Chapitre 23

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L'infirmière le repoussa et les portes à battant se refermèrent devant lui. Il resta longuement immobile à les observer, sans vraiment les voir, son esprit ressassant sans cesse la dernière qui venait de s'écouler...

Il se revit sur elle, pratiquant le massage cardiaque, hurlant à plein poumons pour que quelqu'un l'entende du fond des souterrains. Le temps s'était ralenti, il fatiguait mais en aucun cas, il ne cessa le massage, appelant à l'aide encore et encore. Heureusement, Victor avait surgi brusquement, accompagné des ambulanciers, eux-mêmes suivis de Kadiri et d'une dizaine de policiers. Marquand avait laissé son lieutenant gérer la scène de crime.

Alice...

Alice...

Elle était restée inconsciente. Il n'était même pas certain que son pouls battait lorsqu'ils étaient montés dans l'ambulance.

Et si elle avait succombé ?

Et s'il ne la revoyait plus jamais ?

Son sourire, ses yeux verts lumineux, si doux...

Sa façon de le regarder, amoureuse, tendre...

Et s'il ne vivait plus ces moments...

Et si son cerveau avait manqué d'oxygène ?

Et s'il y avait des séquelles neurologiques ?

Alice...

Alice...


- Commandant ? Commandant ?

Et s'il ne la voyait plus vivante ?

L'image du sous-sol le frappa de plein fouet : son visage tuméfié, gonflé, bleui, son cou marqué des empreintes de son agresseur...

Elle ne respirait plus...

Il n'avait sentit aucun pouls...

- Fred, Fred ! Venez avec moi, venez vous asseoir. On va attendre les médecins ensemble.


Fred tourna doucement la tête vers la voix qui le ramenait à la raison et vit Victor, les yeux rougis, qui le tirait vers les fauteuils de la salle d'attente. Il reporta son regard une dernière fois sur les portes closes, espérant les voir s'ouvrir d'un coup, espérant apercevoir Alice marcher vers lui, souriante, mettant ainsi fin immédiatement à son cauchemar... Mais les battants restèrent fermés, dans un silence effroyable.

Pas d'Alice, pas de sourire.

Il était bel et bien dans un cauchemar.

Il laissa le greffier l'emmener vers la salle d'attente et s'assit tel un automate.

Il observa Victor mais ne sut que lui dire, les mots se bloquant au fond de sa gorge. Il aurait voulu le rassurer, se rassurer lui-même mais il n'y arrivait pas.

Elle n'avait plus de pouls...

Il s'était accroupi près d'elle, avait posé ses doigts sur sa carotide mais n'avait rien senti.

Pas de pouls...

Pas de respiration...

Alice était morte.

Il se leva brutalement et se plia en deux la tête dans ses mains. La douleur le transperça de part en part, tel un éclair de feu le traversant de la tête aux pieds, déchirant au passage ses entrailles, ses organes, faisant éclater son cœur. Un gémissement sortit de sa bouche.

Une vie mouvementéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant