Boxing day

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Je m'éveille dans ma chambre d'adolescente, dans mon lit une place. Ma sœur Leagh est allongée sur un matelas au sol. Nous avons tous dormi sur place pour le soir de Noël, sauf Drissa que j'ai remis dans un taxi la veille au soir. Joey devrait arriver dans la matinée aujourd'hui et ensuite me déposer à la gare en milieu d'après-midi avant de prendre son poste à l'hôpital. Je me sens super mal à l'aise de le voir étant donné mon rêve inavouable de l'autre fois. Je me sens bien pourtant avec Joey, il est réellement adorable. Pourquoi mon cerveau ne suit-il pas cette direction ? Pourquoi ai-je toujours besoin de tout compliquer ?

Ma sœur ouvre un œil sur son matelas et grogne, à demi réveillée.

― Bien dormi ? je lui demande

― Comme un bébé. Hey! C'est Boxing Day aujourd'hui ! A moi les soldes et les magasins! Tu crois que Neal serait d'accord pour m'emmener ?

― Espèce de vénale sans cœur, tu es censée faire preuve de charité pour Boxing Day, non pas dévaliser les boutiques. En plus, tu pourrais tomber sur un troglodyte méfie-toi...

― N'importe quoi ! Si tu crois vraiment que des mecs déguisés en oiseaux vont empêcher ma folie commerciale, tu te trompes.

Je lève les yeux au ciel face à tant d'immaturité. Une obscure tradition de chasse au troglodyte se déroule le deuxième jour de Noël. Traditionnellement, des personnes masquées défilent dans les rues. Ils représentent la trahison, car l'oiseau se serait mis à chanter au moment où des soldats irlandais tendaient une embuscade à des guerriers scandinaves.

Leagh file en vitesse sous la douche, et je la revois sortir vingt minutes plus tard toute apprêtée. Je décide à me lever à mon tour pour me rendre également à la salle de bains. Lorsque je descends, une délicieuse odeur de repas embaume déjà toute la maison. Ma mère est derrière les fourneaux. Elle se donne vraiment beaucoup de mal afin que tout soit parfait. Je pense qu'elle se rajoute une pression supplémentaire du fait que Joey vienne passer la journée ce moment avec nous pour la première fois.

― Coucou maman, déjà en cuisine ? Tu sais que traditionnellement ce sont les restes que l'on mange le lendemain de Noël ?

― N'importe quoi Amy, je ne vais pas servir des restes de dinde à ton ami quand même, qu'est-ce qu'il penserait ?

― Que tu es bonne et charitable, dis-je en riant.

Je mets la bouilloire en marche et me tartine du pain de confiture en attendant que l'eau soit chaude. Je me sers ensuite une grande tasse de thé et prend place au coin du plan de travail près de ma mère. Je la regarde couper des légumes, arroser sa viande avec dextérité. Elle a dans le même temps confectionné une tarte.

― Papa et Neal vont regarder le match ? je demande.

― Oh bien sûr, comme chaque année. C'est bien le seul moment où ils s'intéressent au football ces deux-là, vu que les plus grands clubs s'affrontent. Ton frère est parti déposer ta sœur dans les magasins. C'était une délicate attention de ta part de convier ton réfugié pour Noël Amy. Bon, j'étais surprise au début, mais finalement, il n'est pas trop mal élevé.

Je reste sans voix à cette réflexion. Ma mère me fixe un moment puis semble se décider à parler:

― Que vas-tu bien faire toute seule sur la côte pendant une semaine Amy, ce n'est pas sérieux ?

J'avale mon thé de travers. Nous y voilà, les remontrances vont tomber.

― Je ne sais pas. J'ai besoin de temps, j'ai besoin d'air, j'ai besoin de réfléchir. Il n'y a pas de mal à ça ?

Prendre son envolOù les histoires vivent. Découvrez maintenant