Chapitre 13

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Gina se prélassait sur son divan lorsqu'un souvenir amer et récent s'immisça dans son esprit. Revoir Gaïky l'avait véritablement chamboulé, elle revit une nouvelle fois la scène macabre. Elle arrivait à la décharge avec la ferme intention d'en finir avec Salim. Dans son sac, un 9mm chargé et prêt à faire feu, elle arpentait assurément la rue insalubre, se glissant entre les tas de ferrailles quand brusquement un coup de feu la fit sursauter. Elle se barricada derrière des carcasses de voitures et de sa cachette, elle vit Gaïky debout sur un corps humain affalé au sol. Ivre mort, Gaïky brandissait son arme dans tous les sens, titubant comme si ses os avaient été remplacé par des ressorts. Il s'abaissa pour prendre, ce qui apparemment était le motif de cette altercation virée au drame: une malheureuse bouteille de bière. Dans sa frayeur, Gina se heurta à un bout de métal qui la coupa au niveau de l'avant-bras . Le chemisier tacheté de sang, elle poussa un cri de douleur alertant ainsi le bandit à quelques mètres d'elle. Gaïky: Qui que tu sois, sors de là si tu ne veux pas que je vienne te chercher. La jeune femme apeurée, sortit de sa cachette, les mains bien en évidence et les jambes tremblant tels les feuillages d'un vieux baobab secoué par une grue. Gina: Ne me fais pas de mal. Dit-elle la voix teintée de peur. Gaïky: Qu'est-ce que tu fous encore ici toi? Demanda-t-il le regard rouge de sang. Il s'écarta légèrement vers la gauche et Gina pût identifier le blessé toujours allongé au sol face contre terre. Gina: Mais c'est Salim... Avait elle crié, tu l'as tué ? Sale assassin tu l'as tué pour une malheureuse bouteille de bière, quel genre de monstre es-tu ? Gaïky: Fermes la, cette bouteille était à moi et ce salopard me l'a chapardé... Il n'avait qu'à me la rendre sans opposer de résistance.Gina: Nous devons appeler une ambulance, s'il te plaît laisses moi appeler une ambulance sinon il va se vider de tout son sang... Gaïky: Je m'en fous, fais ce que tu veux mais tu as intérêt à ne pas parler de ce que tu as vu sinon je te retrouverai et je te découperai en petits morceaux, tu m'entends ? Gina se souvint avoir fait un acquiescement de la tête. Et quand Gaïky s'éloigna de la scène de crime, elle s'agenouilla devant Salim. Ce dernier respirait encore, difficilement, mais il respirait... Gina vit un homme négligé, maigrichon et puant. Elle n'en croyait pas ses yeux. Salim avait détruit tout ce qu'elle avait de bien en elle, et la voici aujourd'hui, deux ans plus tard, assise à contempler cette vulnérabilité dont il est victime. Les rôles avaient changé. Que faire ? Le regarder mourir ou le secourir ? Salim: ai....d...es, aides moi... Balbutia-t-ilGina: Que je t'aide ? Que moi je t'aide Salim ? Moi que tu as anéanti, piétiné et battu jusqu'à t'en fatiguer ? Salim je ne t'aiderai pas. Quel ironie du sort, tu as détruit par l'alcool et c'est par lui que tu périra. Le karma t'a bien rattrapé...Salim: par...pardon, je... Gina: Jamais, jamais je ne te pardonnerai d'avoir tué mon bébé. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi si je ne te secoure pas je suis ton œuvre la plus réussie, sois en fier Elle cracha sur son visage et quitta les lieux, laissant Salim à son triste sort. Une balle logeait dans sa colonne vertébrale, se vidant peu à peu de son sang. Ayant quitté ce douloureux flashback, Gina se dit à haute voix; c'est tout ce qu'il méritait. Elle poussa un long soupir avant de quitter son divan pour rejoindre son lit douillet. ~Le lendemain, elle se rappela entre mille informations que l'inspecteur lui avait dit dans leur conversation que Salim était à l'hôpital et qu'il était dans un état critique mais elle n'avait pas tenu compte de cela. Et maintenant ça lui revenait, elle voulut s'assurer de sa mort. Arrivée à l'hôpital l'une des infirmières lui indiqua la chambre dans laquelle Salim avait été installé mais lui fit savoir que l'entrée était surveillée par deux policiers puisqu'il s'agissait d'une tentative de meurtre. Les policiers craignaient que le coupable ne vienne finir ce qu'il avait commencé lui soufflé indiscrètement l'infirmière. Néanmoins, Gina profita d'un moment d'inattention du policier pour aller jeter un coup d'œil et à travers le hublot elle aperçut Salim branché à de multiples machines. Une main