Partie 1 : les conséquences. Chapitre 1

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J'erre dans les allées de Walmart depuis ce matin à la recherche d'une nouvelle paire de basket qui tiendrait le coup dans la ville. Celles que j'ai sur les pieds commencent à être déformées à force d'être confrontées aux rochers de l'enfer. C'est comme ça que j'ai appelé les pierres qui sont restées bouillantes après l'attaque. Je me demande si le rayon sport de ce magasin ne possède pas des chaussures incassables, qui résisteraient à tout. Je sais que je suis sur le bon chemin quand j'aperçois des souliers d'eau à la suite des chaussures à talons. J'en glisse une paire dans mon sac à dos en espérant que le plastique résiste à de l'eau chaude.

Je m'appelle Cara et cela fait deux ans que l'attaque a eu lieux. Je n'ai rencontré personne et je me suis fait à l'idée que j'étais sûrement seule dans Chicago. La bombe atomique a changé pas mal de choses sur Terre et je commence tout juste à voir une amélioration..En explorant un peu plus ce monde nouveau j'ai retrouvé des articles de journaux et des retranscriptions de débats : les États-Unis étaient en guerre avec la Russie depuis plusieurs mois et dans un excès de rage aveuglante notre cher président, Dylan Trampe, à décider de lancer la bombe mortelle sur la Russie. J'ai retrouvé des discours du président qui affirmait que la bombe ne dépasserait pas le pays visé, apparemment monsieur Tampe s'est royalement planté.

Mes yeux s'arrêtent sur de grosse chaussures coquées noires avec un dragon rouge et jaune façon chinoise cousu sur les côtés extérieurs.La semelle est épaisse, elles tiennent bien les chevilles et le dessus du pied est protégé par un morceau de métal assez costaud. Je fouille jusqu'au bout du rayon pour trouver ma taille avant de m'asseoir par terre pour enlever mes basket et mettre aux pieds mes nouvelles trouvailles. Le cuir est assez rigide mais je suppose qu'il va vite se détendre quand il rencontrera la chaleur de dehors. L'attaque à presque tout brûlée sur son passage : la plupart des immeubles sont tombés, les maisons n'ont plus que les murs, le sol était bouillant pendant plusieurs semaines mais heureusement la chaleur étouffante a laissé la place à une chaleur plus modérée, même si je ne me risquerais pas à boire l'eau.Seuls les bâtiments munis d'une sécurité anti-incendies aussi puissante que celle de Walmart ont tenu le coup. Tout était triste, sombre et chaud au début. Heureusement depuis quelques mois,la végétation commence à repousser et à engloutir les ruines.C'est assez rassurant car les plantes aident à purifier l'air,peut-être que dans un futur proche on pourra bouger et reprendre une nouvelle vie. Enfin en espérant que je ne sois pas toute seule.

Avant de repartir, je fourre dans mon sac trois bouteilles d'eau et quelques boites de conserves. Dehors, la transpiration colle mes cheveux rebelles contre mon front et il faut que je mette une main devant les yeux pour voir où je marche. La Terre s'est définitivement transformée en fournaise, pour une personne comme moi qui préfère le froid c'est déprimant. Mais je dois avouer que ces nouvelles chaussures font bien leur travail, je sens beaucoup moins la tiédeur du sol,c'est beaucoup plus agréable. Elles me permettent aussi de sauter d'un rochers à l'autre tout en gardant un certain équilibre. Je les aime bien ces chaussures.

Quand j'arrive enfin dans mon jardin – ou plutôt celui que je me suis appropriée – je regarde au loin pour admirer le soleil tombant sur le lac Michigan dans une atmosphère orangée, presque dorée.Parfois, en regardant ce spectacle, je viens à penser que c'est la Terre elle-même qui me fait comprendre que je suis la seule à avoir eu la chance de survivre et qu'il faut que j'améliore la situation. C'est vrai, tout le monde à le droit d'avoir un peu d'aide quand ça commence à devenir difficile. Mais bon, après je reviens à la réalité et je me rends à l'évidence : le monde est trop grand pour que je puisse l'aider.

Seulement aujourd'hui, une autre pensée me vient à l'esprit : demain j'irais vers le lac.Je l'ai évité jusqu'à maintenant car il me rappelait trop ma vie avant l'attaque. J'y allais souvent avec mes amis, on pouvait y passer la journée parfois. Maintenant j'ai envie d'y retourner.Je me détache du lac pour regarder à mes pieds. La porte est là,je dois bander les muscles de mes bras pour la soulever sans me faire mal au dos. Je connaissais ce bunker bien avant la fin de notre monde parce qu'il appartenait à mes grands-parents. J'espérais les voir à l'intérieur en arrivant la première fois, mais je ne pense pas qu'ils aient eu le temps de voir la bombe arriver. Je remercie toutes fois leur paranoïa pour cet abri si bien pensé.

Même s'il est souterrain et sans fenêtre, je le trouve assez grand pour une ou deux personnes. Il y a une chambre ou trône un lit deux places remplis de couvertures en laine (ma grand-mère adorait tricoter), une petite salle de bain rudimentaire alimenté grâce à une cuve d'eau de plusieurs litres, il y a aussi une kitchenette noire qui donne sur un salon constitué d'un petit canapé bleu marine, d'une télé et d'un lecteur DVD pour regarder des films. Il reste une pièce vide, en face de ma chambre,ou mon grand-père a entreposé son matériel de sport : altère, corde à sauter,sac de frappe, poids... il aimait faire du sport plus jeune et j'espérais sincèrement avoir hérité de ses gênes de sportif mais je me suis rendu à l'évidence quand j'ai commencé à utiliser son matériel. Si c'était un gène il s'est arrêté à lui.

Après une courte douche froide, je décidai d'ouvrir une boite de ravioli au bœuf et de regarder Harry Potter à la télé une énième fois. J'ai doublé la collection de DVDs de mes grands-parents depuis que je suis là, j'en ramène parfois quand je vais à la galerie marchande. Comment aurais-je pu survivre sans regarder Le Seigneur des Anneaux, Kick-Ass ou encore les dessins-animés de WaltDisney ?Et cela vaut aussi pour la musique, Walmart reste ma caverne d'Ali baba.

Après mon bref repas, je laisse mes pensées s'envoler, d'abord aux côtés d'Harry et Ron, ensuite auprès de mes parents. La dernière chose dont je me rappelle c'est la photo de nous au creux de ma main.

Le projet PhoenixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant