ANGE ET DÉMON, UNE LEGENDE D'ASGARD

Chapitre 28

La paix de Dieu pour seul réconfort lors de mon dernier voyage... Toute la nuit, j'ai fermé les yeux, tentant en vain de trouver le sommeil. Trop d'images se bousculent dans ma tête et malgré mes résolutions de courage, l'angoisse commence à envahir mon cœur. Je me demande si je vais souffrir à la seconde où la lame va trancher ma tête. Comme ma vie a été courte et triste ! J'ai peine à croire qu'elle se termine déjà. Mon petit Kay ne se souviendra même pas de mon visage lorsqu'il sera devenu un homme, même si j'ai espoir que Thor et Frigga lui parleront de moi. Juste une ombre du passé, le sort des mères mortes... Et Loki, mon prince, mon époux que j'ai tant aimé, qui a déjà tourné la page de notre belle histoire ! Finalement, je n'étais réellement qu'un jouet pour lui. Dans une heure, la poupée va être définitivement cassée...

Lorsque les gardes, au petit matin, pénètrent dans ma cellule, je suis déjà prête. Mon exécution doit être publique mais, heureusement, je constate que très peu de nobles asgardiens sont présents. Thor, ses amis et Arielle ont refusé de venir. Frigga, les traits tirés, se tient debout auprès du roi et de son fils. Les larmes me montent aux yeux lorsque j'aperçois le bourreau qui tente de rester discret, sa hache à la main. Je refuse néanmoins, d'un signe de la tête, le bandeau qu'un garde me tend pour me masquer le regard. Je veux affronter ma vie en face jusqu'au bout.

Curieusement, alors que le moment fatidique s'approche, ma peur diminue peu à peu et je me sens presque soulagée. Avant que ma tête ne soit placée sur le billot, je serre fortement le bracelet de lady Arielle qui n'a jamais quitté mon poignet, ce bijou de liberté symbole de qui je suis vraiment.

Lorsque la hache du bourreau s'élève, elle déplace un courant d'air qui me fait frissonner. Puis je bascule dans le néant.

Je m'éveille allongée sur un lit, dans une pièce sombre, les membres engourdis. Je ne sais ce qui s'est passé tant mes souvenirs s'emmêlent. Sans doute suis-je la proie d'une hallucination... Je devrais être morte à l'heure qu'il est. Peut-être que cette chambre est l'enfer réservé aux esclaves midgardiens rebelles ! Je réunis toutes mes forces et tente de me lever. Réussissant péniblement à faire quelques pas à tatons, je prends conscience qu'une longue chaîne solidement fixée à mon poignet me retient au lit. La panique commence à sérieusement m'envahir. Une longue heure s'écoule, toujours perdue dans l'obscurité et le silence.

J'entends soudain un bruissement au pied de mon lit alors qu'à ma stupéfaction, une ombre de haute stature se matérialise devant moi :

- « Loki, c'est toi ? »

- « Je t'ai déjà ordonné à deux reprises de m'appeler monseigneur. Qui d'autre que moi aurait pu lancer sur la salle d'exécution un sortilège assez puissant pour créer une illusion de la réalité ? Tous les présents ont vu ta tête tomber sous la hache du bourreau, Marie, et tous te croient morte. »

- « Pourquoi avoir fait cela, monseigneur ? »

- « Et bien ma chère, c'est fort simple. Je t'ai condamnée à mort devant mon père et toute la cour réunie pour laver mon honneur bafoué. Tu n'es plus digne d'être mon épouse. Mais tu es la plus belle femme d'Asgard et je ne vois nulle raison de me priver des plaisirs que me donne ton corps. Tu passeras le reste de ta vie ici pour satisfaire mes besoins. C'est une chambre digne d'une trainée comme toi ! »

Je suis horrifiée de ces paroles :

- « Monseigneur, par pitié, je suis la mère de votre fils ! Laissez-moi au moins mourir dignement ! Je ne veux pas d'une existence pareille ! »

Mon maître me sourit méchamment. La pénombre rend son rictus encore plus effrayant :

- « Tu n'as rien à vouloir, ma belle. Personne ne connait l'existence de cette pièce protégée par un sortilège. Nul ne sait que tu te trouves ici, nul ne te portera secours. »