À l'amour, à la guerre | TOME 1 : Désillusion

Chapitre 40

Tous restèrent muets de surprise. Était-elle sérieuse ?

- Euh... Tu en es sûre ? Lui demanda Hugo. Tu veux te rendre à la Tour ?

Ses yeux la regardaient d'un air inquiet, et il y avait de quoi. Qu'allait-il se passer dans la tête de Lily, quand elle retournerait dans cet endroit si traumatisant pour elle ?

Ils n'avaient pas complètement tort. Il avait fallu qu'elle fasse appel à tout son courage pour oser prononcer ces mots. En réalité, Lily était terrifiée.
La jeune fille prit une grande inspiration avant de répondre, déterminée :

- Oui, j'en suis sûre. Il nous faut des explications et seul Charles pourra répondre à toutes nos questions. C'est la meilleure solution. De toute façon, je ne peux pas fuir cet endroit indéfiniment.

Son petit ami lui lança un regard qui voulait tout dire. Il était toujours inquiet pour elle, mais il était encore plus impressionné par son courage, sa détermination. Il aimerait avoir sa force. Instinctivement, le jeune homme lui prit la main et la caressa.
Évidemment, il avait conscience de sa terreur. 

- Je ne sais pas si j'aurais pu faire la même chose à ta place, avoua Amélia.

D'un signe de tête, l'adolescente remercia ses amis. Elle n'allait sûrement jamais le leur avouer, mais Lily sentait la peur parcourir ses veines. Serait-elle capable de marcher jusqu'à la Tour ? Pas sûr.

Une demi-heure plus tard, les sept adolescents apercevaient déjà l'immense gratte-ciel devant eux. Sa lumière irréelle et son faisceau qui sortait de son sommet les frappèrent les premiers, bientôt suivies de ses autres caractéristiques époustouflantes. Son escalier circulaire et d'un blanc immaculé, ses torsades, son air imposant, sa puissance.
Ce jour-là, personne ne se trouvait dans la cour entourant l'édifice, ce qui étonna la jeune fille. Elle haussa un sourcil.

- Depuis la fusillade, les gens préfèrent éviter l'endroit, expliqua Matt en remarquant sa surprise.

La simple évocation de ce mot fit remonter des images que la jeune fille préféra chasser en accélérant le pas. Plus vite ils entreraient, plus vite ils en sortiraient.
Seulement, la jeune fille ne s'attendait pas à devoir affronter autant d'images à la fois.

Alors que son pied droit se posait sur la première marche de l'escalier, elle revit les instants de panique qui s'était emparée de la foule. Tout le monde hurlait, courait, pleurait.
L'adolescente inspira profondément, et continua son ascension.

Respire, pensa-t-elle. Juste, respire.

Enfin, Lily atteignit le sommet des marches. Mis à part son souffle, qui semblait étrangement profond, et ses yeux noisette grands ouverts à l'affût du moindre danger, elle restait inchangée.
Son regard parcouru en vitesse la salle d'administration. Tout avait été reconstruit, réparé, changé depuis la fusillade. On aurait dit que rien ne s'était passé. Que jamais il n'y avait eu un quelconque échange de tirs. Que jamais quelqu'un n'était mort, juste-là, sous les yeux de l'adolescente.
Mis à part l'absence totale d'habitants ici, rien n'avait changé.

Pourtant, malgré les rénovations, Lily ne put empêcher certains souvenirs de réapparaître. Elle se revit, devant ce tireur, essayant de lui parler. Elle revit cet homme se donner la mort, en la regardant elle, droit dans les yeux.
La jeune fille restait immobile devant cette immense pièce, comme paralysée. Seuls ses yeux observaient les alentours, alertes.

Hugo s'approcha doucement de sa petite amie, comprenant ce qui se passait dans sa tête, en ce moment-même. À nouveau, leurs doigts s'entrelacèrent.
Ils continuèrent silencieusement leur avancée. Leurs amis n'arrivaient pas à croire qu'une chose aussi horrible qu'une fusillade s'était déroulée ici, au sein même de la Tour.