soudaine sur son épaule la fit tressaillir... Gina: Paul? C'est toi, que fais-tu ici ? Paul: C'est à moi de te poser cette question, qu'est-ce que tu es venue faire ici ? Gina: Rien, rien qui ne te concerne... Paul : Tu n'as répondu à aucun de mes appels pourquoi ?Gina : Je n'en avais pas envie, voilà tout ; elle s'apprêtait à rebrousser chemin lorsqu'il la prit par le bras.Paul: C'est lui le Salim que tu recherchais? Gina: Je n'ai pas à te répondre, se Braque-t-elle en retirant son bras. Au revoir Paul! Paul : Jusqu'à quand Gina ? Tu n'en as pas marre de ce jeu de cache cache ? On est bien ensemble alors pourquoi écoutes tu les dires d'une envieuse? Gina: Paul fiches moi la paix.Paul: Bon, si cet homme est ton ex mari saches que la vie l'a bien puni. Le malheureux s'il s'en sort vivant ne pourra plus jamais quitter ce lit. Gina: C'est-à-dire? Paul: c'est moi qui ai retiré la balle de sa colonne vertébrale et malheureusement ses vertèbres ont subi une déchirure atroce. Cet homme est destiné à rester paraplégique à moins que Dieu ne lui pardonne ses péchés et ne fasse un miracle. Je ne devrai pas te le dire mais je sens que c'est important pour toi de le savoir Gina : Qui t'a demandé de le sauver ? Paul: Excuses-moi !? Gina: Non je ne t'excuse pas avec tout ce que cet homme m'a fait tu ne devais pas le sauver Paul. Paul: Je ne fais pas de distinction entre mes patients. Il a été odieux avec toi oui mais ce n'est ni à moi ni à toi de le punir pour ça. Gina ta haine pour lui n'a donc aucune limite ? Gina: Non aucune. Elle lui tourna à nouveau le dos mais il l'empoigna aussitôt et l'attira vigoureusement vers lui. Gina se débattait mais il la tenait fermement.Il pressa ses lèvres contre les siennes. Elle voulut objecter mais son corps la trahissait en s'abandonnant littéralement à cet homme. Ils s'embrassèrent langoureusement, le baiser fut avide et passionné. Gina baissa sa garde et se laissa embarquer dans ce tourbillon de désirs. Les couloirs de l'hôpital furent témoins de leur rabibochage. Gina: Pourquoi tu me fais ça Paul ? Paul: parce que je veux être avec toi, J'AI BESOIN D'ÊTRE AVEC TOI. confessa-t-il en appuyant sur chaque syllabe de sa dernière phrase. Gina: Paul je suis épuisée de lutter contre les fantômes de ton passé. Paul: Tu n'as pas besoin de lutter contre eux, vivons simplement Gina.Gina: jures moi que tu ne cherches pas à faire de moi une simple conquête de plus dans ton palmarès. Dis le et je te croirai Paul Kader. Paul relâcha les mains de la jeune femme et s'agenouilla devant elle. Le regard larmoyant il lui jura qu'elle était plus qu'une conquête. ~L'amour le plus laid est celui qui nous tient prisonnier à une personne incapable d'aimer en retour. Amour et attirance ne vont pas toujours de pair et quand l'un bâti, l'autre démoli. C'est ainsi, nul ne peut comprendre ce phénomène. Toujours est-il que Gina revivait à nouveau. Elle revenait toujours vers lui même en sachant qu'une infime partie d'elle doutait de l'honnêteté de cet homme. Mais elle l'aimait, son amour présidait chacune de ses actions.Un amour qui lui consumait l'âme sans qu'elle ne le sache. Après une énième réconciliation, Paul et Gina paraissaient désormais trouver le rythme adapté à leur amour si fougueux. Ils passaient les dernières semaines ensemble et ne se quittaient qu'à l'aube où quand Paul devait aller d'urgence à l'hôpital. Des urgences qui s'accumulaient de jour en jour. La vie de Gina était devenu un train dont la vitesse était entièrement conditionnée par Paul. Il était huit heures du soir quand Paul descendit de l'étage. Gina l'attendait dans la salle à manger avec un dîner digne d'un festin.Ils n'étaient pas mariés mais vivaient déjà sous le même toit. Une situation que Néné et Siga n'accepteraient jamais si elles venaient à l'apprendre. Gina espérait que leur mariage serait célébré avant le retour de ces dernières. Mais Paul n'évoquait pratiquement plus ce projet. Par conséquent, ce dîner avait pour objectif de lui rafraîchir la mémoire. Gina: Tu t'es bien reposé mon amour? Demanda-t-elle dès qu'elle l'aperçut. Paul : Oui comme un nouveau-né. Répondit il en faisant craquer quelques uns de ses muscles. Gina: J'en suis ravie. À présent éteins ton portable et profitons de cette soirée. Je veux t'avoir pour moi toute seule. Paul: Ma chérie j'aurais aimé satisfaire ta requête mais hélas, je ne peux pas. Je peux avoir des urgences à tout moment... Gina: Dernièrement tu en as beaucoup trop... Grommela-t-elle en servant le dîner. Paul la prit par le bras et la fit asseoir sur ses jambes. Paul: Ces deux semaines ont été éprouvantes et j'ai été trop absent mais je te promet que ce week-end sera à nous. Tu choisis un endroit et nous y irons ensemble, tu es contente ? Gina créa un large sourire satisfait sur ses lèvres. Elle le remercia d'un baiser baveux avant de rejoindre sa chaise. Ils dinaient tranquillement en échangeant des œillades et des compliments à n'en plus finir. Gina se crut sur une île paradisiaque profitant d'une vue panoramique. Sa joie était incommensurable, elle avait enfin trouvé un sens à sa vie. Un homme aimant et attentionné, un couple fondé sur le respect de l'autre. Que pouvait elle bien demander de plus au ciel si ce n'est la concrétisation heureuse de tous leurs projets. Assise à côté de lui, elle ne pouvait s'interdire d'admirer sa beauté, sa prestance et son élégance. Paul était un homme fascinant. Gina: Oh non ne me dis pas que c'est encore l'hôpital... S'exclama-t-elle quand le téléphone du docteur sonna. Paul prit l'appareil et renversa l'écran sur la table puis continua sa dégustation. Gina: Tu ne réponds pas ? Paul: Non c'est sans importance. Mangeons ! Gina: Mais s'il insiste autant c'est peut être une urgence, ça ne te coûte rien de prendre l'appel. Paul: Je n'en ai pas envie Gina, tu peux comprendre ça ? Gina: Ne t'énerve pas non plus. Je veux juste que tu réponde au moins pour dire que tu es indisponible. Paul: Tu as la manie de tout gâcher Gina. Je n'ai plus faim, je retourne me coucher. Il quitta la salle laissant Gina complètement ébahie. Qu'a-t-elle dit de mal pour qu'il se barricade ainsi ? Elle le suivit dans la chambre sans qu'il ne s'en doute et le surprit au téléphone. Paul: Je t'avais dit de ne pas m'appeler et que c'est moi qui t'appellerai Catherine, oui, oui je sais bien que tu dois le faire mais je ne suis pas obligé de t'accompagner partout. Non arrêtes Catherine ne pleures pas, je ne supporte pas de te savoir en larmes. Bon tu as gagné, attends moi chez toi, j'arrive. Oui chérie je t'ai dit que je viendrai alors sois patiente. Je t'embrasse fort à tout de suite. Gina courut reprendre sa place dans la salle à manger, feignant ne rien savoir. Quelques minutes plus tard, Paul se présenta à elle habiller d'une chemise à manches longues et un jeans. Paul: J'ai une urgence à l'hôpital, ça risque de me prendre toute la nuit ne m'attends pas ce soir. Déclara-t-il. Gina: D'accord. Rétorqua-t-elle avec un calme souverain. Elle attendit patiemment qu'il soit sorti pour passer ses nerfs sur les couvercles sur la table. Elle attrapa le bout de la nappe et fit voler les assiettes. Paul se foutait encore d'elle, il était toujours en contact avec cette pétasse de Catherine et il allait le lui payer. Gina escalada les marches d'escalier deux à deux et sortit son arme de sa cachette qu'elle mit au fond de son sac. Elle patienta jusqu'à ce que la voiture de Paul eut quitté le parking de l'immeuble Kender et prit un taxi en ordonnant au conducteur de suivre à la trace la voiture Peugeot devant eux. La mission filature dura une vingtaine de minutes avant que Paul ne s'arrête devant un hôtel. Gina: Sale menteur, l'hôpital a été délocalisé dans cet hôtel je suppose... Marmonnait elle en sortant son téléphone. Taximan: Qu'avez-vous dit Madame ? Gina: Contentez-vous de conduire. Le sermonna-t-elleL'homme honteux redirigea son regard vers la route, il stationna dans le parking de l'hôtel, Gina descendit et le libéra en payant sa course. De l'autre côté de la route, elle gardait un œil assuré sur l'entrée de l'hôtel. Son cœur entra en éruption tel un volcan. Pourquoi faut-il que tous les hommes auxquels elle s'attache soit des menteurs ou des salopards ? Pourquoi doivent ils toujours la prendre pour une demeurée et abusent de sa confiance? Il faut bien qu'elle leur prouve qu'elle n'est le punching-ball de personne. C'était plus qu'elle ne pouvait supporter, Paul ne serait certainement pas un deuxième Salim dans sa vie.Gina: Allô Gaïky si tu veux toujours ton fric alors retrouves moi tout de suite à l'hôtel Marion j'ai du travail pour toi...dit-elle dans le combine de son téléphone.

Attirance dévoranteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant