Chapitre 18

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Il n'avait pas dormi de la nuit.

La présence de Marquand chez la juge le perturbait. Il n'avait cessé d'y penser. Il n'avait cessé de se tourner, de se retourner dans son lit, ressassant sans cesse, réveillant sa femme à plusieurs reprises. Il devait savoir pourquoi le flic avait passé la nuit chez la juge. Pas n'importe quel flic en plus, son collègue.

Il serra les dents et observa la maison endormie. Les volets étaient encore fermés. Il avait téléphoné à son patron pour lui annoncer qu'il ne viendrait pas travailler, prétextant une sale grippe. Il avait donc la journée pour lui. Pour elle.

Il devait savoir. Marquand... la juge...

Une colère sourde l'habitait. Il ne voulait pas y croire. Et pourtant, la voiture du commandant Marquand était toujours là. Même place... Vitres gelées... Elle n'avait pas bougé de la nuit.

L'homme serra de nouveau son poing et le mit devant sa bouche pour s'empêcher de hurler de rage.

Il vit les volets s'ouvrir et se calma de suite. Il prit ses jumelles et observa l'intérieur de la maisonnée. Alice... déjà habillée, déjà maquillée... elle était si belle !

Une voiture banalisée s'arrêta soudain derrière celle de Marquand. Aussitôt un flic en sortit et sonna à la porte. L'homme ne put voir celui ou celle qui lui ouvrait mais le flic en ressortit aussitôt avec les deux gosses. Ils montèrent tous les trois dans la voiture et partirent. L'homme ricana. Marquand avait mis tout le monde sous protection mais les gamins ne l'intéressaient pas. Lui, il voulait leur mère... Cette putain de juge si bandante !

Il porta sa main à son sexe mais la stoppa aussitôt en voyant la porte s'ouvrir de nouveau. La juge et le commandant en sortirent. Il les étudia attentivement, épiant le moindre geste, le moindre échange de regard mais ne vit rien. Pas le moindre indice sur un quelconque rapprochement. Marquand dégela la voiture et ils partirent. L'homme resta quelques instants figé, déçu, frustré. Tout son questionnement nocturne restait sans réponse.

Il grogna et observa les environs. Personne.

La maison voisine avait encore ses volets fermés.

Sans réfléchir une seconde de plus, il sortit des fourrés et courut vers la maison. Le portail n'était même pas fermé à clé. Les imbéciles !

Il entra et fit le tour du jardin. Arrivé derrière la maison, il regarda une nouvelle fois autour de lui. Aucun vis-à-vis. Il gloussa et enfila d'épais gants noirs en cuir. Il resserra sa main autour d'une grosse pierre trouvée dans l'allée et cassé la vitre de la porte arrière.

Le bruit de verre retentit dans la quiétude du petit matin, assourdissant. L'homme attendit le cœur battant. Rien. Pas d'alarme. Aucune réaction alentours.

Il passa son bras, faisant attention de ne pas se couper. Il rit. Il manquerait plus qu'il laisse son ADN ! Il s'exhorta à la plus grande prudence et s'introduisit chez la juge, le cœur battant, excité à l'extrême. Il entra par la cuisine et passa dans le salon.

Aussitôt il observa les cadres photos et l'un d'eux le fit blanchir. Sa respiration s'arrêta tandis qu'une rage soude envahissait son corps tout entier. Il prit le cadre dans ses mains et le fixa : la juge et le commandant, enlacés tels deux amoureux.

Il hurla de colère et lança violemment le cadre qui s'écrasa contre le mur. D'un revers de main, il balaya toutes les autres photos posées ici et là puis chercha la chambre.

Après deux essais infructueux, il la trouva. Il ouvrit le premier tiroir de la commode et tomba sur les sous-vêtements de la juge. Il les porta à son nez et les renifla longuement en fermant les yeux, imaginant avec ivresse la jeune femme nue sous ses petits bouts de dentelle de couleur. Il se vit les lui arracher et un gémissement incontrôlé sortit de sa bouche.

Une vie mouvementéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant