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Ouvrant la porte de mon appartement, je renifle l'odeur familière de pomme, le parfum préféré d'Anna. J'entre dans la cuisine à droite. En fouillant dans le placard, je saute sur un paquet de croustilles au gratin. Les craquements du sac préviennent ma colocataire de mon retour à la maison. Je l'entends courir hors de sa chambre et traverser le couloir jusqu'à l'entrée de la cuisine. Elle stoppe devant moi, visiblement stupéfaite. Adossée contre le comptoir, je grignote quelques chips en les choisissant minutieusement dans le sac.

- Tu m'attendais ? demande-je, les yeux plongés dans ma recherche.

- Que s'est-il passé ? me questionne-t-elle, inquiète.

- Je suis parti, il m'énerve. Demain, je démissionne, lui répond-je. Je trouve que je me suis assez mise les pieds dans les plats comme ça.

- Et par les pieds dans les plats... Tu veux dire quoi exactement ?

Je lève les yeux vers elle. Ses yeux sont scotchés sur mes bras. En les regardant moi-même, je vois les traces rouges que les doigts d'Allan ont imprimées sur ma peau.

Génial ! Il a un plaisir malsain à me faire des marques cet enfoiré !

- Il t'a frappé ? me demande-t-elle fâchée.

- JE l'ai frappé, une bonne gifle au visage. Et non, je n'ai pas envie d'en parler. Je n'ai pas l'intention de retourner le voir crois-moi. Ce n'était pas franchement les meilleures expériences de ma vie.

- Avec les marques qu'il t'a laissées cette fois, j'espère que non ! me répond-t-elle en croisant ses bras. Il y a des limites à vouloir être dominant non ?

- Ah ça ? Ce n'est rien... Tu devrais voir mon cul ! glousse-je.

- Quoi ?

- La sodomie, tu as déjà entendu parler de ça ? la questionne-je en la regardant, amusée.

- Il a osé ? dit-elle fortement en écarquillant les yeux.

- Eh oui, comment il appelle ça déjà... Ah oui, une punition impulsive ! J'envie presque les enfants maltraités, c'est douloureux ce truc.

Elle reste silencieuse devant ma comparaison quelque peu grossière.

- Désolé de la comparaison Ann, mais je ne crois pas retenté cette expression un jour.

- Quand c'est bien fait, par la bonne personne, non, répond-t-elle en souriant malicieusement.

- Je peux te garantir que même en étant bien fait ce n'était clairement pas avec la bonne personne. J'ai eu aucun plaisir durant cette expérience.

Mensonge... Pourquoi tu mens à ta meilleure amie ?

Elle reste stoïque, essayant d'encaisser ce que je viens de lui dire. Je reste silencieuse. Prenant une dernière croustille et referme le sac pour le lancer dans l'armoire de collation.

- Je ne tiens pas réellement à tout connaître de ta vie sexuelle Ivy, je t'avais prévenu que cette petite vengeance maison ne serait pas une bonne idée. Tu l'as...

- Fais quand même, oui je sais, la coupe-je en croisant les bras.

Je savais très bien moi-même que ce n'étais pas une bonne idée. J'imagine que j'ai aussi tendance à prendre des décisions de façon impulsive. Même avec Alex, il a été un coup de tête. Un des meilleurs coup de tête de ma vie, mais un coup de tête quand même. Je croyais en effet me sentir mieux en passant du temps chez Allan, mais en y pensant bien je n'ai fais que penser à lui presqu'à chaque instant. Je m'appuie contre le comptoir de la cuisine et repense à quand nous avons fais l'amour ici même dans la cuisine. Je ne peux pas m'empêcher de revoir son visage quand il m'a dit que je lui avait manqué. Toute cette perversité et sensualité dans ses yeux.

IndécenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant