Deux jours étaient passés depuis ma dispute avec Hari. On ne s'était ni vu, ni parlé et c'était certainement mieux ainsi. Je lui en veux tellement que si je le vois je lui sauterais à la gorge en l'insultant copieusement.
Jasmine était restée quelques jours de plus pour m'apporter son soutien. C'est grâce à elle si je n'ai pas sombré dans la tristesse. Me disputer ainsi avec Hari n'était encore jamais arrivé. Il était mon pilier, l'être le plus important à mes yeux sur cette terre, mon tout. Faire du mal à ce dernier était pire que m'en faire à moi. Alors oui, je n'allais pas laisser Mara s'en sortir aussi facilement. Je ne regrette en rien ce que j'ai fait et si c'était à refaire je n'hésiterais pas à tout faire pareil. J'aurais juste rajouté deux baffles.
Je fais les frittes de plantain que Jasmine mange à mesure que j'en fait. Elle doit normalement partir aujourd'hui car sa famille l'attend. Elle reste quand même une mère d'enfants.
Elle m'observe, assise sur une chaise, en se goinfrant de frittes, une main sur la joue. Un sourire apparaît alors sur mes lèvres. On dirait une enfant quand elle fait ça. La brunette soupire bruyamment.
- Tu comptes bouder encore longtemps ? Tu sais bien, que c'est parce qu'il était inquiet pour toi, qu'il a dit toutes ces choses.
Mon sourire disparaît instantanément. Je lui en voulait trop. Même si j'allais mieux, je ne cessait pas pour autant de le détester pour ce qu'il m'avait fait.
- Ça n'excuse pas son attitude.
Je souffle. Hors de question que cette histoire bousille mon mental. Je dois être forte pour éviter de plonger une nouvelle fois.
- Tu vas rater ton bus Jasmine, informé-je mon amie après avoir regardé l'heure.
Elle regarde la montre à son poignet et saute de sa chaise. Je rigole face à sa réaction. J'arrête ce que je faisais et l'accompagne prendre le taxis qui va la conduire à l'agence.
Après le départ de Jasmine je retourne chez moi. À peine entrée je ressens la solitude. Avoir Jasmine ces quelques jours m'avait fait beaucoup de bien. Maintenant je suis seule. Je me précipite dans ma chambre, me prépare et sort une nouvelle fois de chez moi.
Quelques minutes plus tard je suis dans le cabinet de ma psy. Elle qui m'avait laissé tellement de messages pour que je revienne la voir, elle va être contente. Sa secrétaire m'informe qu'elle est en consultation et que si je n'ai pas de rendez-vous je ne devrais pas m'attarder. Je l'ignore royalement et m'asseois. Trente minutes plus tard un homme sort du cabinet et je n'attend pas l'approbation de la secrétaire pour entrer à mon tour. Elle me suit mais déjà j'ai fermé la porte derrière moi.
Ma psy me regarde, surprise par mon arrivé soudaine.
- Kira, je ne vous attendais pas.
Je lui avais dit que je préférais qu'on m'appelle Kira sans plus de cérémonie. Cela m'évitait de perdre du temps.
- On n'a pas rendez-vous. Vous savez que ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
Je m'allonge sur le sofa où j'avais l'habitude de m'allonger à chaque séance. Ma psy soupire et prend place sur une chaise. Elle voulait que je revienne, et bien je suis là.
- C'est l'heure de ma pause mais je vais faire une exception pour vous.
- Chut! C'est à moi de parler.
Vu tout l'argent que j'ai déjà dépenser dans ce cabinet et ce que je vais dépenser pour cette séance, je ne vais pas me gêner de faire ma capricieuse.
Je regarde le plafond toujours aussi blanc. Mon esprit se vide, je me détend et parle. C'est comme ci j'étais seule. Je raconte tout ce qui a un lien avec Hari et plus je parlais plus je me sentais libérer mais aussi plus je me rendais compte de quelque chose.
J'arrête ma tirade. On reste quelques minutes dans un silence de plomb et finalement ma psy dont je ne retiens toujours pas le nom, parle.
- Je suis contente que vous ayez réussit à garder un ami tel que ce Hari...
- C'est Harisson, pour vous, la coupé-je.
- Il me semble que vous lui portez beaucoup d'amour. Je trouve cependant que votre vie dépend trop de la sienne.
Elle avait raison...
- Vous me conseiller de m'éloigner de lui ? Demandé-je effrayé.
- Ce n'est pas ce que je veux dire. Je veux juste que tu te détaches un peu de lui. Que tu apprennes à côtoyer d'autres personnes, que tu trouves un moyen productif de passer le temps. Car si tu continue ainsi, le jour où il quittera définitivement ta vie, tu risques de ne pas t'en remettre...
- Ce sera la perte de trop, soufflé-je apeuré.
J'ai perdu mes parents quand j'étais au lycée. Je me suis renfermée, mon comportement a changé et malgré tout il est resté à mes côtés quand les autres me tournaient le dos. Mon salle caractère à éloigner bon nombre de mes amis. Je vivais avec ma grand mère puis elle aussi a perdu la vie. J'étais en première année à l'école de médecine. J'avais dix huit ans, j'avais un grand héritage et j'étais seule. Ma meilleure amie avait quitté la ville et je n'avais plus que Hari. J'ai arrêté mes études, j'ai perdu goût à la vie, j'ai cru devenir folle mais avec l'aide de cette psy, Hari m'a sorti du trou. Je suis devenue une autre personne. Je suis devenue la milliardaire Kira. J'ai arrêté de gaspiller l'argent que mes parents et ma grand mère m'avaient laissé. J'ai essayé de construire ma vie. Mais au fond j'ai tenu bon parce que Hari était là.
Aujourd'hui en regardant l'appartement vide j'ai cru redevenir cette ancienne Kira, celle qui n'avait plus aucune raison de vivre, celle qui a essayé de mettre fin à ses jours. Alors j'ai pris peur et je suis venue en courant chez celle qui m'avait aidé par le passé.
Je me lève et m'apprête à signer un chèque à ma psy mais elle m'arrête.
- Cette séance n'est pas payante. Je t'ai offert ma pause, dit-elle en me souriant.
Je range mon chéquier dans mon sac et m'apprête à sortir mais je me stoppe pour éclaircir une chose: Ma réalité.
- Même si je le souhaitais du plus profond de mon cœur, ce qui d'ailleurs ne sera jamais le cas, je ne pourrais jamais m'éloigner de Hari. Il a besoin de moi et j'ai besoin de lui.
Cette réalité m'inquiètait tout de même car je ne savais pas si j'avais raison.
Hari avait-il réellement besoin de moi comme j'avais besoin de lui ?************
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H&K
Short StoryIls sont amis depuis le lycée. Lorsque Kira perd ses parents en classe de seconde son attitude change. La douce et vertueuse Kira laisse place à une autre. Doucement elle perd ses amis mais le seul qui demeure le plus proche d'elle, qui la soutient...