Chapitre 23

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•Bonus Evan!

L'odeur des bois et la sensation du vent sur mon pelage m'a toujours fait un bien fou. Poursuivre un autre loup et sentir qu'il est certain qu'il pourra s'échapper me donne un sentiment de puissance assez grand pour que la meute s'en rende compte.

Mes pattes foulent le sol à une vitesse hallucinante et je suis suivi de près par quelques-uns de mes loups. Nous sommes à la poursuite d'un loup solitaire, l'un de ceux qui chassent les animaux de nos terres depuis quelques semaines.

J'essaie juste de l'épuiser un peu avant de le rattraper. Je ne vais pas me plaindre, j'adore courir sous forme lupin. Seulement, une douleur concentrée dans ma poitrine pointe le bout de son nez. Elle grandit, puis grandit encore, et encore, si bien que je suis forcé à arrêter. Quelque chose cloche.

Me doutant que mes loups ne vont pas tarder à faire demi-tour si je ne leur dis rien, je leur ordonne d'attraper le loup pendant que je règle quelque chose d'autre.

Je me creuse les méninges, mais rien ne parvient à expliquer la douleur soudaine dans ma poitrine. Ça ne doit pas être bien important, donc je décide de l'ignorer. Cette fois un peu de mauvais poil, je détale à toute allure pour rattraper mes loups ainsi que notre cible.

Cela me prend à peine une minute pour l'attraper et le clouer au sol. Je montre les dent et une pointe de satisfaction brille dans mon regard en sentant la peur qui se dégage du loup. J'adore l'effet que je produis.

- Pourquoi chasser nos animaux et qui es-tu?

Trois de mes loups se postent de chaque côté de notre visiteur clandestin, mais alors que j'allais me transformer pour reprendre ma forme humaine, une douleur plus intense me force à me pencher vers l'avant. Merde, ça fait un mal de chien. Sans mauvais jeu de mots.

- Un Alpha légendaire, à ce que je vois. C'est la première fois que j'en rencontre un. Il se tourne vers Reina et ajoute, en voir deux, c'est une chance inouïe.

- Tu ferais mieux de commencer à parler. Je n'ai pas peur du sang et ma bête commence à avoir faim.

Je m'en balance d'être découvert, si ça se trouve, il ne sortira même plus de mon territoire. Je secoue discrètement la tête, espérant de tout mon être que cela suffira à faire partir cette sensation atroce de couteau dans le coeur.

Tout ce temps passé à souffrir m'a fait perdre du temps avec mon interrogatoire. Le loup ne semble pas décidé à nous aider, signe que j'aurais besoin de la manière forte. Pour cela, je dois être sous forme humaine.

Mes premiers os commencent à se briser pour changer de forme, quand une voix étouffée parvient à mes oreilles. Je pourrais jurer que c'est Victoria. Rien qu'à la façon dont la voix a hérissé mes poils, je comprends que c'est vraiment elle et qu'elle est en danger. Tout mes sens sont en alerte, je renifle l'air et tends l'oreille, mais je n'entends plus rien. Pourtant, j'en suis convaincu, il y a quelque chose qui ne va pas.

Amenez-le dans la cave on s'en occupera plus tard.

Les loups hochent la tête et montrent les dents au loup pour le faire bouger. À six loups, dont Reina, il ne devrait pas y avoir de problèmes. Un loup solitaire n'est habituellement pas assez fort pour terrasser six loups, surtout pas d'une meute puissante comme la mienne.

Je n'attends même pas que les loups partent pour me lancer à toutes jambes (ou pattes, dans ce cas-ci) vers ma louve. L'odeur de Vic est anormalement dure à retrouver, ce qui m'inquiète. Il paraît que les âmes-soeurs peuvent se retrouver de n'importe quel endroit sur Terre, une fois marqués. Je ne comprends donc pas pourquoi j'ai autant de difficulté à localiser Vic.

L'inquiétude de mon loup se fait omniprésente. Il s'agite, sûrement préoccupé par la détresse de sa belle, tout comme moi. Je suis certain que mes bêtas peuvent ressentir mon angoisse à travers le lien de la meute. 

Je parcours la forêt à toute allure, pensant apercevoir ma moitié à chaque fois que je passe un arbre. Qu'est-ce qu'elle fait dans les bois de toute façon? Elle avait une journée tranquille devant elle et au lieu d'en profiter, elle s'est encore mise dans le pétrin.

Mon loup hurle à sa louve, qui ne répond pas. Désespéré, je laisse mon loup prendre le contrôle. Où peut-elle bien être?

Je suis à deux doigts de devenir fou. La peur qu'il lui soit arrivé quelque chose m'englobe pour ne laisser que mes deux prunelles dorées éclairer dans la noirceur de la forêt. Je deviens fou. J'ai l'impression de tourner en rond sans but, à la chercher ainsi.

Après ce qui m'a semblé être des heures, l'odeur de mon âme-soeur devient plus prononcée. Je tasse mon loup de côté pour avoir totalement le contrôle sur ma forme lupin. Je veux être celui qui la retrouve, qui la réconforte. Des mottes de terre s'arrachent du sol tellement je suis pressé de la rejoindre.

J'arrive enfin à ma femelle. Elle est debout, c'est son dos qui me fait face.

Quand elle se retourne, j'ai de la difficulté à respirer. Tout va bien, mais des larmes ruissellent sur son visage de poupée.

Quelque chose d'étrange se passe avec ma louve.

En prenant son visage en coupe, je la contemple. Je sonde son visage en tentant de deviner qu'est-ce qui lui passe par la tête à l'instant. J'essaie de trouver une blessure quelconque, mais il n'y en a aucune. Ses iris tendent plus vers le bleu que d'habitude mais outre cela, sa peau est vierge de toutes imperfections.

Les larmes coulent douloureusement sur ses joues et ses mains ne savent plus où se mettre. Sa lèvre inférieure tremble comme si elle essayait de dire quelque chose, donc j'attends patiemment qu'elle soit prête à parler en caressant sa joue.

- Je crois que je deviens humaine.

Une chance à l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant