3

368 17 0
                                    

Malgré ma soirée bien arrosée d'hier, je suis rentrée seule chez moi. J'ai beau ignorer son nom, je sais maintenant où travail cet enfoiré qui m'a à peine touché. J'ai dû me caresser pour enfin trouver le sommeil. Donc maintenant, je suis complètement épuisée et je travaille dans une heure. En contemplant le plafond blanc de ma chambre je m'aperçois que le silence empli l'appartement. Anna n'est pas rentrée, elle a surement passé la nuit chez son '' Dieu blond'' avec qui elle se tortillait hier soir et elle se prépara là-bas avant d'aller travailler. Au moins, elle, elle a réussi sa soirée. Mon portable sonne et je vois sur l'écran que ma mère n'a pas perdu de temps pour m'appeler à l'heure que j'ai l'habitude de me lever pour aller au travail. Je m'agrippe fermement aux barreaux de mon lit pour m'asseoir, avant d'attraper mon cellulaire sur ma table de nuit en bois blanc.

Quelle assiduité pour un lundi matin maman, sept heures trente juste !

- Bonjour maman ! Réponds-je avec ma superbe voix de lendemain de veille.

- Ivy, ma chérie. Mais tu as l'air épuisée ! Qu'est-ce qui se passe avec toi ?

- Je vais bien maman, j'ai seulement un peu de difficulté avec l'heure ce matin. J'ai mal dormi la nuit dernière.

- Mal dormi ? Tu n'es pas malade ? As-tu de la fièvre... Tu as les mains moites ?

- Comme je te dis, je vais bien. J'ai mal dormi, c'est des choses qui peuvent arriver...

Yvette Connor Bradford... Ça va aller, tu n'es pas infirmière... !

- Certes, si tu me dis que tu vas bien. Je t'appelais pour te dire que Roland et moi faisons une petite fête de charité samedi et nous aimerions beaucoup si tu pouvais venir, bien habillée bien sûr. Il a une surprise pour toi.

- Une surprise ? Je connais Roland maman et le mot ''surprise'' n'est pas vraiment bon pour moi dans son vocabulaire. Ça sonne la rencontre éclair, comme d'habitude et j'ai été parfaitement clair à ce sujet.

- Chérie, je t'en prie... Expire ma mère au bout du fil. Viens seulement en jolie robe avec ton magnifique sourire et c'est tout ! Je vais en commander une que tu recevras demain matin. Je tiens à ce que tu sois magnifique. Ce n'est pas que tu n'es pas magnifique mais une petite touche de...

- Une petite touche de fille de riche aiderait à mieux conquérir cet homme charmant et affreusement riche que vous avez concocté de me présenter ? Coupe ma voix rapidement.

- Ça ne veut pas dire que nous avons pour projet de te présenter à qui que ce soit, c'est une soirée habillée Ivy...

- Vous faites ça à chaque fois, j'ai vingt trois ans maman, je ne suis plus une enfant. Arrêtez de croire que je suis aussi naïve, soupire-je.

Yvette Connor Bradford, ma mère. Une femme anciennement douce et très maternelle qui c'est tranquillement transformé en dame snob et maniaque de la perfection après son mariage avec le très estimé Roland Bradford, un avocat renommé. À la mort de mon père, il n'a pas perdu son temps. Cet homme serait presque attachant sans ses manies à tout contrôler et la façon dont il aime gouverner les gens qui l'entoure. Quand ils se sont mariés, ma mère avait absolument tenu à garder le nom de famille de mon père. La guerre, suivi d'une possibilité d'annulé le mariage a fini par le faire céder. Je déteste cet homme, qui se disait être un ami proche de mon père. Il n'a pas attendu bien longtemps par contre pour charmer sa veuve pour l'attirer dans ses filets. Mère monoparentale d'une enfant de onze ans à l'époque, sans expérience d'emploi ni diplôme d'étude significatif, elle a fini par trouver les milliards de monsieur Bradford utile à ma survie. Moi, je me foutais bien de son argent, et c'est toujours le cas même après douze ans. J'ai fugué plus d'une fois avant d'être envoyé dans une école privée qui, selon Roland m'aiderait à me recentrer dans la vie et me trouver des objectifs à long terme. C'est pratique pour un couple de riche, envoyer une jeune adolescente suicidaire et perdue dans une école qui ressemble à une prison avec des lits plus confortable mais de la nourriture autant immangeable. J'y suis sorti à dix-huit ans avec mon diplôme et une psychologue aux fesses. À mes vingt ans, ma mère a finalement compris que je ne voulais plus de psy. Après avoir manqué plusieurs rendez-vous pour aller travailler et essayer de me bâtir une carrière, elle s'est mise face à la réalité. Ma réalité, la case Éric Connor était définitivement fermer dans mon esprit et plus personne ne pouvait l'ouvrir. Mon père me manque tous les jours, mais essayer d'analyser son absence et me faire comprendre que les accidents arrivent dans la vie... J'estime que j'en ai assez entendu depuis le temps.

IndécenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant