Chapitre 5

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Le deuxième jour fut moins douloureux, sûrement grâce aux étirements de la veille qui ont dû aider. C'est un peu compliqué de se fier à la carte. Nous ignorons les noms des endroits où nous passons, c'est pour cela que nous marchons sur l'autoroute le plus possible à part quand les voies sont bouchées par des carcasses de voitures fondues. Le ciel a tourné aux gris dans la nuit, si bien que le soleil n'arrive pas à percer les nuages, mais ce n'est pas pour cela qu'il fait moins chaud.

On s'est levé tôt ce matin à cause de cela, il n'était même pas sept heures sur ma montre, nous avons donc décidé de prendre un peu d'avance sur notre route. Sully est plus bavard aujourd'hui, il s'amuse avec Mallo comme un enfant et parfois il se retourne vers moi pour raconter une blague, ou seulement me demander si je suis le mouvement. Je ne peux m'empêcher de remarquer les étincelles qu'il a dans ses yeux quand il parle. La solitude à du lui peser pas mal pendant ces deux années.

Un peu après midi, Mallo partit en courant et en aboyant. Après l'avoir suivi dans une petite forêt calcinée, nous le retrouvons devant une rivière qui visiblement abritait quelque chose. Des ombres plus ou moins ovales disparaissaient au fond de l'eau pour revenir près de la surface en dessinant des ronds.

- Des poissons ! Bon chien !

- Des poissons ? Je n'ai pas trouvé un seul être vivant et tu vas me faire croire qu'il y a encore des poissons en vie ?

Sully se débarrassa de son sac et commença à fouiller le sol de la forêt. Il ramassa quatre morceaux de bois et les attacha avec de la corde qu'il trouva dans son sac. Il sortit également un bout de tissu qu'il accrocha aux branches.

- Sully,demandé-je inquiète, qu'est-ce que tu vas faire avec ça ?

- C'est pas évident ? Je vais pêcher !

- Et si l'eau est polluée ?

- Ils ne seraient pas là si l'eau était polluée. Et puis les plantes commencent à repousser, il y a des chances pour que la faune et la flore aquatique reviennent aussi.

Il n'a pas tort, mais on ne sait pas quel impact a eu l'explosion sur la nature. Je décide de regarder sa chasse aux poissons de loin et de laisser mon esprit voguer.

La Terre a pris un sacré coup avec cette attaque, mais comme on peut le voir, deux ans après, elle commence à reprendre ses droits. Certes notre planète est extraordinaire, on pourrait la croire immortelle parfois, mais elle ne se relèvera pas sans quelques différences,des cicatrices ici et là. C'est peut-être un environnement différent qui se met en place, un environnement qu'on ne connaît pas et qu'on va devoir découvrir aux fils des années. Ce serait peut-être judicieux de répertorier toutes ces nouveautés quelque part.

Une vingtaine de minutes plus tard, Sully me met sous le nez trois poissons qu'il a réussi à attraper avec son épuisette improvisée.

 - il y en a un pour chacun d'entre nous, me dit-il, tout sourire.

Il entassa plusieurs branches en forme de tipi, y glissa une feuille qu'il venait d'arracher à un journal et mit le feu à l'aide d'une allumette. Une fois que le feux prit, il s'occupa de vider les poissons et de les embrocher sur une branche qu'il avait taillée en pique, surveillé de près par Mallo dont les babines dégoulinaient de bave. Pendant tout ce temps, je regardais ces bestiole d'un œil mauvais, comme si elles étaient capables de me jeter un mauvais sort.

- Cara, ce sont des Bars, je les ai observés et je n'ai vu aucune différence avec ceux que je pêchais au Québec.Ils sont peut-être un peu petit mais ça paraît logique s'ils manquaient de nourriture. Tu n'as rien à craindre.

Le projet PhoenixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant