Le Baiser

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Il me fouille de sa langue. Il dit que son plaisir viendra du mien. Sauf que j'ai l'impression qu'une anguille s'est égarée entre mes jambes et je n'arrive pas à faire en sorte que mon esprit s'évade. D'ordinaire ils préfèrent se laisser faire, profiter du fait que j'ai l'air d'une petite jouvencelle inexpérimentée. Sauf que lui a décidé de me faire gouter la méthode non égoïste que j'aurais préféré ne pas connaitre. L'impression qu'il prend possession de mon corps sans me demander mon avis, avec sa tendresse feinte que je n'accepte pas. Sa salive est comme de l'acide qui me brule le vagin. C'est comme une marée qu'il ne peut plus contrôler, il bave en moi. Et c'en est trop. D'un coup de rein je me dégage et récupère à moi mon corps nu. Quand enfin j'ai quitté la chambre sous son regard hébété, je retrouve l'air pollué de la rue avec soulagement. Je suis au milieu du trottoir à moitié rhabillée et les gens vont et viennent autour de moi. Ils vivent leurs vies et ne savent pas ce que je vis. Ils s'en foutent. Je ne fais pas partie de leur univers bien propre. Un univers désinfecté de tout mal et il ne faut pas que j'y pénètre ou je salirais tout comme je me suis salie moi-même. Je suis là sur un trottoir, la vie continue autour de moi. Je sens la vie glisser sur moi sans m'atteindre et j'ai peur qu'un jour elle ne m'effleure même plus et finisse par m'échapper. Je ne compte plus le nombre de queue, de corps d'hommes qui s'est écrasés sous moi, le nombre de jouissances que j'ai donné, le nombre de larmes que j'ai fait couler. Je ne compte plus, mais ça fait partie de moi et je ne peux plus m'arrêter. Et aujourd'hui j'ai franchis une nouvelle limite, j'ai laissé un homme baver en moi. Alors je pleure au milieu de mon trottoir et je me dis que quelqu'un me tendra la main.

C'est Elena qui est venu vers moi. Elle m'a regardé, a essuyé mes larmes et m'a embrassé. Ses lèvres sur les miennes. Je me suis dit c'est ça l'amour. Ses baisers étaient infiniment doux et je ne voulais plus que ça prenne fin, il fallait qu'elle m'embrasse encore pour que je me sente normale et aimée. Elle a continué et je lui ais rendu ses baisers en gémissant, mes larmes mouillaient ses joues, ou peut être qu'elle pleurait aussi. Je ne sais pas. Elle m'offrait le plus pur amour qui soit et c'était mon premier baiser d'amour. Mon cœur s'est gonflé de reconnaissance envers elle et je l'ai serré très fort contre moi. Le désir m'a envahi comme une explosion au creux de moi. Quand nos lèvres se sont séparées j'étais sonnée. Toujours au milieu de mon trottoir mais heureuse. 

Le ProcèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant