Chapitre 1 - Le subterfuge

673 30 20
                                    

Ginny Weasley jeta un énième coup d'œil à l'horloge familiale. C'était tout à fait inutile – les aiguilles étaient restées figées sur « En danger de mort » tout le mois de juillet. Mais elle espérait tout de même qu'elles se décident à désigner « En déplacement ».

L'attente était insupportable. Assise sur le canapé, elle guettait le moindre bruit venant de l'extérieur en faisant tressauter son genou et consultait sa montre toutes les dix secondes. Non loin d'elle, sa mère faisait semblant de s'occuper en chassant la poussière là où elle l'avait époussetée depuis longtemps, tout en jetant des regards incessants à la cour déserte.

La moitié de sa famille s'était jointe au plan. Son père, ses frères Bill, Fred, George et Ron. Sans compter ses amies, Tonks, Hermione... Et bien sûr, au cœur du plan... Harry. Quant à elle... elle était trop jeune, bien sûr. Comme toujours. Elle n'avait même pas encore seize ans, et si être exclue de toutes les missions de l'Ordre l'ennuyait au plus haut point, elle devait avouer qu'elle ne pourrait pas leur être utile tant qu'elle n'aurait pas dix-sept ans et qu'elle aurait ainsi enfin le droit de faire de la magie en dehors de l'école.

Un bruit de chute retentit soudain à l'extérieur. Ginny se leva comme un ressort et dévala les marches à la suite de sa mère jusque la cour, où Hagrid et (le vrai) Harry se relevaient péniblement.

— Harry, c'est toi le vrai Harry ? s'écria Molly. Que s'est-il passé ? Où sont les autres ?

— Que voulez-vous dire ? Personne d'autre n'est revenu ? demanda-t-il. Les Mangemorts nous attendaient. Nous avons été cernés dès que nous avons décollé. Ils savaient que ce serait cette nuit. J'ignore ce qui est arrivé aux autres. Quatre Mangemorts nous ont poursuivis, nous leur avons échappé comme nous avons pu, et ensuite Voldemort nous a rattrapés.

Une pierre tomba dans l'estomac de Ginny. Elle était soulagée de voir Harry – elle aurait voulu le serrer dans ses bras, mais elle devait se rappeler qu'ils n'étaient officiellement plus ensemble – toutefois elle craignait qu'il soit arrivé malheur aux autres.

— Heureusement, tu es sain et sauf, fit Molly en attirant Harry contre elle.

— Vous n'auriez pas un doigt de cognac, des fois, Molly ? demanda Hagrid, un peu tremblant. Pour des raisons médicales...

Molly repartit en hâte vers la maison. Harry se tourna vers Ginny, qui anticipa sa question :

— Ron et Tonks auraient dû être les premiers à revenir, mais ils ont raté leur Portoloin, il est arrivé sans eux, dit-elle en indiquant le bidon d'huile rouillé abandonné par terre un peu plus loin. Et celui-là (elle désigna une vieille chaussure de tennis) aurait dû ramener papa et Fred, ils devaient être les deuxièmes à revenir. Ensuite, c'était toi et Hagrid puis (elle consulta sa montre) s'ils y parviennent, George et Lupin, dans une minute environ.

Molly revint avec une bouteille de cognac qu'elle tendit à Hagrid, qui la vida d'un trait.

— Maman ! s'écria Ginny, le doigt tendu.

La lumière bleutée d'un Portoloin commençait à briller dans la nuit. Lupin et George firent leur apparition et s'écroulèrent par terre. Les battements du cœur de Ginny s'affolèrent : George était inconscient, son visage couvert de sang. Harry vint en aide à Lupin qui le soutenait au mieux et prit les jambes de George. Lupin et Harry le portèrent jusque dans la maison où ils l'allongèrent sur le canapé du salon. La lumière éclaira alors le visage de son frère et Ginny eut un haut-le-cœur : il lui manquait une oreille. Tout à coup, Lupin écarta Harry et l'emmena dans la cuisine, mais Ginny n'eut pas le temps de s'interroger car sa mère, penchée sur George, l'interpella :

Les Chroniques de Ginny Weasley - Tome 6 : L'année des ténèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant