Une vie mouvementée

Chapitre 7

Ils étaient assis tous les trois dans le bureau d'Alice et attendaient l'arrivée de Kadiri pour faire le point sur l'enquête. L'ambiance était sereine. Avec l'aide de ses deux compères, Alice reprenait ses marques : ils avaient mis en carton les affaires du juge Bertrand et après maints allers-retours, dans son ancien bureau, Alice avait pu réinstaller son petit univers, cadres et bibelots... Elle avait ensuite pris chacun des deux hommes dans ses bras puis la réalité avait repris le dessus. Ils avaient une enquête à boucler, leur objectif premier étant d'éviter une troisième victime.

Après avoir brièvement toqué à la porte, Kadiri entra dans le bureau et se dirigea directement vers Alice, un sourire éclairant son visage.

- Madame le juge, je suis trop content de vous voir là, de nouveau... J'adore travailler avec vous, je suis trop heureux !

- Oh c'est gentil ça, Djibril. Merci !

Alice lui fit un léger baiser sur la joue et le lieutenant, la main posée sur cette même joue, la bouche entrouverte, en resta coi, regardant avec admiration la femme qui se tenait devant lui et qui l'observait avec bienveillance.

- Bon, c'est fini là ? On est là pour bosser ou bien ?

La réflexion maussade de Marquand attira sur lui trois paires d'yeux qui le fixèrent quelques secondes. Face au visage une nouvelle fois agacé d'Alice, Fred croisa les bras et prit un air renfrogné. Victor leva les yeux au ciel et commença à débriefer, voulant rompre à tout prix l'atmosphère devenue pesante et froide.

- Alors, je résume : on a deux jeunes filles assassinées avec le même mode opératoire. Djibril, tu continues ?

Le lieutenant sortit son calepin de sa poche, en tourna les pages nerveusement et débuta son monologue en bafouillant :

- Oui, heu... alors...où je l'ai écrit déjà...heu...Ah voilà ! Alors deux jeunes filles, 19 et 18 ans, étranglées. Toutes deux orphelines, placées en foyers d'accueil dès l'âge de 11 ans. La première, Aïda Coven, a passé deux ans chez la famille Richard, de 13 à 15 ans. A 15 ans, elle a raconté à son assistance sociale, madame Albi, que le fils des Richard avait abusé d'elle pendant un an. Une enquête a eu lieu mais elle s'est terminée sur un non lieu : aucune preuve, des incohérences dans le récit d'Aïda, sa parole contre celle du fils. Elle a quand même été éloignée de cette famille et replacée ailleurs.

- Bien. Il va falloir discuter avec cette madame Albi. Victor, vous me la convoquez à mon bureau rapidement.

- Oui madame le juge, c'est noté.

- Djibril, continuez.

Kadiri sourit à Alice. Il chercha également l'approbation de Marquand mais ne trouva dans son regard que de l'irritation. Il déglutit difficilement, sans trop savoir pourquoi et continua son résumé.

- La deuxième victime s'appelle Anna Mottin. 18 ans. Retrouvée étranglée, sans papier, sans sac à proximité. Comme vous me l'avez demandé ch.. heu.. commandant, j'ai cherché dans le fichier des familles d'accueil et bingo ! Je l'ai trouvée ! ça m'a permis d'avoir son identité. Elle est restée dix mois chez les Richard. Une tentative de suicide, une hospitalisation. Puis elle a passé six mois en psychiatrie. A sa sortie, elle est allée dans une autre famille, les Lambert, jusqu'à sa majorité, il y a deux mois.

- Bon travail Kadiri.

- Merci commandant.

- Pas d'enquête pour son suicide ?