Chapitre 9

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Je suis restée à l'écart tout le reste de la journée. J'ai suivi les autres dans un état second, sans savoir où ils allaient exactement. Je ne fais que donner des coups de pieds dans des cailloux qui barrent mon chemin. Je refuse de croiser le regard de Sully. J'ai le cœur encore trop lourd et mon estomac qui se creuse quand j'ose le faire. Zach est venu me voir peu après notre départ. Il dit qu'on doit parler de ces gens qui laissent des tags derrière eux. Je ne me sens pas d'en parler.

Heureusement pour moi, Liam décréta avoir trouvé « le meilleur endroit possible » pour ce soir. Il a déniché une cavité rocheuse assez grande pour y dormir dedans à quatre, à quelques pas d'un rivière. Mallo semble ravis, il joue dans l'eau avec les garçons qui rigolent des âneries de cette boule de poil. Les regarder jouer de manière si enfantine soulage quelque chose en moi.Je regrette de pas être avec eux tout de suite.

J'enfile mes chaussures d'eau – enfin j'ose les utiliser – , remonte légèrement mon pantalon et je m'assois au bord, les pieds dans l'eau. Il ne faut pas plus de cinq minutes à Sully pour m'apercevoir et venir s'installer à côté de moi. L'eau ruisselle sur sa peau bronzée et ses cheveux sont maintenus en arrière par leur poids. On aurait presque dit qu'il a vécu toute sa vie sur une île paradisiaque. Il pousse mon épaule avec la sienne, ce qui laisse quelques gouttes sur ma peau.

- Pourquoi tu ne viens pas te baigner ?

- Je n'ai pas penser à glisser un maillot de bain dans mon kit de survie.

- Oh...

On reste un moment côte à côte, à regarder nos amis jouer dans l'eau. Puis je le sens devenir nerveux. Sa jambe commence à bouger en rythme et il se mordille les ongles. Je ris doucement face à son caractère maladroit.

- Allé,crache le morceau, l'incité-je.

- Je me disais que tu avais le droit à une explication. Pour tout à l'heure. Je ne sais pas pourquoi je ne t'en ai pas parlé avant, tout semblait nouveau avec toi et je ne voulais rien gâcher avec de vieilles histoires mais, visiblement c'était une erreur. J'ai passé deux ans à arpenter le Québec à la recherche d'une personne en particulier.

- Victoria ?

- Oui. On, enfin... C'était ma petit-amie avant que tout ça nous tombe dessus. On se baignait ensemble et puis je me suis réveillé sur les galets, encore trempé mais aucune trace de Victoria. J'ai espéré pendant plus d'un an de la voir apparaître comme tu es apparue, mais il y a un moment où je ne voyais plus l'intérêt de la chercher elle, il fallait que je trouve des réponses. Je tiens beaucoup à elle mais Cara, deux ans sont passé et mes sentiments envers elles ont changés avec le temps. Je ne voulais pas te blesser et je suis désolé si ça a été le cas.

Je croise enfin son regard : l'étincelle dans ses yeux a faiblit et ses mains sont désormais sans vies sur ses cuisses. À l'évidence il était autant perturbé à son réveil que ce que je l'étais au mien. Il a tenté de chercher ceux qu'il aimait comme je l'ai fais avec mes amis sauf que lui à eu le cran de quitter sa vie d'avant. Ce garçon est décidément très intriguant. Voyant que je ne répondais pas de suite, il ajouta :

- Il faut que tu saches que j'ai toujours été honnête avec toi, je ne t'ai jamais menti. Je pensais seulement omettre ce détails, qui en réalité ne signifie plus rien pour moi, pour éviter de complexifier la chose. On peut dire que je me suis bien planté.

Je peux ressentir de la détresse dans sa voix. Je lui attrape le bras et pose ma tête sur son épaule.

- On fait tous des erreurs. Surtout face à une situation qu'on ne connaît pas. Je n'oublies pas que tu m'as caché ce détails, mais je ne vais pas tous vous abandonner pour ça.

- Tu ne m'en veux pas alors ?!

Je lui tape le torse :

- Je n'ai pas dit ça ! Je suis toujours un peu énervée mais...

- Mais je suis toujours ton préféré !

Je lève les yeux au ciel. Je n'ai pas envie de lui en vouloir, tout simplement.

Je vais vite enfiler un short et un débardeur qui sont dans mon sac avant de rejoindre tout le monde à l'eau. On s'amusa jusqu'à ce que le soleil se couche. On a remis nos tenue habituelles et étendu les habits détrempés sur une corde qu'on a attaché à deux rochers. Zach demanda des conseils de combat à Sully et les deux finirent par se mettre à l'écart pour se livrer à la bataille. Liam, qui avait réussis à attraper des poissons avec les flèches de son arbalète, se livra à la construction d'un barbecue rudimentaire. J'ai du le dissuader de retourner au centre commercial pour voler un caddie et le transformer en grill.

- D'ailleurs, questionné-je, pourquoi tu nous as amené aussi loin de la ville ? Je pensais qu'on dormirait à Pittsburgh.

- Tu penses vraiment qu'après plusieurs mois à ne pas pouvoir sortir d'une ville, je vais m'y enfermé à nouveau ?

Il ricane et se concentre de nouveau sur sa construction.

- Il faut qu'on décide si on suit ces dessins ou non, reprit-il.

- Qu'est-ce que t'en pense toi ?

- Je suis assez partagé. Ils pourraient nous aider et répondre à certaines nos questions, en partant du principe qu'ils savent plus de choses que nous. Mais on ne les connaît pas et on ne sait pas non plus combien ils sont, ils peuvent être trois comme vingt.

- Tu as peur qu'ils nous attaquent ?

Il enfourche le dernier poisson sur une branche et plante celle-ci dans la terre. Le feu crépitant me rappelle les soirs d'hiver devant la cheminée de mes grands-parents. Ça avait pour habitude de ma calmer, avant. Liam se tourne ensuite vers moi et me répond :

- Oui, s'ils sont plus nombreux avec plus de ressources je pense qu'on est foutu. Mais j'ai peur que les gens qui dessinent ces étoiles aient un lien avec le responsable de l'attaque.

- Oh non, pas encore ta théorie du complot ! Râla Zach en s'asseyant près du feu en même temps que Sully.

Notre discussion sur les étoiles continua pendant le repas. Elle paraissait parfois mouvementée mais on arrivait toujours à trouver une terrain commun. Comme les étoiles semblent aller dans la même direction que nous, on décide d'aller y jeter un œil pour se faire notre propre idée. On pourra toujours partir si cela ne nous convient pas.

Une fois rassasiés, il nous est impossible de parler plus, même si nos questions continuent à fuser dans nos esprits. La roche est agréablement fraîche et tout le monde trouve sa place pour dormir. Je n'ai pas encore eu le temps de me glisser à l'intérieur que tout le monde dort déjà. Un léger ronflement s'échappe de la grotte. Plus je les regarde et plus je m'aperçois que je ne peux pas quitter ces personnes. Elles sont comme ma famille maintenant.

Le projet PhoenixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant