Chasser me réveillait. Une sensation de revenir à la vie. Reprendre le contrôle. Ce pouvoir qu'on m'avait volé. Que mon beau-père avait braqué. Je contrôlais mon corps et en reprenait possession. C'est moi qui décidais. Mon choix, ma bataille. La société nous montre l'image de l'homme fort. Et si les femmes veulent également être considérées comme fortes il faut imiter leur façon de faire. Alors avec ma bande, telle une meute de louves enragées, nous reprenions le contrôle. De nos vies sacrifiées sur l'autel du vice. Tout ces hommes qui avaient fait de nous de la chair à consommer. Ces femmes qui avaient laissés faire les yeux fermés. Voilà qu'enfin nous enlevions nos muselières et étions prêtes à mordre. Je me suis jetée tête baissée dans la baston. Etonnée de la violence et la rage qui m'animaient, je me donnais à corps perdu. Corps perdu, c'est le cas de le dire. Mes cibles favorites c'étaient tout ses hommes en costume cravate avec leur mallette, se donnant un air important. C'étaient les pires. Car le pouvoir ils l'avaient au travail et ils l'avaient tellement dans la peau qu'ils se prenaient pour les rois du monde. Hautain, sur d'eux, je les méprisais. Ils ne doutaient jamais de rien. Certains que le monde était à leur pieds. Qu'ils avaient tout réussit. De belles voitures, de beaux appartements, des cartes bancaires que jamais de ma vie je ne posséderais. Ils grouillaient comme des fourmis affairées dans le plus grand quartier d'affaire de la région parisienne, tels des maîtres du monde trop pressés pour nous croiser nous autres simples mortels. Oui, mais. Ils ne sont que des êtres humains. La chair est faible. Ce ne sont que des hommes. Une fois ôtée leurs tenues impeccables, ils n'étaient que râles et transpiration. Et leurs sueurs ne sentaient pas meilleur qu'une autre. Nus comme des vers, ils étaient aussi vulnérables que leurs autres congénères masculins. Rien ne les différenciait plus. Peut-être leurs ongles un peu plus nets, leurs coiffures un peu plus soignées, et encore, il fallait y regarder de près. Et moi j'aimais ça. Les voir se défaire de leur accoutrement d'hommes importants. Du haut de mes dix-sept ans j'avais déjà conscience que le sexe et le pouvoir était intrinsèquement lié. Dans ces moments-là, j'offrais le sexe mais j'avais le pouvoir. Ils étaient en permanence sous pression dans leur vie quotidienne et j'étais leur havre de paix. Je savais le devenir. A force, je ne ressentais même plus de dégoût. C'était juste devenu une chose pour laquelle j'étais douée. Non, je ne voyais pas le mal. C'était le jeu. Un jeu où je trichais. Parce que je n'étais attirée ni par l'argent, ni par leur belles voitures. Une seule chose m'intéressait, changer les règles du jeu. Avoir un corps, des seins, des fesses et un vagin me donnait le pouvoir de les mettre à genoux. Au début il était aisé de leur faire croire l'inverse. Qu'ils avaient les choses en mains. Que je ne possédais pas de cerveau. Les aduler. Évidemment ils aimaient ça. Les flatter. Encore et encore. Sauf qu'ils n'avaient pas très bien lu le corbeau et le renard de La Fontaine. Moi, si. Vous pouvez croire qu'ils n'avaient pas d'émotions, qu'ils contrôlaient tout, qu'ils ne se laissaient pas si facilement avoir et pourtant. Si sur d'eux qu'ils n'imaginaient pas qu'une adolescente puisse vouloir autre chose que profiter de leur argent si injustement gagné. Mais j'étais là. Discrètement, sans faire de vague j'arrivais à toucher à leur vie de famille. Et ils devenaient mauvais parce que leur famille c'était le symbole extérieur de leur réussite. Ce qui leur donnait l'intitulé de chef de famille. Un chef de famille infidèle et sans valeur, mais chef de famille quand même. Dans ce monde, n'importe qui pouvait se targuer d'avoir une famille. Avoir, posséder. Des enfants nés avec une cuillère d'argent dans la bouche qui pour sur, suivront les traces de leurs parents. S'oublier pour rendre fiers des parents enfermés dans un schéma qui n'admet pas de déviations. Et ainsi tourne le monde. Je suis le grain de sable dans ce rouage bien huilé. Je fais dérailler la machine. Ne vous y trompez pas, tout ces cols blancs, propres sur eux, ayant fait de grandes écoles ne sont pas le haut de la société. L'argent n'est pas un bouclier contre le vice, au contraire.
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Le Procès
General FictionEmma a vécu l'innommable. Elle raconte avec des mots crus et sans filtres comment cela à changer sa vie. Elle rencontre des jeunes filles de son âge qui partagent avec elle ses déboires. De l'innocence à l'impudeur la plus totale, elles se livrent s...