Chapitre 8 - En cavale

262 22 14
                                    

La nuit était tombée. Vêtus de vêtements sombres, Colin Crivey et Simon Grant espionnaient un couple de Moldus par la fenêtre de leur cuisine.

— C'est bon, vas-y, souffla Colin. Ils sont absorbés par la télé.

— Garde un œil sur eux, répondit Simon.

D'un coup de baguette, il entrouvrit la fenêtre, puis la porte du frigo. La lumière s'alluma à l'intérieur de ce dernier et Simon se figea, mais les Moldus n'avaient rien remarqué.

Accio, murmura Simon.

Un paquet de jambon voleta du frigo jusqu'à la fenêtre. Colin s'en empara puis l'enfourna dans son sac. Simon réitéra la manœuvre pour attirer du fromage et une miche de pain vers eux.

— Hé, vous deux ! Qu'est-ce que vous faites ?

Colin et Simon sursautèrent. Un homme qui promenait son chien s'était arrêté à leur hauteur. Bien sûr, il avait fallu que cet homme décide de passer par la venelle où Colin pensait qu'ils seraient à l'abri des regards des voisins pendant qu'ils effectueraient leur larcin. Colin et Simon échangèrent un regard paniqué et, sans demander leur reste, s'enfuirent à toutes jambes.

— EH ! AU VOLEUR ! s'écria l'homme.

Son chien, un Beagle inoffensif, se mit à japper, ajoutant au vacarme. Colin et Simon accélérèrent l'allure et ne s'arrêtèrent que lorsqu'ils furent à bonne distance des lieux, le soufflé coupé.

— Je savais qu'on aurait dû être trois, haleta Simon. Un pour faire le guet dans la rue, un pour surveiller les Moldus, et moi pour voler la bouffe. La police risque d'être alertée. On va encore devoir bouger.

— T'as sûrement raison, répondit Colin, contrarié. Viens, dépêchons nous de rentrer...

Ils repartirent d'un bon pas en direction du motel où ils avaient élu domicile depuis quatre jours, près de la route nationale, un peu en-dehors de la ville. La propriétaire du motel, une veille Moldue, les regarda passer de son habituel air suspicieux sans daigner les saluer. Colin et Simon frappèrent à la porte de la chambre 4. Dennis leur ouvrit.

— Bonne nouvelle, déclara Colin en brandissant son sac. On a de quoi manger !

— Et la mauvaise nouvelle ? devina Dennis en scrutant l'expression de son frère.

— On s'est fait repérer, avoua Simon.

— Je vous l'avais bien dit ! s'exclama Dennis. Vous auriez dû m'emmener pour faire le guet, comme Simon l'avait propo-

— Hors de question, le coupa Colin.

— J'ai quatorze ans, Colin, je ne suis pas un bébé ! Je peux parfaitement vous aider.

Colin ne prit même pas la peine de répondre. Ils avaient déjà eu cette conversation des dizaines de fois, et il n'avait toujours pas changé d'avis : son petit frère ne s'exposerait à aucun risque.

— Va dire aux filles qu'on passe à table, répondit-il à la place.

Dennis poussa un profond soupir puis alla frapper à la porte de la chambre d'en face, qui portait le numéro 3. Une adolescente aux cheveux bruns et aux yeux bleus apparut dans l'encadrement.

— On mange, marmonna Dennis.

— Parfait, je meurs de faim, répliqua une deuxième fille en sortant de la chambre, passant sous le bras de la première.

Elle était plus jeune que la première, mais possédaient les mêmes cheveux bruns et les mêmes yeux bleus.

Les cinq compagnons s'installèrent en cercle à même la moquette dans la chambre des garçons et partagèrent leur maigre pitance. Comme d'habitude, Colin avait allumé la radio sur la fréquence de la RITM, mais la station ne diffusait aucune information qui aurait laissé croire que le monde de la magie avait basculé dans la terreur. Colin continuait toutefois de l'écouter par précaution, en espérant qu'un jour, il entendrait enfin quelque chose de plus important que le dernier classement des meilleurs albums de wizard rock et les derniers conseils beauté de la chanteuse Celestina Moldubec.

Les Chroniques de Ginny Weasley - Tome 6 : L'année des ténèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant