Chapitre 21

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Il était assis et tripotait nerveusement ses mains. Il était arrivé un peu plus tôt au tribunal et attendait maintenant avec deux autres hommes devant le bureau de la juge.

Il leur jeta un bref coup d'œil et remarqua de suite leur tranquillité, tels deux hommes qui n'avaient rien à se reprocher.

Il posa ses mains à plat sur ses genoux et fixa les jointures rougies par les coups portés à sa femme la veille au soir. C'était la première fois qu'il la cognait autant. Il avait bien failli la tuer et s'était arrêté à temps.

Il était vraiment temps d'en terminer avec cette histoire, il était en train de perdre les pédales.

Il devenait fou. Elle le rendait fou !

Il perdait les pédales, s'enlisait dans les erreurs. Il devait se reprendre.

Il soupira et croisa les deux regards masculins à ses côtés. Il les ignora et observa les déambulations dans le couloir du palais. Il n'était que neuf heures et pourtant, le bâtiment grouillait d'humains. Il n'y a pas d'heures pour arrêter les assassins ! Il ressentit soudain un sentiment désagréable envahir son corps. Une sensation qu'il n'avait pas éprouvée depuis l'enfance : la peur.

Il serra les dents, ferma les yeux et chassa cette émotion qu'il exécrait et qu'il ne voulait plus jamais percevoir. Il se répéta, tel un mantra, qu'il était le plus fort, le plus doué et surtout que la juge et le commandant n'avaient strictement rien contre lui.

Le visage déformé de sa femme traversa son esprit et le fit douter. Non, il ne risquait rien, elle était sous son emprise. Certes, il y était allé un peu fort mais un bouquet de fleurs en rentrant la calmera. Toutes les mêmes, devant lui, elles rampaient !

Toutes sauf la juge Nevers... pas encore du moins...

Il ricana et aussitôt les deux hommes à ses côtés l'observèrent suspicieux. Il leur jeta une œillade noire et se replongea dans ses pensées.

La juge Nevers... Alice...

Il était arrivé de bonne heure à son rendez-vous et il l'avait croisée. Altière, belle... Il n'avait pu s'empêcher de fixer ses jambes fines qui se perdaient dans de hauts escarpins. C'était la première fois qu'il la voyait de si près... Magnifique ! Merveilleusement belle. Elle leur avait fait un petit signe de tête avant de s'engouffrer dans son bureau, suivi de son sempiternel toutou, le commandant Marquand... Son amant !

Il s'efforça de garder son calme. Il devait agir vite maintenant, il en était conscient. Il observa plus attentivement l'intérieur du Palais, les rouages de son plan se mettant doucement à tourner dans son esprit.

Il entendit son nom et se leva immédiatement. Un sourire affable collé sur son visage ,il suivit le greffier dans le bureau de la juge.


Alice soupira tout en se laissant aller sur le dossier de son fauteuil. Elle rejeta sa tête en arrière et ferma les yeux. Elle sentit aussitôt une main se poser sur son épaule et une voix rassurante la réconforter.

- Ne t'inquiète pas Alice, on va le trouver.

- Mais oui Madame le Juge, vous avez encore trois personnes à interroger cet après-midi.

- Oui, c'est vrai. Merci Victor. Qu'avez-vous pensé de ces trois hommes ce matin ?


Victor et Marquand prirent le temps de la réflexion avant de répondre. Ce fut le commandant qui prit la parole en premier.

- Ils étaient sereins. Trois hommes qui n'ont rien à se reprocher à mon avis. Aucun regard appuyé sur toi, Alice...

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