Ce fut en traînant des pieds que je quittai ma chambre le lendemain.
La valise à la main, je descendis dans le salon. Rose était là, comme toujours et même Lucien. Nous avions tous décidés d'attendre que Jennifer revienne à midi pour nous dire au revoir lors d'un dernier déjeuner. Et cette dernière venait tout juste de rentrer du boulot. Ce qui expliquait pourquoi j'avais pris les affaires avec moi.
Après le repas, je partirai directement. J'avais déjà fait mes au revoir à mon ancienne chambre. Des au revoir qui avaient été bien plus faciles que ceux qui m'attendraient dans quelques heures...
— Ayez des petits enfants et ils vous briseront le cœur, souffla grand-mère avant de prendre place à table.
Rose avait toujours aimé remuer le couteau dans la plaie.
***
Ce fut après deux bonnes heures de repas bruyant et de nombreuses embrassades que j'entrepris de quitter la maison. Dans le couloir, je demandai une dernière fois à grand-mère de vraiment tenter l'approche avec Balto (je lui avais laissé la nourriture) puis je suivis Lucien.
Seulement arrivée devant ma voiture, je remarquai qu'il manquait quelque chose : mes chaînes neige que mon frère m'avait promis de ramener pour aujourd'hui.
La veille, il avait refusé que je les achète à Albertville parce qu'il avait dit avoir vu le bon modèle à Bourg-Saint-Maurice et surtout moins cher. Alors en rentrant à Solivar, avant de partir à la recherche de Balto, je lui avais filé un chèque pour qu'il les récupère pour moi.
Je lui avais fait confiance et je me rendais compte que j'avais eu tort, une fois de plus. J'aurais dû les acheter moi-même parce que c'était bien connu, on n'était jamais mieux servi que par soi-même. Je n'allais jamais retenir la leçon, ma parole !
— Lucien ! le grondai-je, les mains sur les hanches.
— Je sais, souffla-t-il, je sais. Nous irons les acheter si tu les veux encore, mais avant je dois t'amener en quelque part.
Je fronçai les sourcils.
Comment pouvait-il décider à ma place ? J'avais dit vouloir partir en début d'après-midi. Je ne voulais pas me retrouver à rouler la nuit, même si je savais que je n'allais pas y échapper en partant maintenant, à quinze heures. Seulement ainsi, je ne devais pas faire la totalité du chemin dans la pénombre. Enfin, je n'aurais pas dû du moins.
— Monte dans ma voiture.
— Je ne recevrai pas d'ordre d'un menteur ! déclarai-je en croisant les bras.
Lucien roula des yeux et continua son chemin sans moi. Quel fumier ! Il savait que rentrer à Nantes aujourd'hui comptait pour moi...
— Allez monte Didine ! cria grand-mère.
Je me tournai vers elle et ne pus pas cacher mon mécontentement. J'aurais dû y penser qu'elle serait dans le coup elle aussi. Par contre, je crus que j'allais finir sur les fesses en voyant le sourire de maman.
Jamais je n'aurais pensé qu'elle deviendrait elle aussi un lutin de la Mère Noël...
— Je vois, vous êtes tous de mèche en fait ! en conclus-je avant me diriger vers la voiture de mon frère, les poings serrés.
De toute manière, si je ne venais pas, je ne serais pas plus avancée et surtout, je ne pourrais pas acheter mes chaînes...
Je fis tout de même en sorte de faire comprendre à mon frère que je prenais mal la nouvelle en soupirant bien bruyamment lorsque je m'assis sur le siège passager.
VOUS LISEZ
Noël chez les Carlier (Terminée)
أدب نسائيLe jour où Amandine reçoit un mail de sa mère lui annonçant que sa grand-mère Rose est mourante et que le dernier souhait de cette dernière est de revoir sa petite fille, la jeune femme est catégorique : il est hors de question qu'elle revienne dans...