Les Chroniques de Ginny Weasley - Tome 6 : L'année des ténèbres

Chapitre 17 - Le choix de Drago

Depuis que la cave du manoir Malefoy avait été transformée en prison, Drago ne se sentait plus vraiment chez lui. Il savait qu'être en vacances n'était pas synonyme de tranquillité d'esprit. Loin de là. Ici aussi, il entendrait des cris la nuit. Sa seule consolation résidait dans le fait que le Seigneur des Ténèbres se trouvait en mission à l'étranger, ce qui lui épargnerait peut-être d'avoir à torturer lui-même les prisonniers ou d'autres Mangemorts sous ses ordres directs.

Il venait de s'installer dans le salon avec un verre de whisky après le dîner en compagnie de ses parents lorsque la cloche annonçant l'arrivée de visiteurs tinta. Narcissa Malefoy se leva pour aller les accueillir. Le claquement caractéristique de ses talons signalant son retour était accompagné de nombreux autres bruits de pas plus lourds et étouffés. Elle n'était pas seule. Lucius et Drago se levèrent.

— Qu'est-ce que c'est ? s'enquit Lucius de sa voix traînante, si semblable à celle de son fils.

Fenrir Greyback ainsi qu'un groupe de Rafleurs se tenaient là, leurs bottes dégoulinant de boue sur le sol propre. Avec leurs vêtements peu raffinés et leur allure débraillée, ils contrastaient nettement avec le reste du décor. Ils trainaient avec eux cinq prisonniers attachés les uns aux autres. Pourquoi avaient-ils décidé de les emmener ici au lieu de se rendre au ministère ? Les Malefoy avaient autre chose à faire que...

— Ils prétendent avoir capturé Potter, déclara Narcissa d'un ton glacé. Drago, viens là.

Drago ne bougea pas immédiatement, figé de stupeur.

Était-ce vraiment Potter ? Le captif avait le visage enflé, bouffi, comme s'il s'était fait piquer par quelque chose dont il était particulièrement allergique. Il avait une barbe de quelques jours et ses cheveux avaient poussé jusque ses épaules. Ses lunettes étaient perchées sur son nez, un peu de travers, et une trace blanche étirée lui barrait le front.

Harry Potter évitait son regard avec soin.

— Alors, mon garçon ? le pressa Greyback.

Drago s'approcha comme un automate tout en gardant une bonne distance avec Greyback. Il détestait le loup-garou et l'odeur de terre mêlée de sang qu'il dégageait.

Drago était incapable de regarder Potter dans les yeux, lui aussi.

— Eh bien, Drago ? demanda à son tour son père à brûle-pourpoint. C'est lui ? C'est Harry Potter ?

— Je ne... Je ne suis pas sûr.

— Examine-le attentivement ! Rapproche-toi !

Drago resta figé d'effroi.

Encore quelques années plus tôt, ce moment aurait représenté son plus grand triomphe. L'ultime défaite d'Harry Potter, de sa main. Mais il se rendait compte à présent à quel point il avait placé ses espoirs dans Potter. L'espoir qu'il était vraiment l'élu destiné à terrasser le Seigneur des Ténèbres. L'espoir de redevenir enfin libre. S'il le livrait à Voldemort... Son tourment n'en finirait jamais.

Son père insista :

— Drago, si nous livrons Potter au Seigneur des Ténèbres, tout sera pardo...

— Allons, j'espère que nous n'allons pas oublier qui l'a vraiment capturé, Mr Malefoy ? l'interrompit Greyback d'un ton menaçant.

— Bien sûr que non, bien sûr que non ! rétorqua Lucius, agacé.

Il examina Potter de plus près et demanda :

— Que lui avez-vous fait ? Pourquoi se trouve-t-il dans cet état ?