Un deuil

Chapitre 8

Harry but la potion revigorante et se sentit tout de suite mieux. La fatigue ne se lisait plus sur ses traits, et on ne voyait même plus qu'il avait pleuré. Il s'habilla et se rendit au travail. Il s'arrêta pour prendre son café, et monta les étages à pied. S'il transplanait, il allait tout renverser. Il ignora les regards sur lui, et monta à son bureau. Tout le monde était déjà là, et leurs regards se posèrent sur lui.

« Tu fais déjà la une des journaux ! lui dit Mélissa. Regarde. »

Elle lui lança un exemplaire de la Gazette du sorcier, et il le rattrapa in extremis. Il était en première page, avec une grande photo de Zabini et lui devant chez Malefoy. Il grommela dans sa barbe, et Blaise éclata de rire. Il lui arracha le magasine des mains et lut à haute voix.

« Harry Potter fait son retour ! Hier, en fin d'après-midi, le héro de ce monde a été aperçu, accompagné de l'auror Blaise Zabini. Serait-ce son nouvel équipier ? Ou existe-t-il une relation plus qu'amicale entre les deux hommes ? En effet, l'auror Zabini a parut très proche de lui, notamment en passant un bras autour de ses épaules. Nous pouvons affirmer de source sûre qu'Harry Potter s'intéresse autant aux femmes qu'aux hommes, avec une attirance plus explicite vers le sexe masculin. La mort de Ginny, sa fiancée, ne semble pas avoir affecté notre sorcier préféré autant qu'il le laissait croire. Ses deux longs mois de silence ont-ils été une excuse pour que le jeune homme puisse voir son véritable amour ? »

Tout le monde s'était tu, ne sachant pas comment réagir. La mort de Ginny était sûrement un sujet sensible, et personne n'avait osé l'aborder. Harry était partagé entre l'envie de se refermer sur lui-même, ou de rire. C'était tellement pitoyable.

« Harry ? parla Félix. N'écoutes pas ce qui est écrit, tu dois bien le savoir depuis le temps, que ce ne sont que des rumeurs. »

« Je parie que l'article est signé Rita Skeeter, ironisa Harry. Bon, au travail. »

Il avait parlé d'une voix neutre, et plus personne n'osa le déranger. Ses collègues se rendaient bien compte qu'il n'était plus totalement le même, malgré ce qu'il essayait de faire croire. La mort de Ginny, qu'ils déploraient tous, l'avait détruit. Ils cherchèrent les trois autres mangemorts évadés, mais ils n'avaient aucune piste. Blaise n'avait plus d'idée. Harry était allé chercher un nouveau café, pour avoir l'esprit plus clair. Il était perdu dans ses pensées, assis dans son fauteuil.

« Potter, tout va bi... demanda Blaise, le seul qui osait le déranger dans son silence. »

« Chhht. Je réfléchis. »

Le basané leva les sourcils et attendit. Mélissa et Félix s'arrêtèrent pour les observer. Harry ferma les yeux, et se concentra. Lors de sa première année, il s'était retrouvé face à Voldemort dans la forêt interdite de Poudlard. En troisième année, il en avait appris plus sur la mort de ses parents, lorsque Voldemort avait perdu ses pouvoirs. Il but une gorgée de café, et il agita la tête. Ce n'étaient pas des souvenirs agréables, et il n'aimait pas revivre tout ça. Ses collègues l'observaient, inquiets. C'était comme lorsqu'il faisait des cauchemars en quatrième année. Il avait vu un jardinier se faire tuer dans l'ancienne maison des Jedusor. Et en septième année, certains mangemorts s'étaient réfugiés dans le manoir des Malefoy. Il rouvrit les yeux, et se massa les tempes.

« J'ai plusieurs pistes, dit enfin Harry. La forêt interdite de Poudlard, la maison de mes parents, l'ancien manoir des Jedusor, le manoir des Malefoy. »

« Comment tu le sais, demanda Félix. »

« Oh, j'ai failli mourir dans chacun de ses endroits. La forêt interdite, en première année, quand je me suis retrouvé face à Voldemort. Peut-être qu'il y en a là-bas. La maison de mes parents, c'est là où Voldemort a tout perdu. L'ancien manoir des Jedusor, j'ai assisté en rêve à la mort d'un jardinier en début de quatrième année. Et le manoir des Malefoy, en septième année, j'ai failli y mourir, si Malefoy n'avait pas menti sur mon identité. »

« Alors, au travail, termina Blaise en se levant. On se répartit partout, et si tout va bien, Harry nous invite tous à manger ce soir. Il cuisine divinement bien ! »

Harry sourit devant son nouvel équipier, qui était sans gêne.

« Soit. Ce soir, chez Blaise à 20h. »

« Quoi ?! »

« Adjugé vendu ! Au travail ! »

Tous se moquèrent de Blaise, qui s'était fait avoir. Ils se préparèrent.

« Surtout, restez prudent, avertit Harry. »

Les équipes hochèrent la tête et tout transplanèrent. Harry et Blaise devaient se rendre dans la forêt interdite. Comme si le Survivant n'y avait pas passé suffisamment de temps. Ils transplanèrent à l'extérieur de l'enceinte de l'école, et durent continuer à pied. En entrant dans la forêt interdite, Blaise ne put retenir un petit sifflement.

« Tu es sûr de ton coup Potter ? C'est quand même... eh bien, la forêt interdite quoi. Il y a pleins de créatures dangereuses. »

« Tu as la frousse Blaise ? se moqua son partenaire. Suis-moi. »

Il avançait rapidement, comme s'il connaissait le chemin. Ce qui devait être le cas.

« Dis, tu sais où on va hein ? »

« Blaise, en première année, j'ai effectué une heure de colle avec Hagrid, et bien entendu, je me suis retrouvé en duo avec Malefoy. Autant dire qu'il a décampé quand Voldemort est apparu. En deuxième année, j'ai tenté de sauver l'école en suivant encore les conseils d'Hagrid, et avec Ron, on a failli se faire bouffer par des araignées géantes. En troisième année, avec Hermionne, j'ai remonté le temps, et on a dû affronter un loup-garou et des centaines de détraqueurs. En quatrième année... ah non, il n'y a rien eu, à part la découverte de dragons. En cinquième année, on s'est débarrassé de cette vieille pie d'Ombrage, et on a affronté des centaures en colère, ainsi qu'un demi-géant qui ne comprenait pas notre langage et qui était inoffensif toujours selon Hagrid. En sixième année, je ne me souviens pas y être allé... et en septième année, j'y suis mort. »

« Tu n'es pas légèrement suicidaire ? s'inquiéta Blaise, toujours en le suivant. Je savais que tu étais inconscient, mais à ce point... »

« Honnêtement ? Un peu je crois. »

« C'est sensé me rassurer ça ? s'écria le basané. »

« Oh allez, arrête de faire le froussard. Ah, nous sommes arrivés. Bonjour Aragog ! C'est moi, Harry ! »