Un deuil

Chapitre 28

Il leur fallu deux heures pour se doucher, s'habiller, manger et sortir des vapes. Leur mal de tête ne voulait pas partir, et ce, malgré tous leurs efforts. Hermionne leur conseilla d'aller prendre l'air, tandis qu'elle nettoyait un peu la chambre. C'était un véritable carnage. Des vêtements trainaient un peu partout, la pièce sentait le renfermé et le vomi, les draps étaient tâchés. Elle soupira, et agita sa baguette. Les fenêtres s'ouvrirent, apportant de l'air frais. Le parquet et les draps devinrent propres, les vêtements retrouvèrent leur place après avoir été passé au lavage rapide. La chambre était de nouveau nickel, comme elle aimait. Elle en profita pour faire le ménage dans toute la maison, et elle eut bien raison. Il y en avait partout. Lorsque les garçons revinrent de leur promenade vers midi, le repas était déjà prêt. C'était quelque chose de basique, des pâtes à la bolognaise. Ils mangèrent dans la bonne humeur, même si Hermionne ne put s'empêcher de les taquiner sur leurs comportements quand ils étaient bourrés.

« Je ne boirai plus jamais autant, affirma Harry, pour qui se réveiller avec une gueule de bois n'avait pas été une bonne expérience. »

« Sage décision mon vieux, sourit Ron. »

« Toi aussi tu n'étais pas vraiment lucide hier, signala sa fiancée. »

Ils éclatèrent de rire, profitant de l'instant. Puis, après le repas, Harry se rendit compte qu'on était vendredi, et qu'il avait du travail. Déjà que louper la matinée n'était pas super, il devait se dépêcher.

« Je vous laisse ! Bisous ! »

Et il transplana chez lui. Il vérifia qu'il avait tout, et prit même Sylver avec lui, dans la précipitation. Le serpent ne posa pas de question, profitant juste de la chaleur que dégageait le corps. Harry arriva en trombe dans les brueaux, essoufflé. Sylver, bien caché sous son pull, n'effraya pas ses collègues.

« En retard... désolé... »

Il reprit sa respiration en s'appuyant sur ses genoux. Quand il releva la tête, il remarqua qu'il était le point de mir de tout le monde. Et avoir une vingtaine de paire d'yeux sur soi, c'était vraiment désagréable. Heureusement, Harry avait suivi un entraînement intensif pour les ignorer quand il était à l'école. Sa célébrité l'embêtait à certains moments.

« Holà, du calme, sourit Mélissa. »

« Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu ne viennes pas ce matin ? Tu as croisé Malefoy ? plaisanta Félix, qui ne connaissait pas le tact. »

Loin de s'en vexer, Harry lui sourit.

« J'avais oublié que je devais venir travailler, répondit-il en se grattant la nuque. »

Il y eut un blanc, puis tous éclatèrent de rire.

« Ah bah bravo mon pote. »

« Là je pense qu'on ne peut pas faire pire. »

Il alla se faire un café, riant avec les autres.

« Et pourquoi tu as oublié de venir ? interrogea Blaise. »

« Je me suis pris une bonne cuite hier soir, grogna-t-il. »

« Là, c'est le bouquet ! Harry Potter bourré ? Du jamais vu ! s'extasia Félix. »

« Je veut voir ça ! réclama Blaise, les yeux pétillants. »

« Eh bien, proposa le brun, je crois me souvenir qu'on devait faire un repas chez Blaise il y a longtemps de ça, avant que je ne frôle la mort. Pourquoi pas ce soir ? »

« En fait... ma cuisine est en rénovation, ça risque d'être compliqué, vous comprenez ? leur dit Blaise. »

Harry sourit, tout en récupérant son gobelet de café. Il alla s'asseoir, un sourire ironique plaqué sur les lèvres.

« Je vois. En effet, impossible d'aller chez toi dans ce cas. »

Tout le monde râla, un instant, ils avaient été persuadés qu'ils allaient enfin passer une bonne soirée, comme autrefois.

« Je pense donc qu'on devrait se rendre au restaurant, continua le brun, avec une bouille d'ange. Aux frais de Blaise, bien entendu. »

« Ouais ! Génial ! »

Tous s'écrièrent, et le basané devint livide. Encore une fois, Harry avait réussi à le piéger, et en grandes pompes s'il vous plait. Il finit par soupirer et hocher la tête. L'ambiance était vraiment heureuse, et on les entendit rire jusque dans le hall du ministère. Robert entra dans la pièce, se demandant la raison de tout ce vacarme.

« Que se passe-t-il ici ? »

« Blaise nous invite tous au restaurant ce soir ! répondit Mélissa. »

« Vous êtes invités aussi, bien sûr, continua le Survivant. »

« Aish ces gosses, soupira-t-il en acceptant. »

La journée s'écoula sans incident, et aucune grosse mission ne fut donnée. Le soir, ils prirent tous leurs manteaux, et sortirent du ministère en trombe. Un tel rassemblement attira les regards, mais tous sourirent en comprenant que c'était l'une de ces soirées spéciales aurors, comme certains aimaient l'appeler. Sylver effraya un passant quand il sortit sa tête du pull, au niveau du cou d'Harry. Après lui avoir expliqué, il consentit à retourner se cacher. En plus, il faisait froid alors...

« Tu as ramené le serpent avec toi ? s'écria Blaise avec horreur. Ne t'approche as de moi ! »

« Il est inoffensif, et puis, il reste avec moi, lui dit le brun. »

« Je m'en fous, recule. Je déteste les reptiles. »

Tout le monde se moqua de lui, et quelques uns osèrent même caresser Sylver, juste pour faire stresser Zabini. C'était tellement drôle de voir comment son visage palissait, pour ensuite devenir vert. Ils arrivèrent dans leur restaurant habituel, et les serveurs, qui les connaissaient très bien, les placèrent directement sur une longue table. Ils commandèrent, riant et bavardant. Ils étaient probablement la table la plus animée du restaurant, mais qu'importe. Leurs plats finirent par arriver, et ils se régalèrent. Le vin et les bièraubeurres coulaient à flots, et bientôt, tout le monde se retrouva bourré. Enfin, sauf Harry, qui était sûr de ne pas pouvoir supporter deux réveils avec une gueule de bois. N'empêche, le spectacle était vraiment amusant. Les gens s'échangeaient la nourriture, se mettaient à danser sans raison ou parlaient avec des fourchettes. Harry put même assister au mariage de la fourchette et du couteau de Mélissa. Mais le plus mémorable selon lui, ce fut quand Blaise se mit debout sur la table, et commença à chanter d'une voix fausse. Harry reconnut l'hymne de Poudlard, qu'il n'avait pas entendu depuis bien longtemps. Robert se leva et le rejoignit, et à eux deux, ils firent un concert privé. Heureusement, la plupart des personnes présentes étaient des habitués du restaurant, et ne s'étonnaient même plus des bêtises des aurors, quand ceux-ci venaient manger. C'était d'ailleurs pour cela que le restaurant était si populaire, et que personne ne les viraient. Bientôt, tout le monde se mit à chanter en cœurs, même les serveurs. Harry Potter sourit, en buvant un verre de vin. Ce travail, ses collègues... c'étaient sa famille.