Chapitre 1

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Le vent fouette mon visage pendant que les bâtiments défilent autour de moi. Je me sens bien, plus vivante que jamais, comme à chaque fois que je suis sur ma moto. Je slalome entre les voitures, tout en évitant les embardés de certains conducteurs qui ne savent pas regarder dans leurs rétros.

Ma Honda 125 est parfaite. J'ai une telle aisance dessus que je pourrais la conduire des heures, malheureusement pour moi, encore quelques minutes et les vacances scolaires seront définitivement finies, tout comme mes sorties dans le désert de Saguaro.

J'aperçois les bâtiments orange de l'université, puis je repère le parking où je me gare sur un espace réservé avant de descendre.

Tout de suite les regards de certains me font comprendre qu'ils ne s'attendaient pas à voir une fille. C'est toujours pareil, peu importe où je vais, depuis que j'ai eu le permis moto, l'année dernière au lycée, j'ai remarqué à quel point certaine personnes vous juge d'un regard juste parce qu'une fille de mon âge conduit une moto. Comme si ce privilège devait seulement être réservé aux mecs ou aux bandes de motard. Si seulement ils pouvaient connaître ce sentiment de liberté que je ressens, ils arrêteraient peut-être de me regarder comme une pestiférée. A moins que ça soit le fait de voir une fille des quartiers sud de la ville venir étudier à l'université, ça non plus, ils ne doivent pas avoir l'habitude.

Je place mon antivol et me dirige vers le bâtiment principal. Ça y est, le lycée est derrière moi, a moi la fac de lettre, les soirées étudiantes et tout ce qui va avec.

Aussitôt après avoir récupéré mon emploi du temps à l'administration, ainsi qu'un plan des bâtiments, je me dirige vers le premier amphithéâtre où j'ai cours, étant donné que c'est la rentrée je n'ai qu'un seul cours ce matin pour me familiariser avec l'ensemble de l'université, et en regardant le plan je sais déjà que je vais me perdre.

Je suis impressionné par la taille des bâtiments et par l'entretient que les gens y portent, moi qui viens d'un petit établissement du sud de la ville où chaque morceau de mur est tagué, ça me change.

Arrivé dans l'amphi, je repère quelques élèves éparpillés un peu partout et seul. Bon apparemment, je ne suis pas la seule à ne connaître personne. Je me trouve une place dans les allées du milieu, afin de ne passer ni pour une intello ni pour une glandeuse.

Ça se rempli vite et quand le professeur arrive, la salle est remplie à moitié.

Le professeur, se présente sous le nom de Mr Thomas. C'est un homme aux cheveux grisonnant et en costume marron. Il nous apprend être notre professeur référent pour cette année, un peu comme notre professeur principal, au lycée. Il nous explique alors qu'ici le lycée s'est fini, et qu'eux, les professeurs, enseigne en théorie à des adultes, donc que nos histoires de « je n'ai pas fait mon devoir » où « j'ai un problème avec tel élève », ce ne sont pas leurs soucis.

Au moins comme ça, les choses sont clairs.

Mr Thomas, nous présente alors l'étendue de son programme d'étude de littérature ancienne sur nos années à venir. Je commence à prendre des notes sur les sujets qu'on va aborder cette année, quand on frappe à la porte de l'amphi et qu'un grand brun rentre.

Ce dernier, en pantalon chino gris et chemise noire, ne parait pas décontenancé d'interrompre le cours et s'avance même jusqu'à Mr Thomas avec lequel il échange quelques mots.

— Jeune gens, je vous présente mon assistant Louis, qui est en première année de Master, tout comme vous, il a suivi cette filière et il se dirige maintenant, vers je l'espère, une grande carrière.

Ce dernier se retourne pour nous faire face, et alors que son regard parcourt l'ensemble de l'amphi, je le sens s'attarder sur moi, avant de continuer son inspection. Je me surprends à essayer de deviner leur couleur pendant que mon cœur fait un bon dans ma poitrine, et voilà que ma concentration a disparu.

Ride until you fall in love ! [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant