Demain est un autre jour - Tome 3

Chapitre 67 - Alone Against All

PDV Nolan

Par moments, j'ai de la peine à réaliser que je suis en couple avec Grégoire - un garçon, mon meilleur ami - et à d'autres moments, ça me semble inconcevable que ça ne fasse que trois semaines qu'on est ensemble ; des moments comme maintenant, quand nous sommes assis sur son lit, à regarder une série en nous embrassant de temps à autre, comme si nous avions fait ça toute notre vie.

Plus le temps passe et plus je me demande comment je faisais avant, quand je ne pouvais pas me coller contre lui et absorber la chaleur de son corps, ou l'embrasser juste parce que je le trouve beau ou qu'il a dit quelque chose de drôle. Je sais que je suis simplement dans la première phase de notre relation, où tout ressemble au paradis et où c'est comme si le monde consistait uniquement en l'autre personne, mais ça me fait tellement de bien que je n'ai pas envie de sortir de là.

- Tu veux regarder l'épisode suivant ? Grégoire m'interrompt dans mes pensées.

- Non, je crois que j'arriverais pas à suivre l'intrigue, je réponds en m'étirant avant de poser ma tête sur son épaule.

- Ok, c'est une bonne idée de toute manière.

Il range son ordinateur, se levant du lit pour le poser sur son bureau avant de revenir à côté de moi. Dès qu'il est à ma portée, je le tire contre moi et l'embrasse. Je souris intérieurement à sa surprise, qui est présente à chaque fois que j'engage un baiser, mais qui commence gentiment à réduire.

Nous passons quelques minutes allongés l'un sur l'autre à nous embrasser. C'est un moment très tendre et rempli de découverte, et je suis sûr que ça nous fait du bien à tous les deux.

Quand Greg s'éloigne de moi, nous nous regardons dans les yeux quelques secondes, prenant simplement le temps d'apprendre à connaître le visage de l'autre.

- Je peux te poser une question ? je finis par demander. Il y a un truc que je me demande depuis un moment.

- Bien sûr, répond mon copain en se couchant à côté de moi, appuyé sur un coude pour pouvoir me regarder.

- Comment t'as su que t'étais gay ?

Plusieurs émotions semblent passer sur son visage, dont certaines que je ne reconnais pas forcément.

- C'est pas très compliqué en fait... J'ai jamais été amoureux d'une fille quand j'étais petit, et d'aucun garçon non plus. Par contre j'ai eu mon premier gros crush sur un acteur dans un film, et souvent je discutais avec certaines personnes d'acteurs et d'actrices et j'ai commencé à remarquer que c'était souvent les hommes qui me marquaient plus que les femmes. Après... Je pense que si j'ai su consciemment que j'étais gay, c'est parce que je me suis fait embêter à propos de ça avant de le savoir, et j'ai réalisé par la suite que les gens qui m'insultaient avaient raison.

Je le regarde avec de grands yeux, me demandant comment il peut dire ce qu'il vient de dire aussi calmement.

- Comment ça, tu te faisais insulter ?

Greg soupire légèrement.

- Je faisais du rugby depuis que j'avais neuf ans. Vers mes douze ans, les gars de l'équipe ont commencé à devenir méchants pour n'importe quelle raison, et je suis devenu le mouton noir juste parce qu'il en fallait un. Je pense qu'ils entendaient ces insultes autour d'eux et qu'ils trouvaient que c'était drôle de les utiliser. Mais du coup moi j'ai cherché ce que c'était et j'ai constaté que c'était vraiment le cas. Alors un jour l'année passée, après qu'ils avaient arrêté d'utiliser ça pendant un moment, un gars m'a dit « de toute façon toi t'es gay » et je lui ai répondu « ouais et si c'est le cas ? ». Ils étaient tous tellement choqués qu'ils ont rien dit sur le moment, mais après ça s'est empiré et ils sont devenus violents avec moi. Ils en sont jamais arrivés à me frapper mais ils aimaient bien me pousser à bout de différentes manières. Du coup j'ai décidé d'arrêter à la fin de l'année avec le prétexte de plus avoir le temps à cause de l'apprentissage. Ça me manque un peu de faire du rugby.