La dernière surprise

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Ce fut lorsque nous commençâmes à ressentir la fatigue du début de digestion que maman proposa une promenade. Même si beaucoup furent emballés par l'idée, je refusai la proposition de ma mère, lui expliquant que je comptais profiter du futur silence pour sortir Balto qui, malgré la présence des enfants, était parti se cacher dans ma chambre.

Bien que Roman avait semblé vouloir aller marcher lui aussi, il décida de rester avec moi. Parmi le reste de la troupe, seuls Gustav et Benjamin choisirent le salon à la sortie et désormais qu'ils discutaient, je montai à l'étage.

— Tu aurais dû les suivre Roman, soufflai-je une fois dans ma chambre.

— Et te laisser toute seule pour t'occuper du chien ? Non, hors de question.

Ah Roman...

— Je ne suis pas seule, il y a mon oncle et mon père.

Roman haussa les épaules puis s'assit sur la chaise dans l'angle de la pièce. Ce fut après un long soupir qu' il prit la parole :

— Tu te rappelles hier soir quand ta mère a fait la réflexion comme quoi elle avait accroché la branche de gui pour nous ?

Je me laissai choir sur mon lit puis hochai la tête. Un peu que je m'en rappelais, ma mère nous avait quasiment obligé à nous embrasser devant tout le monde ! Nous qui étions plutôt un couple pudique, avions été un peu gênés par tous ces regards. Puis ça avait ensuite été au tour de Lucien et Chloé qui contrairement à nous, n'avaient pas semblé mal à l'aise. C'était plutôt les gens autour qui l'avaient été.

— Eh bien, je...

Que y avait-il ? Pourquoi Roman hésitait à parler ?

— Je suis me suis levé dans la nuit pour aller aux toilettes et comme ceux de l'étage sont en panne, j'ai dû descendre et j'ai aperçu tes parents. Ton père avait la fameuse branche de gui et ils étaient en train de s'embrasser, tous les deux sur le canapé.

C'était vrai qu'ils avaient pas mal bu hier soir et qu'ils s'étaient adressés plusieurs sourires complices. Je me doutais que le fameux baiser dont maman avait parlé l'autre fois était arrivé de la même manière, ou presque...

— Ne me dis pas que tu as refusé la promenade parce que tu voulais me parler de mes parents, pourquoi tu ne m'en as pas parlé ce matin au réveil ?

— Parce que j'avais oublié. C'est en les voyant tous les deux dans la cuisine en train de flirter que je m'en suis souvenu. Puis j'ai voulu...

— Attends, attends, le coupai-je. Tout à l'heure. Dans la cuisine ? Tu... Aucun des deux n'était saoul, donc ce qui veut dire que...

— Que tes parents se fréquentent à nouveau mais en secret, termina Roman qui avait désormais traversé toute la pièce pour me rejoindre.

J'étais contente. Vraiment. Mais j'étais aussi embêtée de l'apprendre.

— Et qu'étant donné que tu me l'as appris, il va falloir que je fasse semblant de ne rien savoir car je suppose qu'ils préfèrent attendre quelque temps avant d'officialiser, réfléchis-je. Rah Roman ! râlai-je en me levant.

Ce dernier rigola, ayant deviné que je faisais ma casse-pied pour l'embêter et je lui donnai une tape dans l'épaule.

— Je suis dit que tu serais contente d'apprendre que tes parents étaient à nouveau ensemble. Excuse, je n'ai pas pensé au fait que tu doives faire semblant de ne pas être au courant, lança-t-il d'un air faussement embêté.

— Tu crois que je devrais en parler à Lucien ? demandai-je soudainement songeuse. Parce qu'il a le droit de savoir, après tout lui aussi souhaitait les revoir ensemble, mais si je le lui dis et qu'il cafte... Tu sais quoi ? Je le lui dirai pas SMS pendant notre retour. Comme ça, s'il crache le morceau, il sera tout seul à se faire engueuler, si toutefois les parents le prennent mal d'avoir été découverts.

— Ouais, tu joues la sécurité quoi ! se moqua Roman.

Évidemment que je jouais la sécurité ! Avec ma famille, c'était ce qu'il fallait faire, si on voulait s'éviter de nombreux ennuis. Puis peut-être qu'ils gardaient ce fait secret pour une raison qui nous échappait à tous. L'histoire de Lucien et Chloé par exemple, jamais je ne m'en serai doutée...

Non vraiment, cela aurait été ne pas les respecter de leur dire que nous étions au courant. Nous devions leur laisser le temps de nous l'annoncer. Même si cela allait être difficile désormais de les voir tous les deux sans avoir envie de sourire devant leurs mignonneries conscientes ou inconscientes, il faudrait que je tienne.

Finalement, je pouvais le dire, mon souhait pour Noël avait été exhaussé. J'ignorais si quelqu'un avait entendu ma demande ou si c'était l'heureux hasard mais qui ou quoi ce soit, je le remerciais. Solivar, Rose, Lucien, Dieu, un Esprit de Noël, Cupidon, le destin, j'étais certaine que la réponse se trouvait parmi ces noms...

Comme quoi, j'avais eu tort avec mes discours négatifs. L'esprit de Noël n'était pas vraiment mort. J'avais grandi. J'avais changé. J'avais fait des erreurs. J'avais souffert. Mais j'avais rencontré l'amour et mes parents l'avaient retrouvé.

— Bon allez ! m'exclamai-je soudainement en claquant des mains, désireuse de me reconnecter à la réalité. On doit sortir Balto !

Nous n'avions pas le temps de divaguer vers d'autres bonnes nouvelles apportées durant le déjeuner en famille, nous devions nous occuper de notre premier « bébé ».

Roman m'attendait déjà à la sortie de la chambre, adorablement craquant dans sa parka kaki que je lui avais achetée pour Noël. En arrivant ici, j'avais déjà son cadeau à Nantes. Mais je savais que je ne pouvais pas ne rien lui offrir ici.

C'était un sacré chanceux, maintenant que j'y pensais. Il allait avoir deux cadeaux pour le prix d'un (ou presque). Ou trois même si celui-ci mettra plus de temps à arriver, songeai-je en posant ma main sur mon ventre tandis que je passais la porte, Balto à mes côtés.

Roman, le veinard...

Noël chez les Carlier (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant