscèrent et Drago n’avait pas besoin de faire de légilimancie pour savoir à quoi ils pensaient tous. Il était jeune, très jeune pour faire ce genre d’affaire. Ils ne devaient pas croire en lui. Ils devaient penser qu’il était un jeune héritier qui jouait dans la cour des grands. Drago les détestait déjà. Il contracta légèrement sa mâchoire et contempla ses ongles parfaitement manucurés.
-Mais monsieur Malefoy… commença l’un des membres du conseil d’administration.
-C’est ce que j’ai fait pour toutes les entreprises que j’ai racheté et elles ont désormais un chiffre d’affaire qui a doublé, voir triplé, ajouta-t-il dans un français quasi parfait. Je ne crois pas que vous puissiez dire la même chose de votre administration sinon vous ne seriez pas entrain de vendre.
-Vous parlez français ? s’étonna l’un des hommes sur sa droite. 

Drago se tourna vers l’homme chauve qui venait de parler. On aurait dit le personnage qui se trouvait sur les produits ménagers que Drago avait vu parfois sur des affiches publicitaires. Quand il l’avait vu la première fois Daago avait failli l’appeler le génie de la lampe, mais il s’était abstenu. Cet homme était loin d’être un génie et il ne méritait pas un tel surnom.
-Évidemment que je parle français, répondit sèchement Drago. Vous avez quelquechose à rajouter  peut-être ? Ou nous pouvons enfin signer ?
Il saisit un crayon et signa le contrat. Il le tendit ensuite vers son homologue avec une furieuse envie de sortir sa baguette magique et de la mettre sur la table d’un air menaçant. Mais il ne le pouvait pas. Il détestait ces gens. Ils lui lêchaient les bottes mais le dénigraient, il le savait pertinemment. Son futur sous-fifre signa le document et ils se levèrent pour prendre une photo. Drago était soulagé. C’était enfin terminé et il pouvait vaquer à ses occupations. Il était 19h quand il sortit de l’entreprise sous le regard des caméras moldues. Il détestait les moldus. Vraiment. Il n’aimait pas être sous le feu des projecteurs. Il ne savait pas pourquoi ils étaient tous aussi grossiers. La délicatesse ne semblait pas vouloir faire parti de leur vocabulaire. Il monta rapidement dans sa limousine. Si il avait eu le choix, il serait parti se promener à pieds mais il devait poser son attaché case dans sa suite et envoyer quelques lettres. Il devait rentrer à Londres, il le savait mais il n’en avait pas envie. Se retrouver seul avec lui-même lui faisait du bien. Il posa uniquement sa sacoche et il repartit se balader dans la ville. Il ne s’était pas changé. Il portait un long manteau chaud et une écharpe qui lui cachait le bas du visage.  

La vie secrète de Drago MalefoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant