Chapitre 4

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Lily eut le plaisir, en ce vendredi treize septembre matin, de s'éveiller contre le torse nu de Thomas. Lui dormait encore, tandis qu'elle s'étonnait de son réveil plutôt calme, sans cauchemar à l'horizon.
Son cœur était léger, aucun reste d'adrénaline ni peur ne venait déranger son réveil. Cela faisait si longtemps qu'elle ne s'était levée aussi détendue ! L'adolescente n'avait même pas besoin de vérifier la présence de son collier.
Inconsciemment, la jeune fille sourit, avant de poser à nouveau son regard sur Thomas.
Il arrivait fréquemment que son petit ami parvienne à calmer ses mauvais songes, qui hantaient d'habitude ses nuits. Le jeune homme faisait partie des seules personnes au monde à avoir ce don.
En face d'elle, ses yeux bruns comme l'ébène s'ouvrirent, encore fatigués. Il sourit.

- Bonjour, toi, dit Thomas d'une petite voix.

- Salut, souffla-t-elle.

- Tu me matais, ou je rêve ?

L'adolescente rougit légèrement avant de tout nier en bloc. Son petit ami, ravi d'avoir fait rosir ses joues, ria.

- Lily, tu es peut-être la pire menteuse que je connaisse.

Elle lui jeta un coussin à la figure, avant de se lever. L'adolescent n'avait pas tout à fait tort.
Pourtant, je lui mens depuis des mois, remarqua-t-elle.

- Pas de cauchemars, cette nuit ? Demanda-t-il en enfilant son pantalon. Je ne t'ai pas entendue t'agiter.

- Apparemment, rien à signaler, affirma-t-elle d'un ton joyeux.

- Bonne nouvelle, non ?

Elle hésita, avant de répondre par la positive.
Cependant, la jeune fille ne le pensait pas vraiment. Ces instants de répit ne duraient jamais longtemps. Le seul moyen envisageable pour que ses cauchemars s'arrêtent serait... D'oublier.
Néanmoins, cette pensée ne dura qu'un instant. Elle connaissait les trop nombreux risques qui accompagnaient une opération d'effacement de souvenirs.
l'Oubli n'était pas concevable. Elle aurait pu, théoriquement, prendre cette décision des années auparavant.
Seulement, même les technologies du vingt-deuxième siècle n'étaient pas infaillibles, et beaucoup de patients qui étaient torturés par leurs souvenirs, en tentant de les effacer de leurs mémoires, étaient devenus complètement fous. Ils finissaient leurs vies dans un hôpital psychiatrique, en général. Ou alors, leurs proches ne reconnaissaient même plus la personne qu'ils aimaient, tant cette dernière avait changé.

Souvent, cela se produisait quand ce fameux souvenir était trop profondément ancré dans la mémoire de la victime. Comme s'ils avaient perdu une part d'eux-mêmes.
Ainsi, il n'était pas toujours bon d'avoir recours à la facilité.

- Est-ce qu'un jour tu me parleras ? Demanda soudain Thomas. De tes cauchemars, je veux dire.

Son pouls ne fit qu'un bon. La gorge de l'adolescente se noua fortement. L'air n'y passait même plus, et elle dut s'y reprendre à deux fois avant de pouvoir parler.

- Je ne crois pas que... Je ne crois pas que je sois prête, c'est...

Thomas, voyant qu'elle paniquait, désamorça immédiatement la situation.

- Ne t'inquiète pas, c'est pas grave. Je comprends. Allez, bouge-toi, on a cours dans moins de quarante minutes.

Lily se sentit immédiatement soulagée. Ses épaules se détendirent, et elle put respirer à nouveau.
Cela faisait un certain que Thomas avait envie de savoir ce qu'il s'était passé, il y a presque neuf ans, mais elle avait toujours refusé de lui raconter ce qui la torturait quasiment toutes les nuits. Comme si ne rien lui dire rendait le tout moins réel, moins horrible.

À l'amour, à la guerre | TOME 1  : DésillusionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant