Chapitre 41

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Hugo rentra chez lui, essoufflé, perdu. Il s'était rendu en navette, une énième fois, au centre de détention pour tenter de rendre visite à son paternel.
Rien n'avait changé. On lui assurait toujours qu'il refusait catégoriquement de le voir. Fou de rage, des gardes robotiques avaient dû le maîtriser par la force. Désormais, l'adolescent ne pourrait plus s'y rendre sans aller directement en garde à vue.
Bon, toute façon, il s'en fichait. Son paternel, s'il s'y trouvait réellement, ne voulait pas voir son fils unique.
De fureur, il donna un coup de poing dans le mur, ce qui n'eut aucun effet à part lui faire du mal. Et aussi avertir sa mère de sa venue.

- Mon chéri ? Tu es rentré ? Demanda Clara.

Trop en colère pour parler, il ne lui répondit même pas. Son visage était rougi par cette émotion, l'air dur comme de la pierre.  Aucune joie, aucune émotion positive ne se lisait plus en lui, d'habitude doux.

- Enfin, qu'est-ce qu'il se passe ? Ne me dis pas que tu t'es encore battu ? Dit-elle en l'apercevant.

- Non, grogna-t-il. Enfin, presque.

Il ne s'était pas réellement battu contre les gardes. Juste un peu énervé, surtout oralement.

- Avec qui ? J'espère que Lily n'a pas vu ça !

- Les gardes de la prison. Oh, et puis Charles.

Hugo avait presque oublié cette petite altercation avec le vieil homme.
Sa mère hoqueta de surprise.

- Charles ? Tu parles de Charles, le Gardien ? Tu t'es battu avec lui  ? Mais enfin, tu as perdu la tête, ma parole ! Et les gardes ? Je te rappelle que ton père ne veut pas que tu le voies là-bas !

Sa phrase sonnait faux, il le voyait à présent. Comme si Clara s'était entraînée à prononcer ces mots, devenus un automatisme. Combien de fois sa mère lui avait-il dit : Ton papa ne veut pas que tu ailles le voir en prison. Il pense que ce n'est pas un endroit pour un petit garçon, pour son petit garçon.

Sauf qu'il n'était plus un petit garçon.

- Oui, je parle de ce Charles-là. Pourquoi, tu le connais ? Demanda-t-il en lui lançant un regard rempli d'éclairs.

Clara baissa les yeux.

- Non, non pas du tout... Qu'est-ce que tu racontes ? Et ne détourne pas la conversation, s'il te plaît ! Que faisais-tu à la Tour avec le Gardien ? Il t'a dit quelque chose ?

Sa mère semblait réellement inquiète, voire terrifiée à l'idée qu'il sache. Le jeune homme voyait clair dans son jeu. Elle lui cachait quelque chose, c'était indéniable.

- C'est toi, qui détourne la conversation, je te signale ! Je sais que tu me mens sur quelque chose. Le Gardien m'a révélé que papa n'était jamais allé en prison, qu'il n'y était pas ! Dis-moi la vérité ! Ordonna-t-il, le visage rempli de haine.

Une larme coula le long de sa joue, ce qui ne radoucit pas le jeune homme, au contraire.

- Hugo, mon chéri... Je... Je ne peux pas. Il faudrait que je te dise certaines choses, et je ne peux pas, je n'en ai pas le droit.

L'adolescent ricana presque.

- Oh, tu me parles de la fatalité ? Je sais déjà tout.

Clara, horrifiée, écarquilla les yeux. Comment pouvait-il savoir ? Non, il mentait certainement. Enfin, elle l'espérait de tout cœur.

- Comment sais-tu tout ça ? C'est impossible !

- Ce ne sont pas tes affaires, répondit-il sèchement. Maintenant, dis-moi la vérité.

À l'amour, à la guerre | TOME 1  : DésillusionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant