CHAPITRE XVIII

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AVALON

J'ouvre délicatement les yeux et sursaute en découvrant une seconde fois l'intérieur du jet privé dans lequel Faith et moi voyageons. Je frotte mes paupières puis regarde autour de moi à la recherche de ma compagne de voyage. Celle-ci est installée un peu plus loin plongée dans la lecture de plusieurs documents. Je m'étire puis quitte ma place afin de la rejoindre et potentiellement l'aider.

— Bon retour parmi nous, déclare-t-elle en riant.

Je lève les yeux au ciel tout en prenant place en face d'elle. Le confort du jet dévoile à quel point ce Roman est riche ce qui visiblement n'est pas étonnant pour des vampires. Ses cheveux noirs sont attachés en une queue de cheval et porte une tenue différente. Elle me tend une feuille que j'attrape aussitôt ne comprenant pas vraiment ce qu'elle souhaite que je fasse.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Ce sont les endroits dans lesquels nous allons.

— Tu es certaine que le miroir se trouve dans l'un d'eux ?

Elle plante son regard dans le mien.

— Je ne suis certaine de rien pour être tout à fait honnête, mais il faut commencer quelque part. Certains d'entre eux ne me sont pas inconnus, mais je souhaite effectuer une vérification. Je souhaite vraiment retrouver le miroir.

— Nous le trouverons.

Elle hoche la tête en silence puis me lance une bouteille en verre contenant un liquide rouge ce qui est probablement du sang. Je l'ouvre puis avale une gorgée ce qui me donne de nouveau l'énergie dont j'avais besoin. Je vide la bouteille en à peine quelques minutes ce qui surprend Faith. Mon corps réclame ce breuvage depuis des heures, mais je n'avais pas conscience à quel point j'étais assoiffée.

— C'est la première fois que je te vois avide de sang.

Je passe ma main sur ma bouche puis constate dans mon reflet mes pupilles rubis. Embarrassée, je baisse les yeux fixant la pierre rouge de ma bague. C'est la première fois depuis mon réveil en tant que vampire que je ressens un tel besoin de boire du sang. Habituellement je fais mon possible pour l'éviter. Je sais que c'est naturel pour un vampire et qu'aucun humain n'est blessé pour combler notre soif, mais j'ai toujours cette sensation de mal-être.

— Tu arrives vraiment à te contrôler ? demande-t-elle.

— Oui évidemment.

Elle pousse un soupir.

— Je ne comprendrais jamais comment une chose pareille est possible. Les nouveaux-nés sont incontrôlables habituellement et tu sembles tellement calme. Je peux t'affirmer que c'est la première fois depuis ton arrivée que je te vois te comporter comme un véritable vampire.

— Ma différence ne te plaît pas.

— Non c'est un peu plus compliqué que ça.

J'aimerais lui poser davantage de questions cependant celle-ci reporte son attention aux documents face à elle. Je retourne à ma place en prenant le temps d'emporter une nouvelle bouteille de sang. Cette conversation était productive bien que j'aurais apprécié en découvrir davantage. Je dépose la feuille ainsi que la bouteille sur la table face à moi puis reporte mon attention sur l'écran de télévision accroché diffusant un film que nous ne regardons même pas. Faith et moi sommes bien trop angoissées pour nous concentrer et oublier notre objectif.

J'ouvre ma deuxième bouteille puis avale une petite gorgée de ce liquide rouge avec plus de calme cette fois. La douceur sucrée du sang est un véritable délice indescriptible qu'aucun humain ne pourra comprendre.

— Dans combien de temps arriverons-nous ? demandé-je.

— Nous avons encore six heures devant nous.

Je m'enfonce dans mon siège ne me réjouissant pas de cette nouvelle. J'aurais aimé me dégourdir les jambes un peu plus rapidement, mais il faut que je prenne mon mal en patience. Contrairement à Faith, je pourrais librement me promener lors de notre arrivée, mais la connaissant elle s'y opposera. Le mieux à faire pour le moment est de me rendormir en espérant que les heures passent plus vite ainsi.

***

Lorsque j'ouvre de nouveau les paupières, je suis allongée dans un canapé confortable. Je regarde discrètement autour de moi guettant des mouvements suspects. Heureusement, je découvre la silhouette de Faith sur un autre canapé profondément endormie. Nous sommes toutes les deux arrivées en Irlande ce qui est un grand pas en avant. Mon ventre est cependant noué en songeant aux autres. Nous avons quelques heures d'avance tout au plus, mais qu'arrivera-t-il lorsqu'ils nous retrouveront ? Wyatt acceptera-t-il de me parler ?

Je me redresse en m'efforçant de repousser cette sensation. Un homme d'une trentaine d'années vient à ma rencontre avec un sourire aux lèvres. Il dépose une bouteille face à moi contenant du sang. Mon premier réflexe est de la repousser, mais je me ravise au dernier moment. J'ouvre le bouchon puis avale une gorgée en souriant comme une idiote.

— Quand sommes-nous arrivées ? demandé-je à l'homme.

— Il y a deux bonnes heures maintenant, mademoiselle.

Cet homme est probablement le fameux James chargé de nous accueillir et remettre les clés d'une voiture. Je ne comprends toujours pas pourquoi Faith souhaite que nous ayons une voiture alors que nos aptitudes remplacent aisément ce véhicule.

— Quand pourrons-nous partir ?

— Dans quelques heures.

Il consulte la montre luxueuse à son poignet.

— Dans deux heures et demie pour être exact.

— Merci.

Je quitte le confort du canapé puis observe davantage le hangar dans lequel nous nous trouvons. L'endroit est suffisamment grand pour contenir le jet ainsi qu'un espace salon pour Faith et moi. Je frotte mes mains l'une contre l'autre puis m'approche de la porte pour l'ouvrir et me balader malheureusement James se place devant moi à une vitesse surhumaine.

— Roman m'a demandé de vous surveiller le temps que vous soyez dans cet hangar.

— Très bien.

Je m'installe de nouveau dans le canapé les sourcils froncés. James n'est pas un homme chargé de nous accueillir, mais plutôt de nous surveiller. Je me sens affreusement surveillée ce qui le rend détestable. J'aurais aimé avoir l'occasion de découvrir une petite partie de l'Irlande seule. Faith souhaite simplement retrouver le miroir et pas visiter les environs.

— Puis-je rendre votre séjour plus agréable ?

— Avez-vous un livre à me donner en attendant ?

Il hoche la tête puis s'éclipse quelques secondes avant de revenir avec un livre dans la main. Je le remercie puis débute ma lecture en espérant que cela fasse passer les deux dernières heures plus vite. L'attente est l'une des choses les plus horribles existant. Je crois pouvoir affirmer ne pas être suffisamment patiente, mais j'essaie de le devenir. Les pages du livre tournent encore et encore sans que je ne prête vraiment attention à l'histoire avant que je ne tombe sur un passage familier.

Les étoiles éclairent ma nuit

Tu es l'espoir de minuit


Je suis certaine d'avoir déjà entendu ces mots, mais impossible de me souvenir où et quand. Mes mains serrent fermement le livre avant que je ne le jette à travers la pièce tremblante de rage. Cette colère soudaine ne me ressemble pas ce qui est vraiment étrange. Le livre s'écrase contre le mur réveillant au passage Faith.

— Avalon ? Qu'est-ce qui se passe ?

— Rien d'important.

Pourquoi deux simples phrases me donnent-elles envie de frapper tout ce qui bouge ? Je ne supporte pas ce sentiment en moi. Il m'arrive d'être en colère, mais j'ai la sensation que cette colère ne m'appartient pas ce qui est encore plus effrayant. Un liquide roule le long de mes joues, je prends alors conscience que c'est la première fois que je pleure.

AVALON - L'éveil [Partie 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant