1. Prologue

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- Tu leurs diras bonjour de notre part surtout et n'oublies pas leur cadeau !

- Oui, papa, je n'oublierais pas.

- Quarante ans de mariage, ce n'est pas rien.

Mon père est toujours très inquiet en ce qui concerne ses parents. Il m'avait demandé de leur apporter un cadeau après les cours. J'aurais aimé qu'il soit là avec Asha, mais ils avaient rendez-vous chez son pédiatre. Ce n'est pas grave, j'ai promis de tout filmer. Mon père a dépensé une petite fortune pour engager un photographe professionnel et faire de jolies photos de famille. Il les a emballés dans une jolie pochette et m'a chargé de leur apporter. Je ne lui ai pas dit mais j'en ai gardé une, rangé tout contre mon cœur. Un petit souvenir.

- Je ne m'imagine pas passer quarante ans avec la même personne.

Je l'entendis rire à l'autre bout du fil.

- Le temps passe vite quand tu es avec la bonne personne. Ma puce je dois te laisser, Asha commence à s'agiter et on va être en retard. Je t'aime.

- Je t'aime aussi.

Je rangeais mon téléphone. Je n'étais plus très loin maintenant, je pouvais voir leur maison. Le ciel à l'horizon semblait étrange, un épais nuage gris séparait la ville du ciel bleu. Je continuais à marcher. Plus qu'une rue à traverser et je serais chez eux. Mais j'avais un mauvais pressentiment. Un nouveau coup d'œil vers le nuage et je m'aperçus qu'il était devenu plus épais encore. Non ce n'était que mon imagination.

Pourtant, le vent s'était levé et il soufflait fort. Certains piétons pointaient leurs doigts vers le ciel. Je commençais doucement à avoir peur. Puis il y eut des cris. Le vent redoubla, les gens cherchaient à se cacher et un bruit sourd commença à prendre de l'ampleur. On me tira le bras pour me faire entrer dans une boutique où plusieurs personnes avaient déjà trouvé refuge. Les rues furent englouties et elles disparurent dans un brouillard gris si dense qu'on ne voyait pas à un mètre.

Mais derrière le brouillard se cachait un autre danger. Des flammes de plusieurs mètres de hauteur embrasaient tout sur leur chemin. Et plus elles se rapprochaient plus les autres personnes présentes dans le magasin s'agitaient. Les vitres explosèrent en milles morceaux, déclenchant de nombreuse alarmes.

Accroupie au milieux des débris de verre, je devais fuir d'ici avant que les murs ne s'écroulent sur ma tête. Pourquoi m'avait-on fait entrer là-dedans, c'est un vrai piège humain. Reprenant mes esprits du mieux que je pouvais, je passais les vitrines maintenant imaginaires et je courus dans le sens opposé des flammes. Je jetais un coup d'œil en arrière – certains avaient suivi mon mouvement – mais c'était une erreur : mon pied a été retenu par quelque chose et je m'étalais de tout mon long, ma tête tapant au passage le goudron râpeux. J'eus le temps d'apercevoir une femme en feux se rouler par terre avant de tourner de l'œil.

* * *

À mon réveil, une odeur de feux de bois s'engouffra dans mes narines et ne voulait plus partir. J'eus du mal à ouvrir mes paupières, c'était comme si elles étaient collées. Quand j'ouvris enfin les yeux je découvris que j'étais entièrement couverte de cendre. Je ne pouvais même plus voir les couleurs d'origine de mes vêtements. Je portais ma main à ma tête.Je n'avais pas mal, pourtant je me souviens avoir eu mal en tombant.

Quelque chose me perturba soudain. Ce n'était ni la cendre ni l'odeur. Je fronçais les sourcils. Difficilement, je me mis debout, j'avais des courbatures sur tout le corps, comme si je venais de courir un marathon. Je fis un tour sur moi-même. C'est à ce moment que je compris ce qui me gênait : autour de moi, un silence complet s'était abattu sur la ville.

Il ne restait plus rien aux alentours hormis des tas de cendres.

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