Chapitre 18

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Il me terrifie... L'esprit agité d'interrogations et d'idées noires, je n'ai pas réussi à trouver le sommeil une seule seconde. Au matin cependant, mon maître, comme s'il avait oublié l'épisode de la veille, me prend dans ses bras et me serre fortement, alors que j'essaie sans succès de le repousser. Je suis forcée de le laisser m'embrasser langoureusement...

Notre mariage doit avoir lieu dans dix jours. Le compte à rebours qui commence devait égrener les minutes les plus agréables de mon existence. Elles ont à présent laissé la place à des heures sombres, emplies de doute et de crainte. Je sais fort bien de toutes façons qu'il m'est impossible de faire annuler la cérémonie. J'appartiens à mon seigneur qui m'a choisie et n'entend pas changer d'avis. Curieusement, je crois avoir encore plus peur d'être son épouse que son esclave, car pour moi disparait à jamais tout espoir d'affranchissement !

La flèche du temps poursuit sa trajectoire immuable pour rencontrer enfin sa cible, ce jour tant attendu et redouté.

Selon la tradition, Loki n'a pas passé la nuit avec moi. Au matin, je suis éveillée de très bonne heure par trois servantes envoyées pour me préparer. Mon corps est tout d'abord lavé puis longuement massé avec des huiles parfumées. Mes cheveux sont ensuite relevés en un chignon souple et coiffés d'un diadème scintillant. Mon teint est sublimé, mes yeux et ma bouche parfaitement maquillés. Pour finir, une des esclaves noue autour de mon corps la magnifique tunique asgardienne blanche cousue de fils d'or prévue depuis longtemps déjà et m'aide à enfiler mes escarpins vernis. Je peux enfin contempler mon image dans le miroir. Je trouve ma tenue éblouissante mais mon regard éteint...

Alors que je pensais le cérémonial terminé, une quatrième femme de chambre fait son entrée, portant un plateau où repose un fascinant collier d'or formé d'une chaîne et son étrange pendentif, deux serpents entremêlés se mordant la queue, comme une sorte de huit tout droit sorti de l'enfer...

- « Madame », me dit-elle en me saluant, « voici le signe de votre maître, le prince Loki d'Asgard. Vous devrez porter toujours ce bijou, ne jamais le retirer, pas même la nuit, en gage de votre soumission à lui. »

Je saisis délicatement le collier entre mes doigts, avec un petit sourire désabusé. Voilà donc à quoi ressemble ma nouvelle laisse... Et il fallait en plus que ce soient des serpents, animaux que je déteste particulièrement ! La servante m'aide à fixer la chaine autour de mon cou. Me voici définitivement la propriété de mon seigneur.

Vers midi, lady Arielle vient me retrouver. Comme je n'ai aucune famille, c'est elle qui doit m'amener jusqu'à l'autel où l'union sera célébrée. La jeune femme doit sentir que je suis tendue car elle place aussitôt ses deux mains sur mes épaules en chuchotant :

- « Courage, Marie. Tu arriveras bien à tenir ton fauve en respect. N'oublie jamais que Loki t'aime. Je te souhaite tout le bonheur du monde ! »

Puis elle sort de sa poche un petit paquet et me le tend, en précisant :

- « C'est pour toi. »

Très émue, je déchire le papier avec hâte. Il s'agit d'un bracelet d'or sur lequel est gravé une statue portant une table dans la main gauche et un flambeau dans la droite. Arielle murmure alors à mon oreille :

- « Marie, ne perds jamais ce bijou. Il est très précieux, mais pas pour la raison que tu crois... Sur ta planète d'origine, cette statue représente la liberté pour tous les hommes, toutes les femmes. Je ne pense pas que Loki le sache, il ne s'intéresse pas à Midgard. Elle atténuera l'influence de ces maudits serpents ! »

Les larmes aux yeux, je serre ma seule amie contre moi avant de lui répondre :

- « Souhaitons alors qu'elle ne se fasse pas dévorer par ces deux monstres ! »

ANGE ET DÉMON, UNE LEGENDE D'ASGARDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant