Chapitre 61 - Trust Issues

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PDV Amélie

Je retrouve Julien à son arrêt de bus avec un peu d'appréhension. Depuis qu'il m'a invitée chez lui pour qu'on joue ensemble à des jeux vidéo, j'ai eu le temps de me faire à l'idée de visiter un endroit que je ne connais pas, en allant chez Kylian samedi dernier, et de me renseigner sur les différentes sortes de jeux vidéo et leurs supports, mais ça ne me met pas pour autant complètement à l'aise. Bien sûr, c'est peut-être parce que je me suis fâchée contre Kylian samedi soir pour toutes les choses qu'il a faites ou dites avec lesquelles je n'étais pas d'accord, mais je sais que ce ne sera pas du tout la même chose. Et puis, lundi à l'uni, c'était comme s'il ne s'était rien passé ce weekend, alors je sais que j'ai encore une fois exagéré les choses dans mon esprit.

Julien a dû sentir que j'étais tendue parce qu'il n'a rien dit de tout le trajet entre l'arrêt de bus et son appartement. Je lui en suis reconnaissante même si j'espère qu'il ne remet pas en cause son invitation. J'ai vraiment envie d'être là, c'est juste que je ne sais pas à quoi m'attendre.

Quand nous avons passé le pas de la porte, je croise ses yeux pendant une fraction de seconde, juste le temps d'y voir un regard interrogateur. Comme si... comme s'il me demandait si je suis sûre de vouloir être là.

- Ah, Julien, enfin ! Qu'est-ce que tu attends pour me présenter cette jolie demoiselle ? Et vous devez avoir faim, ne restez pas là !

Une partie de la tension que je ressentais s'en va ; la mère de mon ami emporte avec elle un véritable vent de bonne humeur. C'est une femme plutôt petite et un peu ronde, vêtue de couleurs vives sur des motifs colorés. Ses cheveux sont bruns et tressés sur le côté de sa tête, lui donnant un air plutôt jeune. Je me rappelle encore une fois en la voyant qu'elle représente la famille suisse de Julien, mais je sens bien qu'elle a côtoyé l'Afrique assez longtemps pour s'en laisser imprégner.

- Amélie, ma mère, dit Julien avec un semblant de soupir en faisant un geste vers elle. Maman, voilà Amélie, et s'il-te-plaît, laisse-la respirer.

- Mais elle est si maigre, on dirait toi quand tu étais au lycée. De toute façon j'ai préparé plein de choses, venez.

Je me laisse emporter sans vraiment pouvoir lui dire bonjour adéquatement ou la remercier pour son accueil, jetant un coup d'œil que je veux rassurant à Julien. Maintenant que le nœud dans mon estomac s'est défait, je sens que j'ai besoin de manger.

Julien entre dans la cuisine à notre suite en insistant pour que je mange avec lui dans sa chambre, parce que c'est ce qu'il fait toujours et qu'il ne veut pas trop me mettre de pression. J'aurais envie de lui dire que ça ne me dérange pas qu'on mange tous ensemble pour que sa mère et moi puissions faire connaissance, mais je sens au fond de moi que je suis d'accord avec lui ; après ces derniers jours et mes dernières expériences sociales, j'ai besoin d'un peu de calme. Je promets alors à sa mère que la prochaine fois que je viens, je mangerai avec elle, m'attardant à peine sur le fait que je pense déjà à revenir alors que ça ne fait même pas dix minutes que je suis arrivée.

Une fois que Julien et moi sommes assis sur des coussins dans sa chambre, nous laissons le silence nous bercer quelques secondes avant de nous souhaiter un bon appétit. A ma plus grande surprise, je suis ensuite la première à lancer une conversation.

- Tu étais vraiment si maigre que ça au lycée ? Je trouve que tu as l'air en forme.

Julien rit dans un souffle autour de sa bouchée de riz.

- C'est ma mère, elle est pas objective. Mais j'étais plus maigre que maintenant, c'est vrai. Entre le sport, les séances de MMO, le travail pour les cours, je prenais pas beaucoup de temps pour faire attention à moi.

Demain est un autre jour - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant