[Terminée] The Love Song : New York Fever

Chapitre 18 : Moment de vérité

Il est incroyable comme une journée peut sembler interminable. Alors que je franchis la porte de mon appartement, je ressens une fatigue profonde. Pourtant, je sais que je vais devoir expliquer une fois de plus le silence qui a régné aujourd'hui. Pourquoi est-ce que personne d'autre ne peut faire ça à ma place ?

Malgré tout, le soulagement m'envahit en constatant qu'Elsy m'accueille avec un sourire chaleureux et ne se précipite pas pour s'éloigner et saisir son téléphone. Si seulement nous avions pu entamer notre relation sur cette note, peut-être aurions-nous eu plus de temps pour mieux nous connaître. Mais je comprends bien que les regrets et les "si seulement" ne mènent nulle part.

Un autre aspect positif est de pouvoir enfin embrasser l'homme que j'aime. Ses lèvres sont irrésistibles, me faisant fondre à chaque contact, et sa coiffure parfaitement soignée le rend simplement divin. Lui, et nul autre. Sofiane ne pourra jamais me voler ce privilège.

Je me love dans ses bras, laissant mon corps se relâcher contre le sien, me sentant presque comme de la guimauve. Nous évitons de justesse une chute, mais je me retrouve à genoux devant lui. C'est exactement à la hauteur parfaite pour une petite gâterie, mais bien sûr, c'est également le moment choisi par mon beau-père pour apparaître dans le couloir. Il a vraiment un don pour surgir au moment le plus inopportun.

— Oh, excusez-moi. Je ne voulais pas vous déranger. Il semblerait que vous ayez besoin d'un verre, Kalel.

— Ce ne serait pas de refus, mais je dois retourner au travail demain.

Juliano me fixe comme si j'avais proféré une grande absurdité. Je ne suis pas sûr s'il est contrarié par mon refus de prendre un verre ou s'il réagit à ma mention de devoir retourner au travail demain. En attendant de décoder son expression, je me redresse pour lui promettre une soirée mémorable dans notre chambre cette nuit. Je dois rattraper le manque d'attention d'aujourd'hui et préparer le terrain pour la discussion à venir au sujet de Sofiane.

Non, ce n'est pas une manœuvre manipulatrice à travers le sexe. C'est simplement une manière d'aborder une conversation potentiellement tendue en créant une agréable distraction. Tout le monde a déjà utilisé ce genre de tactique au moins une fois. Je me souviens encore de l'épisode avec Hélia et ses chocolats. À ce moment-là, c'était moi qui étais tombé dans le panneau.

— Alors, passons à table. J'espère que tu as faim, mon amour, car ce soir, c'est maman qui nous a préparé un repas italien.

— Eh bien, je me réjouis de déguster ces délices.

— C'est très gentil de ta part, Kalel, mais attention à ce que tu dis. Il est peu probable que tu aies déjà savouré un repas totalement sans gluten.

— En effet, cela va être une première pour moi. En quoi un repas sans gluten diffère-t-il d'un repas ordinaire ?

Je réalise que ma question peut sembler naïve, mais elle est tout à fait sincère. On entend souvent parler des avantages du régime sans gluten ou sans viande, mais je n'ai jamais vraiment franchi le pas.

— Beaucoup de choses sont différentes, mon grand. Comme le goût, par exemple. Ne t'attends pas à des pâtes comme tu te les imagines, sinon tu risques d'être déçu.

— Vous me faites presque peur tout à coup, madame Pavlotti.

— Parfait. Maintenant, mange, et tu te feras ta propre opinion.

J'apprécie profondément cette femme. Elle est chaleureuse, aimante et dotée d'une certaine autorité. Une triple menace, si l'on veut. J'aurais pu ajouter d'autres termes pour la décrire, tous aussi positifs les uns que les autres, mais ce sont ceux-là qui me viennent à l'esprit pour caractériser pleinement ma belle-mère. Elle est contagieusement joyeuse et toujours aux petits soins pour les autres. Je parie qu'elle a apporté une bouteille d'antipasti et une autre de limoncello qu'elle a fabriquée elle-même en suivant une recette héritée de sa mère. Elle est toujours encline à en faire davantage plutôt qu'à en faire trop peu. J'espère sincèrement qu'un jour, elle me transmettra cette recette, afin que je puisse perpétuer cette tradition familiale.