Chapitre 29

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Juvia

(Avril)

J'ai attendu presque un mois pour aller voir un médecin. Entre le boulot, mes activités, les sorties avec les copains, je n'ai pas vraiment trouvé de temps avant.. Bon, il est vrai aussi que j'angoissais énormément a l'idée d'y aller. Qu'allait il me dire? On voit tellement de trucs et internet ne m'a pas vraiment aider. J'ai du lutter contre une envie irrépressible d'aller voir des images sur Google, mais je me suis dis que ça allait me rendre plus malade qu'autre chose, alors j'ai abandonné l'idée. Je n'en ai parlé qu'à Gray. Il me semblait être la personne la plus à même de me donner son avis dans la mesure où il a souvent tripoté ma poitrine.

Finalement, le rendez vous n'était pas si terrible que ça. Enfin, le praticien n'a pas été capable de dire grand chose. Il préfère avoir un second avis, pour être sûr. Alors je ne suis pas beaucoup plus avancée que ça. Ça me rend d'ailleurs un peu grognon. Le stress des dernières semaines n'a pas descendu. Il va encore falloir que j'attende, j'ai l'impression de ne faire que ça. Attendre après les docteurs pour qu'ils disent ce qu'il en est, sceller ou pas mon avenir. Attendre après Gray, qu'il se décide  à ce qu'on vive une relation au grand jour ou bien qu'il me largue comme une grosse merde. Attendre, attendre et attendre.

Je m'arrête en chemin pour prendre un café au starbucks, flâner un peu et respirer le grand air frais de Crocus. Ça fait un petit moment que je n'ai pas pris le temps de me balader et de profiter, tout simplement. Il faudra qu'on s'organise des trucs au lac avec les copains quand les beaux jours et la chaleur s'installeront. Je me vois bien retourner au chalet des parents de Loke aussi. Ce séjour où tout à basculer entre Gray et moi me laisse un peu nostalgique. J'ai craqué ce soir là, mais je n'aurais jamais pensé en être arrivée à ce stade aujourd'hui, après tout ce temps. J'ai parfois l'impression de perdre mon temps avec lui, et puis la minute d'après, il me fait espérer et je suis complètement perdue.

Je sursaute en découvrant Gray appuyé contre l'évier de la cuisine, le regard perdu dans le jardin, quand je rentre après ma balade. Il ne m'a pas entendu et semble plongé dans ses pensées. Quatre semaines que je ne l'ai pas vu. Je l'observe un petit instant avant de m'installer sur un tabouret autour de l'îlot central et me racle la gorge doucement pour attirer son attention. Il se tourne lentement vers moi et je découvre avec stupéfaction son visage tuméfié.

-Moi dieu! M'exclamé-je en me redressant, prête à aller vers lui.

-Ce n'est rien, Juvia. Le boulot. J'ai vu pire et toi aussi d'ailleurs, il me semble, se souvient il.

-Que s'est il passé?

-Ne t'en fais pas pour ça. Le principal c'est que les pourris soient tombés et qu'ils ne feront plus de mal à personne.

Je l'observe un instant en plissant les yeux. J'aime cette force qui l'habite, cette vocation qui est la sienne. Je prend un peu plus conscience de ce qui m'attire chez lui et ça me fait peur. J'ai peur de ce que je ressens pour lui,j'ai peur de voir à quel point c'est ancré en moi et à quel point je vais souffrir quand tout va s'arrêter. Parce que quelque chose me dit qu'il n'est pas prêt, à un moment nos attentes seront bien trop différentes et nous ne pourrons plus continuer ainsi.

-Ça va? Me demande t'il en me tirant de mes pensées.

Je choisi de taire ce à quoi je pensais à l'instant et rebondis plutôt sur ce que j'ai fait cet après midi.

-Oui, je suis allée chez le médecin pour mon grain de beauté.

-Ok et ? Demande t'il avant de prendre une gorgée de bière.

Je n'avais même pas remarqué qu'il avait une bouteille dans la main.

-Il m'envoie vers un spécialiste, un dermatologue, pour un second avis, sous doute pour faire une biopsie.

Je le vois déglutir. Sa main tenant la bière descend pour s'arrêter à sa taille. Il détourne le regard un instant avant de revenir vers moi. Ça le soule que je lui parle de ça, je le vois bien. S'il refuse d'avoir une copine, c'est sans doute pour s'épargner ce genre de choses. Pourquoi est ce que je lui parle de ça, d'ailleurs? C'est nul. Je secoue doucement la tête comme si je me mettais mentalement des baffes.

-Ok! Fait-il tout simplement, comme si je venais de lui annoncer le temps qu'il fait. Et tu vas demander à Gajeel de t'accompagner ?

J'écarquille les yeux, surprise par sa question. Je prends une profonde inspiration. Je ne sais même pas pourquoi je suis énervée d'un coup. Pourquoi est-ce qu'il voudrait que j'emmène mon frère à un rendez vous comme celui là? Je suis stupide, j'attends quoi en fait? J'aimerais qu'il devine que je suis terrifiée à l'idée de découvrir que la petite tâche est maligne. J'aimerais qu'il voit dans mon regard que j'ai besoin de lui. Mais il n'est pas mon petit ami. Alors pourquoi je suis là? J'en sais vraiment rien. Je suis stupide, c'est tout.

-Ouais, je demanderai à Gajeel, dis-je sèchement avant de quitter la cuisine sans lui adresser un regard.

Je suis en colère, j'étais heureuse de le revoir après ces semaines d'absence. J'étais contente de voir qu'il allait bien, malgré son visage abîmé. Mais là, maintenant, après sa réaction complètement détachée, franchement, je ne sais plus. Je suis en rogne et je déteste ça. Il me fait vraiment passer du chaud au froid et ça me perturbe de plus en plus.

***

Une semaine d'attente interminable avant ce fichu rendez-vous. Je stresse, même si mon médecin a essayé de me rassurer en me disant qu'il faisait ça juste par précaution, mais qu'il doutait sincèrement qu'il y ait quoi que ce soit. Mais il n'empêche, je suis terrifiée. Chez le dermatologue, j'ai le droit à un petit topo sur les maladies de peau, les risques liés aux grains de beauté et la nécessité de mettre de l'écran total quand on s'expose au soleil. Je ne lui parle pas de mes années passées à Magnolia ou je n'ai pas vraiment mis de crème. Après son petit cours d'anatomie, le praticien m'a fait une petite biopsie, sous anesthésie locale. Les résultats devraient arriver d'ici moins d'une semaine. Là aussi, il m'a rassuré en me disant qu'il y avait très peu de risques que ce soit malin. C'est juste une précaution.

Toujours est il que la semaine passée et celle à venir seront les plus interminables que je n'ai jamais vécues. Je suis un peu sur les nerfs. Mon frère a vu que je n'étais pas très malléable ces derniers temps, mais il n'a pas insisté.

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