Une vie mouvementée

Chapitre 2

- Bon, si je résume : la jeune fille retrouvée étranglée hier matin s'appelle Aïda Coven, 19 ans. En famille d'accueil depuis ses 11 ans, 3 foyers différents, elle s'est enfuie du dernier, le jour de ses 18 ans et impossible de retrouver sa trace depuis un an. C'est étrange non ? La question est : où était-elle ?

Alice parcourut du regard ses partenaires, attendant une réponse qui ne vint pas. Posant machinalement la main sur la cuisse de Fred, elle lui tendit sa tasse pour obtenir un nouveau café. La journée allait être longue. Le commandant lui servit tout en concluant l'exposé de la jeune femme :

- Il faut aller interroger sa dernière famille d'accueil. Kadiri, prêt ?

Mais le lieutenant n'entendit pas la proposition de son supérieur. Il ne pouvait détacher son regard de la main d'Alice, toujours négligemment posée sur la cuisse du commandant. Encore une fois, il ressentit un sentiment étrange naître au fond de lui, une sensation qu'il n'arrivait pas à définir. Il sursauta lorsqu'il entendit son prénom et vit la main se retirer brusquement. Il croisa le regard d'Alice et vit la gêne sur son visage. Il s'en voulut aussitôt et voulant bien faire, il se leva en même temps que le commandant, criant d'une voix un peu trop enthousiaste :

- Prêt chef. J'appelle le juge Bertrand pour qu'il nous rejoigne là-bas.

Fred acquiesça et ils partirent tous deux. Restée seule avec Victor, Alice soupira. Son greffier, qui l'observait depuis un moment, perçut un malaise qu'il s'empressa de dénouer. Il demanda d'une voix douce et bienveillante :

- Alice, qu'est-ce qu'il se passe ? Je vois bien que ça ne va pas depuis quelques temps. Vous pouvez tout me dire Alice, je suis votre ami, ne l'oubliez pas

La jeune femme lui sourit, inspira profondément et se lança dans la confidence. Les premiers mots à peine prononcés furent interrompus par l'arrivée des enfants, lavés, habillés, prêts à prendre leur petit déjeuner pour partir à l'école. Alice fit signe à Victor qu'ils en reparleraient plus tard. Elle le raccompagna à la porte puis se dirigea vers la cuisine, un sourire forcé sur les lèvres.

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Marquand regarda pensif la porte se refermer derrière lui. Une intuition le tenaillait, inondant son corps de cette excitation, de cette adrénaline qu'il aimait tant et qui faisait de son métier une passion. Il marcha vers la voiture et dit à son lieutenant :

- Je les sens pas. Je sais pas encore pourquoi mais je les sens pas. Ils nous cachent quelque chose. Kadiri, tu me fais un maximum de recherches sur cette famille, enfants gardés, combien de temps, le père, la mère, le fils, je veux un topo sur tout le monde, compris ?

- Compris chef.

Ils montèrent dans la voiture et sentant le regard de son lieutenant posé sur lui, Fred qui s'apprêtait à démarrer la voiture, arrêta son geste et soupira en se tournant vers lui :

- Bon, qu'est-ce qu'il y a encore ?

- Je suis content pour vous chef.

- Putain Kadiri, arrête de m'appeler chef ! Bon, pourquoi t'es content ?

- Je sais pas... Vous avoir vu ce matin avec la juge...

- Procureur

- Oui c'est vrai. C'est con, mais ça a provoqué un truc bizarre en moi.

- Putain Kadiri, t'es quand même pas en train de me proposer un truc à trois quand même ?

- Non, non chef !