Les Chroniques de Ginny Weasley - Tome 6 : L'année des ténèbres

Chapitre 5 - La rafle du Poudlard Express

L'atmosphère du quai 9 ¾ respirait la peur et la méfiance. Des parents aux visages anxieux rechignaient à laisser partir leurs enfants. Ginny n'avait jamais vu une scène de rentrée aussi lugubre.

— Je n'aime pas du tout l'idée de te laisser aller à Poudlard, répéta Molly pour la centième fois depuis le début du mois d'août.

— Je n'ai pas le choix, maman. Tu le sais bien.

Deux jours après le mariage de Bill et Fleur, la Gazette du sorcier avait publié un article annonçant que l'inscription de tous les sorciers de onze à dix-sept ans était désormais obligatoire. Quelques jours plus tard, Ginny avait reçu sa lettre de Poudlard avec un rappel à la loi, sa liste de fourniture et son « Statut du sang », une attestation prouvant qu'elle était de sang pur et qu'elle avait donc le droit (et partant, l'obligation) d'étudier à Poudlard. L'attestation ne venait pas seule. En effet, un badge avec la mention « Sang pur » avait été glissé dans l'enveloppe. Le nouveau règlement de l'école stipulait que tous les élèves étaient obligés de porter leur badge. Rien qu'à cette idée, Ginny avait envie de vomir.

Puis, le matin même de la rentrée, avant de partir pour la gare de King's Cross, un nouvel article avait paru dans la Gazette, annonçant que Severus Rogue avait été nommé directeur de Poudlard et que deux Mangemorts, Alecto et Amycus Carrow, prendraient respectivement en charge les cours d'Étude des Moldus (devenus obligatoires dès la première année) et la défense contre les forces du mal. La cerise sur le gâteau.

— N'hésite pas à utiliser ce qu'on t'a offert pour ton anniversaire, histoire de causer un peu de raffut, commenta Fred avec un sourire.

— Fred ! s'insurgea Molly. Tu veux lui attirer des ennuis ? Ne l'écoute surtout pas, Ginny ! Ne fais rien pour attirer l'attention sur toi, d'accord ?

— D'accord, répondit Ginny.

George lui adressa un clin d'œil. Ginny mentait, bien entendu. Elle ne pouvait pas promettre à sa mère de rester bien sage alors qu'elle songeait déjà à retrouver Neville et Luna pour reformer l'Armée de Dumbledore... Elle en avait parlé avec les jumeaux, qui avaient trouvé l'idée excellente.

Les jumeaux n'avaient pas chômé, eux non plus. Avec Lee Jordan, ils avaient monté une petite station radio secrète appelée Potterveille. Leur mère n'était pas au courant, bien sûr, mais leur père les avait aidés.

Le train siffla.

— Je dois y aller, dit Ginny en serrant une dernière fois sa mère dans ses bras.

Ginny prit sa valise d'une main, la cage d'Arnold dans l'autre, et monta dans le train après avoir salué une dernière fois sa mère et ses frères. Elle longea le couloir un moment avant de trouver Neville, assis tout seul, qui regardait par la fenêtre.

— Salut, fit Ginny en hissant sa valise dans le filet.

Neville tourna la tête vers elle et lui adressa un sourire peu convaincant. Ginny posa la cage d'Arnold sur la banquette et s'assit en face de Neville.

— Je te cherchais, justement. Tu as vu Luna ?

— Non, pas encore. Comment vas-tu ?

— L'été a été un peu... mouvementé.

— Oui, ma grand-mère m'a raconté pour le mariage de ton frère. Apparemment, elle est amie avec une de tes grands-tantes, Muriel, je crois.

— Ah, évidemment, répondit Ginny. Ça m'aurait étonné que la tante Muriel garde ça pour elle...

Neville baissa la voix.

— Est-ce que tu as des nouvelles de...

Ginny pointa discrètement sa baguette vers la porte du compartiment.