𝖘𝖔𝖎𝖝𝖆𝖓𝖙𝖊-𝖉𝖎𝖝

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Le ciel gris pleut sur le village, amenant avec lui le souffle féroce de Mère Nature qui s'abat sans ménagement sur les bâtisses ternes qui ont perdu de leur vivant. C'est avec le poids de la lourde et triste réalité que la meute du loup à la chevelure écarlate se réveille aux aurores, prête à faire face à un ennemi plus que redoutable.

C'est le grondement assourdissant du tonnerre qui réveille Chenle et Jisung en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Les deux plus jeune n'osent même pas se regarder dans les yeux, sachant pertinemment qu'ils ne trouveront pas une once de réconfort au travers de leurs regards complètement vides. "Tu te sens bien?" Le plus jeune ouvre la bouche en premier, assis au rebord du lit, les mains s'agrippant avec fermeté au seul tissu qui le recouvre, qui n'est autre qu'un simple bas déjà bien froissé avec le temps. Son aîné de quelques mois ne tarde pas à lui répondre par automatisme, ne cherchant même pas à jouer les bons comédiens pour ne pas l'inquiéter. "Oui, ça va aller."

Quel triste mensonge. 

Avec le peu de courage qui l'anime, le blond se relève, observant l'arme avec laquelle il défendra ses proches coûte que coûte, quitte à avoir du sang sur les mains. Elle repose dans un coin peu éclairé de sa chambre, absorbant toute lumière qui puisse l'éclairer. 

Tremblant, il touche les flèches argentées qui débordent de leur carquois du bout des doigts, comme s'il s'agissait de lames tranchantes capable de scinder en un rien de temps la peau de sa victime jusqu'à la chair. Et dire que je vais peut-être mettre fin aux jours d'une vie. Ou même plusieurs. 

Tuer. Il ne s'est jamais vraiment posé la question avant aujourd'hui. Est-il capable de mettre fin aux jours de certains au prix d'autres? Est-il capable de tirer une flèche en plein cœur sans remords? Est-il capable d'avoir du sang sur les mains, aussi impur soit-il? Il n'en sait rien, et ne le sauras peut-être pas avant d'y être confronté. Réfléchir dans l'instant est une épreuve des plus ardues; tout ce qu'il souhaite, c'est d'arracher ce poids lourd qui pèse dans son ventre, et dans bien d'autres, en mettant fin le plus rapidement possible à cette horreur.  

Rien qu'en y repensant, son corps se pétrifie, réalisant peu à peu ce qu'il va se passer dans quelques instants. Et dire qu'il y a un peu moins d'un an, il vivait une vie d'adolescent complètement normal, épanoui dans tout ce qu'il entreprenait, vivant une vie de famille paisible. Ses souvenirs se mélange dans sa tête et, soudainement, il se met à douter. Est-ce que tout cela en valait la peine? Tout quitter pour en apprendre plus sur mes racines... était-ce une erreur? 

Il sent une paire de bras se glisser autour de sa taille, et l'odeur rassurante de son partenaire vient aussitôt lui chatouiller les narines alors que celui-ci le serre fort contre sa poitrine. Alors qu'il dépose un chaste baiser dans sa nuque, Chenle ne peut s'empêcher de sourire, des milliers de papions virevoltant en lui, en même temps que ses doutes s'envolent. 

Non. Si je n'avais pas pris cette décision, je n'aurais jamais pu approfondir la relation que j'entretenais jusque là avec Jisung. Derrière ce garçon impulsif, colérique et froid se cachait en fait un homme sensible, avenant et protecteur envers les gens qu'il aime. Et puis, si je n'avais pas pris cette décision... Il se retourne pour observer le brun dans les yeux, tout deux échangeant un regard complice, et surtout, amoureux.  

Je n'aurais jamais remarqué à quel point j'ai besoin de lui. 

"Chenle, il faut qu'on se prépare. C'est bientôt l'heure." Bien malgré lui, le brun décide de rompre leur étreinte, sans pour autant le quitter des yeux. "Mangeons un peu avant de partir." 

"J'ai pas vraiment faim." Le ventre complètement tordu et le stress le gagnant, le blond se voit mal avaler ne serait-ce qu'un fruit. Voyant son état proche du sien, le loup glisse sa main dans la sienne qui ne cesse de trembler, l'encourageant comme il le peut. "Bois au moins quelque chose, on a besoin d'énergie." Jisung se garde bien de lui avouer qu'il lui est impossible aussi d'avaler quoi que ce soit dans l'immédiat, il ne veut pas l'inquiéter plus qu'il ne doit l'être déjà. Incapable de lui répondre sans avoir la boule à la gorge, le chinois acquiesce seulement, tout deux se rendant à la cuisine dans un silence de mort. 


DERNIÈRE PARTIE DANS QUELQUES INSTANTS

ᴡᴇʀᴇᴡᴏʟᴠᴇs | ᴄʜᴇɴsᴜɴɢOù les histoires vivent. Découvrez maintenant