Une vie mouvementée

Chapitre 11

La juge et le commandant se dirigèrent d'un pas dynamique vers la salle d'interrogatoire où les attendait monsieur Richard. Lorsqu'ils ouvrirent la porte, ils furent de suite agressés verbalement par le sexagénaire :

- Deux heures que j'attends ! vous vous foutez de moi ? Et mon boulot hein ? Qui va me payer les heures non travaillées, vous peut-être ?

Sans répondre, Marquand alla s'asseoir, suivi d'Alice. Elle vit l'homme la regarder, la détailler lentement de la tête aux pieds d'un air concupiscent et ne supporta pas ce comportement. Elle commença l'interrogatoire d'une voix sèche et coupante :

- Alice Nevers juge d'instruction, commandant Marquand. Monsieur Richard, que faisiez-vous le 17 et le 20 décembre entre 7h et 8h30 ?

- Je bossais madame le juge. Vous pouvez vérifier, je pointe en arrivant le matin et je pointe en partant le soir.

L'homme avait répondu d'une voix mielleuse, ne lâchant pas la juge du regard, un œil gourmand et lubrique qui mettait mal à l'aise la jeune femme. Elle continua malgré tout, posant discrètement une main sur la cuisse de Marquand qu'elle sentait prêt à exploser.

- Monsieur Richard, vous avez un deuxième fils, Adrien, 21 ans. Pourquoi nous l'avoir caché ?

- Je ne l'ai pas caché ! Il est enfermé à l'hôpital psychiatrique depuis quatre ans. J'ai fini par l'oublier ! Il est débile vous savez ! Les gamins comme ça, on devrait les tuer dès la naissance !

Ce fut la parole de trop pour Marquand qui se leva en frappant le point sur la table.

- Espèce de trou du cul ! On va vérifier ton alibi mais j'ai bien envie de te foutre en taule tout de suite !

- Commandant, on se calme !

Le sexagénaire passa sa langue sur ses lèvres et la claqua d'un sourire lascif. Il se pencha vers le juge et murmura :

- Belle et autoritaire, mmmh... j'adore ça !

Alice retint de justesse le bras de Marquand dont le poing s'apprêtait à écraser le nez du suspect et se leva, l'entrainant avec elle hors de la pièce. Elle tenta de l'apaiser, en vain.

- Fred, arrête, calme-toi. On est bien d'accord, ce type est un connard mais si son alibi tient la route, ce n'est pas notre tueur.

- Commandant ! Commandant !

Le couple se tourna vers Kadiri qui courait vers eux, leur faisant de grands gestes de la main.

- Commandant, j'ai eu le patron de Richard au téléphone. Il était bien au travail les matins des meurtres. Ce n'est pas lui.

Déçus, la juge et le commandant suivirent le lieutenant dans le bureau. Une fois assis, Alice livra ses pensées.

- Thomas Richard et son père ont tous deux un alibi. Victor a découvert l'existence d'un deuxième fils, enfermé dans un hôpital psychiatrique depuis quatre ans.

- Délire paranoïaque Madame le juge.

- Merci Djibril donc si je résume : Adrien, au début de l'adolescence change de comportement et perd progressivement contact avec la réalité, c'est bien ça ?