Chapitre 10. Amani

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Rodrigue


Malaïka est distante et très réservée vis à vis de moi. Après tout à quoi je penses? Pour elle je ne suis qu'un bourreau.
Je ne me suis jamais entiché d’une femme. Bien sûr j’ai eu des aventures, mais à chaque fois sans m’impliquer émotionnellement.  je voulais rester concentré sur mon objectif. Mais avec elle, je me sens vulnérable, faible. Je ne sais pas jusqu’à quand je réussirai à me tenir à carreaux.
De toutes celles que j’ai rencontré, il fallait que ce soit elle, celle que j’ai enlevé et rendue captive, celle qui me déteste.
Elle est devenue mon tendon d’Achille et ça m’effraie. Je n’en ai jamais eu au paravent. je garde espoir malgré tout, je garde espoir

Elle vient d'entrer dans la maison. Elle est très belle ce soir. Je n'arrive pas à décoller mes yeux d’elle. Elle m'obsède. Elle s'assied en face de moi.


—Me voila! dit-elle en me regardant.

—Oui euh voilà. On a un problème.

Tout le monde me fixe intrigué.

—Lequel? demande Malaïka.

—Depuis que Rachid et Mikaïla ne sont plus là, l' entreprise est sur une mauvaise pente.

—Elle va faire faillite? demande Ingrid.

—Si on ne fait rien oui.

—On ne peut pas se permettre de laisser une telle chose arriver. On travaille très dur pour avoir cette entreprise et on ne va pas hériter d'une entreprise en faillite, ajoute Mélanie.

—Sa valeur sur le marché est presque nulle en ce moment. Boris et moi avons relever des potentiels investisseurs. Pour aider à remonter la valeur de l'entreprise. Malaïka va les consulter.

—Il y avait ce type.... Amani, celui qui courrait après Mikaïla. Il était prêt à investir quand celle-ci s'en est débarrassée, confie Gaspard.


Je suis au courant de cette histoire. Je sais qu'Amani est notre meilleur atout en ce moment, mais il a un faible pour Mikaïla. Il va tenter de faire des avances à Malaïka et rien que d'y penser, j'en ai la gorge serrée. Mais tout le monde semble vouloir que l'on traite avec lui, même Malaïka. Je suis au pied du mur. Je n'ai pas d'autres choix. En plus il est réellement en position de régulariser la situation.
A contre cœur, je donne mon approbation. Puis Malaïka lance un autre sujet.


—Rachid a bougé. Je reviens de la clinique là. Les médecins sont optimistes, ils disent qu'il pourrait reprendre conscience bientôt.

—Parfait, parfait je veux avoir le plaisir de le regarder dans les yeux quand j'en aurai fini avec lui.

—C'est pas tout ça mais il faut que j'y aille. J'aurai beaucoup de travail demain. Quand est-ce que je rencontre cet Amani?


Le simple fait d'entendre son nom me donne des ulcères à l'estomac.


—La semaine prochaine. Prends tes marques dans l'entreprise, maitrise tous les dossiers nécessaires. Mélanie va t'aider à le faire mais aussi à te préparer pour ta rencontre avec Amani.

Mon cœur brûle quand je dis son nom.


Malaïka


Dès le lendemain, je me suis appliquée à apprendre tout ce qu'il y avait à savoir sur Faraji Mining. Sur les partenaires, bref toute la paperasse. Moi qui voulais travailler dans le secteur minier, je suis servi.

Mélanie m’aide beaucoup.
Un spécimen unique celle là. Elle est la plus petite de la bande. En taille et en âge. Elle fait dans les mètre cinquante. C’est une vraie boule d’énergie. Elle a toujours le sourire et son rire est très contagieux. Ses traits sont fins, elle est très féminine. Mais parfois, elle sombre dans une tristesse monstre. Sans doute quand elle repense à sa mère.

Je suis submergée de travail et passe la journée sans rien avaler.
Avant de rentrer à la maison, je passe à la clinique pour parler à Rachid. Les médecins disent que ça aide beaucoup. Je lui raconte des anecdotes que Mélanie et Ingrid m'ont racontées. Puis je prends la route pour la maison. Je fais la même chose tous les jours pendant une semaine.


Mélanie continue de m'aider avec la paperasse. J'ai le cerveau plein d'informations qui tournent en boucle. Il faut que je prenne l'air. En quittant la clinique, je roule sans trop savoir où je vais. Je me gare au milieu de nulle part. Je sors de la voiture, et prend une bonne bouffée d'air frais. Je reste un bon moment fixant le vide. En vrai je me sens perdue. Je verse quelques larmes en pensant à mes parents et Hervé. Je repense aussi à Djibril le cousin comique d'Hervé. Je souris tout en essuyant mes larmes quand une voix se fait entendre derrière moi. Je me retourne et vois Rodrigue.


—Que fais tu ici? me demande-t-il.

—Tu m'as suivie?

—Peut être.

—Comme je n'ai pas respecté l'itinéraire fixé tu croyais que j'allais m'enfuir?

—Tu crois que je devrais m'en inquiéter?

—J’avais juste besoin de prendre l'air monsieur le gardien de prison.

Il se met à rire.

—Alors c'est comme ça que tu me vois?

—Peut être.

Je me retourne pour monter dans la voiture quand il referme la portière et s'approche de moi. Il essaie de m'embrasser mais je le repousse.


—Qu'est ce que tu fais? Tu vas me forcer à être avec toi aussi? Ça fait partie du pack? Usurpation d'identité, escroquerie et amour forcé? dis-je énervée.


Il ouvre la bouche pour parler, mais Je ne lui laisse pas le temps de dire quoi que ce soit, je monte dans la voiture, démarre et m'en vais. Mais qu'est ce qu'il croit? Je fais le chemin vers la maison toute remontée. J'arrive à la maison, je monte dans ma chambre je prends une douche puis me met en pyjama.

Assise sur mon lit, je réfléchis. Et si je me servais de lui? Je pourrai marchander ma liberté? Après tout il ne se sont pas gênés de m'embarquer dans tout ça. Pourquoi je ne ferai pas pareil? Ça ne sera pas facile, je ne suis pas ce genre de fille, de celle qui ne peine pas à jouer avec les sentiments des autres. J'y réfléchis longtemps avant de m'endormir.


Je me lève tôt le lendemain, petit déjeuner à la Mikaïla. Je vais au boulot. Ma secrétaire me confirme mon rendez-vous avec Amani Zawadi pour cet après midi. Mais monsieur appelle pour décaler le rendez-vous en soirée, et annule la réservation du restaurant pour que je me rende à sa villa de Kâlina.

Je révise sa fiche technique, les informations essentielles sur lui y sont marquées.
Amani Zawadi, sexe masculin, un mètre soixante quinze, langues parlées ( Anglais, Français, Lingala, Swahili), yeux noisettes,… Bla bla bla. Je range la fiche dans une farde. Il est sera bientôt temps d’y aller.


Je prends sur moi et me rends chez lui après mon service. Il me tape déjà sur les nerfs d’avoir chambouler ce qui était prévu. Après tout Mikaïla ne le déteste pas pour rien.


J'arrive enfin. Je suis reçue et conduite à son bureau. Il est de dos quand j' entre dans la pièce. Il est dans un costume deux pièces noir, relevé par le blanc éclatant de sa chemise. Il se retourne et waw!! Il n'est pas mal le mec. Il est même....


—Mademoiselle Faraji, que me vaut cet honneur? dit-il avant de me baiser la main.
Je t'en prie prend place, poursuit-il.


Je m'assieds. Il me propose à boire. Je prends un verre de jus d'ananas, lui un de whisky. Il s’assied sur un fauteuil, son verre de whisky à la main droite, desserrant sa cravate rouge de sa main gauche sur le poignet de laquelle se trouve une belle montre très masculine.
Sa fiche technique est peu élogieuse, comparé à ce bel être que j’ai sous les yeux. Ses cheveux, sa moustache et sa barbe bien taillés, accentuent ses traits séduisants. On aurait presque envie de récompenser son coiffeur.


—Je suis désolé pour ta mère. Et aussi pour ton père. Il va mieux ?

—Merci. Non il est toujours dans le coma.

—Tu m’en vois désolé. Je suis curieux de savoir ce qui t'amène, fit-il avec un petit sourire.

—je vais aller droit au but. Depuis la mort de ma mère, mon père dans le coma, l'entreprise a eu quelques problèmes. Pour remonter la pente nous avons besoin d'un apport financier assez important. Bien-sûr cela se fera dans l'optique d'un partenariat tu pourrais devenir actionnaire.


—Eclaire ma lanterne. Alors tout ceci n'est que par pur intérêt? dit-il d'un air étonné.

—je n'ai jamais laisser entendre autre chose.

—C'est vrai, mais je suis désagréablement surpris. Mais surtout surpris que tu fasse preuve d’ humilité pour venir me proposer ceci. dit-il en se resservant du whisky.

Mon côté Mikaïla s'est pris un coup en pleine face. Je me lève.


—C'était une erreur de venir te parler. Bonne soirée Amani.

—Non je t'en prie. Je...


Je sors de la pièce et quitte son domicile. Je remonte dans ma voiture, démarre et m'en vais.


Amani


Je viens de revoir Mikaïla après plus d'une année. Je la trouve encore plus belle qu’avant. La voir a réveillé quelque chose en moi.  Je n’ai jamais cesser de l’aimer, et ne dit-on pas qu’il ne faut pas réveiller le chien qui dort ? Ce dernier a été violement secoué. En plus d’avoir été réveillé, il est prêt pour la chasse.
Son passage dans mon bureau m’a chamboulé. Son parfum, cet odeur exquise de vanille et de jasmin, que j’ai senti depuis une éternité déjà, embaume la pièce. Je m’affale sur mon fauteuil, respirant cette odeur envoûtante avant de réfléchir à la raison qui l’a amenée ici.
Sa proposition m'a surpris et je sens que je l'ai vexé, mais ce n'était pas mon intention. Je m'en veux maintenant. Elle a toujours été très susceptible et fière elle a dû faire un effort surhumain pour venir me parler.

J'ai toujours ressenti quelque chose pour elle et maintenant qu'elle vient vers moi, je la fais fuir. Si l'on devient partenaire, j'aurais toutes sortes de raison pour la voir, pour être près d’elle. Il faut que je me rattrape.

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