Amandine la petite fille

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Lucien poussa la porte de ce qui avait été autrefois ma chambre et je ne pus pas cacher ma surprise en découvrant la pièce. Ma mère n'avait pas réaménagé la salle contrairement à ce que j'avais pensé. Elle avait tout gardé, tel quel et on voyait clairement qu'elle en avait pris soin.

Mes rideaux vert sapin que j'avais tant aimé durant mon adolescence étaient toujours aussi beaux et remplis des ravissantes petites accroches que l'on avait faites autrefois elle et moi. La poupée en porcelaine qui trônait sur le meuble de tête de lit était encore habillée de sa ravissante robe dorée. Ma bibliothèque, remplie de bouquins fantastiques et de romans d'amour, d'ailleurs ces derniers n'étaient même pas recouvert de poussière. Mes deux oursons favoris avaient gardé leur place sur ma couette blanche et donnaient l'impression d'être dans une chambre d'enfant.

C'était soudainement comme si je n'avais jamais quitté la maison.

C'était comme si je redevenais Amandine la petite fille.

Mes yeux devaient probablement briller puisque Lucien sourit et tapota mon crâne, un air attendri collé sur le visage.

— Votre séparation l'a beaucoup attristée. Tu étais son enfant chérie, son petit trésor. Quand elle pensait que je dormais le soir, elle venait se coucher dans ton lit et il n'était pas rare que je l'entende pleurer. Je sais qu'elle peut parfois donner l'impression d'être insensible et je me doute qu'elle n'était pas la mère aimante que je décris lors de vos échanges par mails, mais sache que je ne l'ai jamais vue aussi heureuse que lorsque tu lui as annoncé que tu revenais à Solivar.

Une boule se forma dans mon ventre. Je me demandais si au final je n'avais pas aggravé les choses en partant du jour au lendemain. J'avais soudainement l'impression d'être dans le même camp que Frédéric. Je l'avais encore plus fait souffrir. Mais d'un autre côté, si je n'étais pas partie m'installer à Nantes, jamais je n'aurais rencontré Roman et jamais je... Je relevai soudainement la tête et portai la main à ma bouche.

Roman ! J'avais complètement oublié de lui dire que j'étais arrivée. Quelle tête en l'air j'étais ! Je m'empressai d'attraper mon portable.

— Ouah, je comprends maintenant pourquoi tu réponds rarement à mes SMS, souffla Lucien à mes côtés, c'est quoi cette merde ? On dirait un gadget, du style ceux qu'a pu avoir maman lorsque j'étais gosse. Non mais sérieux, même grand-mère en a un tactile ! Et tu arrives à écrire quelque chose avec tes touches ? T'as internet avec ce dinosaure ?

Non je n'avais pas internet et en ce qui concernait l'écriture de textos, c'était plus une question d'habitude qu'autre chose. Je n'avais jamais accroché avec les téléphones et j'avais toujours eu des modèles assez atypiques, c'est-à-dire ceux que l'on classait généralement pour séniors certes, mais mon frère exagérait un peu quand même en parlant de dinosaure.

J'appuyai sur une touche au hasard mais l'écran resta noir. Je recommençai l'expérience deux fois avant de réaliser que si mon appareil ne répondait plus, c'était parce que je n'avais plus de batterie. Je refermai son clapet en soupirant.

— Est-ce que je peux emprunter le téléphone de la maison ? demandai-je en offrant mon regard de cocker à mon frère. Le mien est déchargé et je n'ai pas dit à Roman que j'étais arrivée. Il doit se faire un sang d'encre à l'heure qu'il est.

Lucien soupira et roula des yeux en même temps.

— Tiens, utilise mon portable. Lui au moins ne date pas d'avant Jésus Christ ! Attends, il est préférable que je t'affiche la bonne page pour que tu ne passes pas ta soirée à chercher comment fonctionnent les véritables portables de nos jours, m'embêta-t-il, un rire moqueur dans la voix. Allez, je te laisse contacter ton amoureux, termina-t-il avant de fermer la porte à sa sortie.

Noël chez les Carlier (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant