CHAPITRE 18 - DAYRON

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— Merci, de m'avoir accompagné.

Je fais seulement un signe de tête, et part en prenant l'enveloppe. Sans me retourner, je grimpe sur ma moto et roule. J'en peux plus de cette mascarade, à faire semblant toute la soirée, à être quelqu'un que je ne suis pas. Mais la fin du mois approche rapidement et je n'ai pas l'argent nécessaire.

— Tu étais où ?

J'entre dans le salon et vois ma mère assise sur le canapé.

— Pourquoi tu n'es pas au travail ?

— Jour de repos.

— Tu crois que tu peux te permettre un jour de repos ?

— Oui, avec le boulot que je me tape depuis 4ans, je pense pouvoir me permettre un jour de repos !

Je ne lui réponds pas, sachant très bien qu'elle a raison. Mais ça m'énerve quand même, on peut perdre la maison, celle où mon père et mon frère ont vécu, et on dirait que ça ne lui fait rien.

Je l'entends soufflé, avant de me demander:

— Qu'est-ce qu'il t'arrive, mi hijo ? Je vois bien que ça ne va pas et je sais que ce n'est pas juste à cause de moi. Tu sais que tu peux me parler.

Je serre les dents. À quoi bon ? Que je lui en parle ou pas, qu'est-ce que ça va changer ? Rien. Je serais toujours aussi mal. Je m'en voudrais toujours de ne pas être partie avec mon père ce soir-là. Je m'en voudrais toujours de ne pas être assez présent pour mes surs. Je m'en voudrais toujours d'avoir fait du mal à Cory.

— Y a rien. Je dois me changer, il faut que je reparte.

— Day... Je m'arrête, et me retourne sous son ton désespéré. Parle-moi. Je t'en pris, je suis désolé de ne t'avoir rien dit. S'il te plaît, ne t'éloigne pas, je ne le supporterais pas.

Des larmes coulent sur ses joues. Et je m'en veux, encore, de faire pleurer ma mère. Je me précipite pour la prendre dans mes bras.

— C'est moi qui suis désolé. Je suis un con, mais tu le sais déjà. Un petit rire passe ses lèvres entre ses sanglots. Te quiero, mamà. Et t'en fais pas, on va s'en sortir.

Elle me regarde et je vois qu'elle veut me poser une question. Mais elle ne dit rien et me sourie.

Te quiero, mon petit gars.

Je me fige par ce surnom dont mon père avait l'habitude d'utiliser. Ma mère pose une main sur ma joue.

— il serait fier de toi. Je suis fier de toi.

Si tu savais, ce que je fais mamà, tu ne dirais pas ça.

Je détourne le regard, et serre les dents.

Je le fais pour elles. Je le fais pour elles.

Je me détache de sa prise et tourne les talons pour aller me changer. Quand je suis prêt, je repasse devant elle, en voyant le verre de vin que je n'avais pas remarqué tout à l'heure, elle me demande de faire attention, et je hoche la tête.

Neals m'accueille les bras ouverts quand je gare ma moto, sans l'éteindre, car c'est bientôt l'heure, face au hangar. Je lui lance un regard et il se contente d'une tape sur l'épaule. Ça fait un moment que je ne suis pas venu faire de course. Et j'en ai vraiment besoin.

Cory est dans ma tête toute la journée. Je ne sais pas quand c'est arrivé ni comment. Mais cette muñeca a réussi, là où tellement on échoué. Je ne voulais pas de relations, je ne sentais pas le besoin d'avoir quelqu'un. Que ce soit en amis, ou en copine. Surtout depuis ce qui s'est passé. Mon frère était tout pour moi. Mon confident. Mon conseiller. Mon meilleur ami. Mon jumeau. Il était tout. Comme moi j'étais tout pour lui. On ne se quittait jamais. J'allais à ces entraînements et il venait me voir joué. Dayron sans Jacob, pour moi, c'était impossible. Et pourtant, je me retrouve tout seul. Et à partir de là, je me suis renfermé, parce que je voulais que personne ne prenne sa place.

Le Garçon Solitaire T1 [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant