Chapitre 60

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Un moment de blanc suivit les derniers mots de Schneider, tandis qu'il disparaissait de l'écran. Ils réfléchissaient, se demandant s'ils rêvaient. C'était bien la première fois que leur président osait avoir des paroles aussi belliqueuses en ces temps incertains. Aucun dirigeant, aussi courageux qu'il était, ne l'avait fait auparavant. Tous avaient peur de déclencher une réaction en chaîne chez leurs ennemis. 
Il fallait dire qu'ils n'étaient pas d'un naturel pacifiste, ces derniers temps.

- Je rêve ou je viens d'entendre "alliés" et " des sanctions seront à prévoir " ?! Il se fout de moi ?! Charles nous avait promis que personne ne déclarerait la guerre à personne ! S'exclama Alex, furieux des paroles belliqueuses de leur président. Il va tous nous tuer avant l'heure !

- Schneider est fou. Il a clairement affirmé que tous ces pays sont nos ennemis jurés en direct. Ils ne lui pardonneront jamais cet affront, ajouta Lily, les sourcils froncés. Ce n'est pas encore une déclaration de guerre, et c'était sûrement le but, mais des menaces claires. 

- Comme ça, au moins, on est fixé. Les gens auront compris le message. On sait qu'il va falloir se battre, et contre qui, ajouta Hugo. Avec des armes ou autrement. 

Encore une fois, Lily avait envie de casser tout ce qui lui passerait par la main.

- Comment a-t-on pu passer d'un monde utopique au bord de la catastrophe ? S'interrogea-t-elle. 

- Ça n'a jamais été utopique. C'est seulement ce qu'on essayait de nous faire croire, mais au fond, je suis certain qu'ils savaient que la guerre approchait, répondit Alex, les bras croisés et le regard dur. Ces tensions n'ont pas pu apparaître en seulement quelques semaines, ça date de bien avant tout ça. Sûrement que ça remonte bien avant l'existence des villes flottantes.

- À présent, c'est comme si... Comme si c'était inévitable, ajouta Hugo.

La jeune femme ne put s'empêcher de sentir son cœur se serrer. Si même lui, d'un naturel optimiste, pensait que la guerre était proche, quel espoir leur restait-il ?
Fatiguée, énervée, frustrée, Lily jeta son Holog contre un mur, de toutes ses forces. Il rebondit, frappant fortement Hugo au passage, avant de s'écraser.

- Eh ! Si je pouvais éviter d'être ta cible sur le champ de bataille, ça m'arrangerait !

- Arrête de dire ça, ne plaisante pas sur ce sujet ! Lui dit-elle. 

Hugo resta interdit.

- C'est beaucoup trop tôt ! S'exclama-t-elle. À ce rythme, la guerre sera proclamée dans une semaine à peine, et jamais je n'aurai le temps de... 

De sauver tout le monde, pensa-t-elle.

De rage et de désespoir, une larme coula sur sa joue. Tout de suite, le jeune homme aux yeux océans s'approcha en s'excusant.

- Eh, désolé. C'est pas ce que je voulais dire.

- Nous ne sommes pas prêts à faire face, militairement parlant, de toute façon. La troisième guerre mondiale risque d'être très courte, ajouta Alex.

- Merci, Alex. Ça aide beaucoup, lui reprocha Hugo.

- Je ne lui dis que la vérité ! Rétorqua-t-il. Si la Russie décide de nous attaquer ce soir, il n'est pas certain que nos systèmes de défense tiennent le coup. Certes, nous possédons certaines armes de protection, mais s'ils usent du nucléaire... Rien n'assure qu'elles fonctionneront. 

Ce mot donnait des frissons à Lily, rien qu'à son évocation. Depuis des années, les pays signataires de la loi Terra avaient suivi un programme de dénucléarisation. Ainsi, ceux qui possédaient cette arme s'en étaient presque totalement débarrassés, pour le plus grand bien de l'humanité.
Depuis, certains s'étaient décidés à abandonner ce programme. Dont la Russie.

À l'amour, à la guerre | TOME 1  : DésillusionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant