Chapitre 5. Reste

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Malaïka


Je suis toujours enfermée, je n'arrive plus à savoir depuis combien de temps. Je vis constamment dans la peur et dans la colère, je me sens reduite au statut d'animal. J’ai l’impression d’être une bête en cage, de ne plus exister, d'être éffacée, d’être réduite à rien. Ma volonté commence à flancher. Non ! Il ne faut pas que je me soumette, il faut que je resiste.
Ma haine pour tout ce petit monde grandit chaque jour. Je les déteste, à tel point que j'en souffre. J'ai mal à l'âme d'éprouver une telle rancœur. Je n’ai jamais éprouver une haine aussi forte, elle me consume de l’intérieur et c’est atroce.
Ce feu brûle en moi et crie vengeance, il m'embrase tellement que j'en suffoque. Il faut que je sorte d'ici, c'est vital. C'est ça ou devenir mon ombre et disparaître pour devenir leur marionnette. Je suis coupée dans mes pensées par le bruit du pêne. La porte s'ouvre sur Marie, elle récupère le plateau qu'elle a préalablement déposée sur une tablette dans ce couloir, pour lui permettre de débloquer la serrure.


—Vous avez bien dormi mademoiselle ? dit-elle avec le sourire, en déposant le plateau sur le lit.


Mes jambes sont repliées sur moi et mon dos est contre la tête de lit. Je ne répond rien, car les flammes qui embrasent mon cœur et mes entrailles, m’empêchent de parler.


—Voici votre petit déjeuner. Il faut que vous mangiez pour avoir des forces.


Marie n'est pas très grande, mais son corps est bien enrobé. On voit que des enfants sont passés par là. Elle est chaleureuse et m'insite à me nourrir pour prendre des forces. «Tu n'arriveras jamais à partir d'ici sans force», me dit-elle à chaque fois. Alors je mange pour avoir de la force et me sortir d'ici. Et comme à chaque fois, elle me donne les nouvelles de la maison.


—Messieurs Boris et Gaspard sont de sortie aujourd'hui et tout de suite après votre petit déjeuner, j'irai faire quelques courses en ville. Mademoiselle Mélanie est en bas. Emilie pourra s'occuper de vous pendant mon absence. Elle est toujours engouffrée dans la cuisine, mais n’hésitez pas à l’appeler en cas de besoin.


Et mon cerveau tourne, il chauffe. Je sais qur Rodrigue n'est pas là. Il n’y a donc aucun homme en ce moment et Marie sort d'ici quelques minutes. Alors j'avale, j'avale vite ce petit déjeuner et très vite Marie sort de la chambre. Trouve Malaïka ! Trouve ! Trouve un moyen il faut partir d'ici. Ma tête se creuse et elle chauffe tant je réfléchis. Je fais les cent pas dans cette chambre, et j'entends vrombir le moteur d'une voiture. Marie est sans doute en train de partir. Mes yeux tournent dans cette pièce, il faut que je trouve, il le faut. Je cours dans la salle de bain, j'ai besoin de quelque chose de lourd. Mes yeux parcourent la pièce et tombent sur la toilette. Alors, je retire le couvercle de la chasse et en moins d'une minute, je suis dans la chambre.
Une griserie intense s'empare de moi et je sens mon corps se contracter de stress. Je sue et je tremble de peur à l'idée de ce que je m’apprête à faire. Je me precipite vers la porte de la chambre et je cogne dessus comme une folle en criant à l'aide. J'entends Mélanie râler, mais elle s’approche. Je me saisis de mon arme de porcelaine et me positionne derrière la porte. J’entends le son du pêne lâcher. Mélanie ouvre la porte et entre dans la chambre. Je tremble, j'ai peur, je me trouve terrible, sale, horrible, de ce que je m’apprête à faire. Mais je n'ai pas le choix. Alors, avant qu'elle n'ait le temps de dire mon nom, je lui frappe violemment sur la tête et elle s'écroule. Je jette ce gros morceau de porcelaine par terre et je cours dans ce couloir aux plafonds voûté. Vite, je descends les marches, je traverse le salon à toute vitesse, je me retrouve dans un vestibule et la grande porte en bois devant moi est sûrement celle qui me menera dehors. Je l'ouvre et je m'extirpe.

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