Un deuil

Chapitre 30

Il avait encore une fois foncé sans réfléchir aux conséquences. Comme un parfait Gryffondor. Mais à cet instant, il s'en fichait éperdument. Drago ne répondit pas au baiser, mais il ne le repoussa pas non plus. Perdu, Harry se décala, et se gratta la nuque. Il ne disait rien, assimilant ce qu'il venait tout juste de faire. Il avait embrassé Drago Malefoy. Mais, il ne regrettait pas.

« Je crois que tu es ivre toi aussi, finit par soupirer Drago. Rentre chez toi, tu auras tout oublié dans quelques heures. »

« Non ! Je veux dire, bafouilla l'intéressé, je ne suis pas bourré. Et heu... je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. »

Le blond leva un sourcil inquisiteur, mais ne dit rien.

« Je vais d'abord ramener Sylver à la maison et heu... je reviens ! »

Harry disparut dans un craquement sonore avec le serpent et revint rapidement, seul. Malefoy n'avait pas bougé.

« Ecoute, je suis désolé, se lança le brun en regardant ses pieds. Tu avais raison, sur toute la ligne. Je ne voulais pas te frapper non plus. En fait... je crois que j'ai eu peur que tu t'éloignes de moi à cause de l'accident. Que tu en ais marre de m'aider. J'ai transformé mon inquiétude en colère, pour me protéger... Et à propos de Ginny... il faut que je passe à autre chose. »

Il vidait tout ce qu'il avait sur le cœur. Le blond soupira, et se dirigea à l'étage, vers la chambre d'ami. Harry le suivit en silence, honteux.

« Tu peux dormir ici ce soir, lui dit Drago. »

Alors qu'il allait partir, il sentit deux bras l'encercler.

« Dors avec moi... s'il te plait... »

« Non, ce n'est pas une bonne idée... protesta le blond. »

« Pourquoi ? »

Résigné, il se retourna pour lui faire face. Leur proximité causa des frissons dans tout le corps de Malefoy.

« C'est trop dur. Je peux être ton meilleur ami, ton confident, ton soutien physique, ton punching-ball si tu le veux, mais je ne veux pas être juste une distraction sexuelle. C'est impossible. »

Harry ouvrit de grands yeux. Malefoy était-il en train de...

« Tu ne sais pas combien c'est dur pour moi. De t'aimer depuis la sixième année, et de ne pouvoir rien dire. De devoir jouer l'insupportable Malefoy pendant que tu roucoulais avec Ginny. Mais tu étais heureux, alors je suis resté dans l'ombre. »

« Malefoy... »

« Tu ne te rends pas compte de l'effet que tu as sur moi. Parfois, ça me fait peur. »

Harry le regarda, les yeux écarquillés. C'était vraiment imprévu, il ne savait pas quoi dire. Le blond sourit tristement, et défit l'emprise qu'il exerçait sur sa taille. Harry se retrouva les bras ballants. Il retenait difficilement ses larmes.

« J'aime bien dormir avec toi, être avec toi. Tu me calme, et tu arrives à me comprendre, dit le brun. Je me sens moi-même quand je suis avec toi, et je sais que je peux pleurer sans que tu me juges. Je ne sais pas si ça te fait du bien ou pas de l'entendre. Je ne sais même pas si je t'aime. Pour moi, tu es... enfin Malefoy quoi. »

Le blond se rembrunit. Harry était en train de dire qu'il resterait pour toujours le petit con de Poudlard, le mangemort qui avait failli tuer Dumbledore. Il ne pourrait jamais rien réparer. Et ça, c'était presque plus douloureux que de savoir que ses sentiments n'étaient pas réciproques.

« La personne la plus douée que je connaisse en potions, qui contrôles ses émotions. Un gars génial, mon meilleur ennemi quoi, termina Harry. »

Malefoy sentit un élan de joie le traverser, et il rapprocha Harry en le prenant par la taille. Il l'embrassa comme il en avait toujours rêvé. Le Survivant rougit, mais répondit au baiser. Il entoura le cou de Malefoy, et un sentiment de bien-être l'envahit. Son cœur s'emballa, et il eut l'impression qu'il allait sortir de sa cage thoracique.

« Attends Malefoy. »

Harry le regardait tristement.

« Je serais toujours amoureux de Ginny, et ça ne changera pas. Je ne pourrais jamais t'aimer aussi fort qu'elle. »

« Ce n'est pas grave, assura Drago. »

« Mais c'est injuste ! protesta le brun, qui ne voulait pas faire souffrir le blond. »

« Je t'aime Harry Potter. Et je prendrais tout ce que tu me donneras. Même si je n'ai le droit qu'à la moitié de ton cœur. »

« Disons plutôt deux tiers, sourit Harry. »

« Encore mieux. »

Ils recommencèrent à s'embrasser, heureux. Mais bientôt, Harry se mit à somnoler. Malefoy le porta jusque dans sa chambre, où il l'allongea dans son lit, en le couvrant. Il resta près de lui, à l'observer comme s'il était la huitième merveille du monde. Et quelque part de l'autre côté, Ginny sourit, apaisée.