Chapitre 14

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Il se tenait debout devant les marches du Palais et regardait fixement le bâtiment. Il l'avait vue arriver quelques minutes plus tôt. Avait-elle découvert son petit cadeau ?

Anna...

Un sacrée femme !

Elle aussi lui avait donné du fil à retordre, une volonté farouche de vivre, de survivre... Quelle résistance ! Mais cela n'avait pas duré, comme toutes les autres avant elle, elle avait progressivement lâché prise. Puis elle l'avait supplié maintes et maintes fois en pleurnichant, d'abréger ses souffrances Comme les autres finalement... Quelle déception !

Il avait hâte de s'amuser avec la juge... Alice...Son prénom résonnait en lui avec délectation. Elle était différente, il en était persuadé. Avec elle, tout durerait plus longtemps... jusqu'à ce que la douleur soit la plus forte. Alors, elle aussi le supplierait. Son cœur se serra à cette pensée et il se promit qu'il ne jouerait pas trop fort avec elle au début, pour faire durer le plaisir le plus longtemps possible.

Une toux discrète le ramena à la réalité. Il vit le plancton du palais le fixer étrangement. Merde. Ça faisait combien de temps qu'il était là, à rêvasser ? Cette juge lui faisait perdre tous ses moyens ! Il devait faire preuve de davantage de prudence. Son temps viendra. Mais auparavant, il avait encore quelques renseignements à glaner sur son compte et un travail à terminer.

L'homme se détourna du palais et marcha vers sa voiture, garée trois rues en contrebas.


Une heure plus tard, Alice descendit les marches du palais d'un pas rapide. Elle s'engouffra dans la voiture qui démarra en trombe, au son du gyrophare. A l'intérieur du véhicule, Marquand donnait à la juge le détail de leurs découvertes.

- La victime s'appelle Anna Torn. Elle a disparu depuis trois mois. Elle a quitté son travail à 20h le 22 septembre et n'est jamais arrivée au domicile de ses parents. Elle y était attendue pour manger, comme tous les jeudis. 32 ans, célibataire. Elle vivait dans un studio dans le IXème arrondissement. Kadiri est parti le fouiller. Nous, nous allons voir les parents pour leur annoncer la nouvelle.

- Le sale boulot quoi.

- Comme tu dis...

Le trajet se fit en silence, chacun appréhendant l'entrevue qui allait suivre.


La porte derrière eux claqua, enfermant dans leur malheur un couple anéanti par la perte de leur fille unique. Le commandant et la juge, toujours sur le perron, se regardèrent l'œil humide. L'espoir de voir enfin la police à leur porte avait laissé place à un terrible désespoir, un gouffre abyssal dans lequel avaient plongé les parents. Un hurlement inhumain se fit entendre, suivi aussitôt par des sanglots déchirants.

Fred prit le bras d'Alice et la dirigea vers la voiture.

- Viens, ne restons pas là. La seule chose que nous pouvons faire désormais est de trouver l'enfoiré qui a fait ça.


La juge acquiesça et prit place sur le siège passager. Dès que son compagnon s'installa, elle se lova contre lui. Plus que tout, en ce moment même, elle avait besoin de lui, de sa chaleur, de sa douceur. Il lui laissa le temps, se contentant de répondre à ses désirs, silencieusement, s'offrant ainsi une bulle hors du temps, une bulle de bien-être immédiat, de réconfort, loin du tumulte environnant.

Alice se redressa lentement, accompagnant son mouvement d'une caresse de la main.

- Tu as raison. On doit très vite retrouver celui qui a fait ça. On va se partager les recherches. Victor et moi, nous nous occupons de son milieu professionnel. Kadiri et toi, vous vous occupez de ses amis. On se donne jusqu'à 18h et on fait un débriefing dans mon bureau. Ok ?

Une vie mouvementéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant