Chapitre 4

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J'ai l'impression de me perdre. Depuis la nuit dernière, mon esprit est dans une grande confusion. Le prince Loki joue avec moi à un dangereux jeu de séduction. Je dois absolument rester sur mes gardes.

Deux journées s'écoulent. J'accomplis mon travail le plus soigneusement possible le jour et sers mon maître au lit le soir car je n'ai pas d'autre choix.

Cette nuit pourtant, après avoir quitté la chambre du prince, je suis prise de l'envie de me promener dans les jardins du palais. J'aime plus que tout respirer l'air pur et frais de la nuit en admirant la voute céleste. La lumière tremblante renvoyée par les étoiles m'apporte toujours un profond apaisement. Bien sûr, ce genre de distraction est strictement interdit aux esclaves qui sur Asgard ont pour unique droit la satisfaction de leur maître. Mais à l'heure qu'il est, Loki se repose dans ses appartements et Hans doit à coup sûr dormir depuis longtemps. Je peux donc me permettre ce petit écart... qui ne manque pas de grandir car, emportée par la quiétude du lieu, je me mets à danser sur l'herbe fraiche, inondée par la lumière pâle des lunes d'Asgard. Je tourne, virevolte, comme un véritable hymne à la nuit. Mais je ne tarde pas à apprendre à mes dépens que la luminosité des astres peut s'avérer funeste aux esclaves indisciplinés ! Car j'aperçois soudain Hans, sans doute fraichement sorti du lit d'une servante abusée, qui fond sur moi comme un vautour sur sa proie :

- « Comment oses-tu, petite trainée, te trémousser la nuit dans les jardins du château ? Tu devrais être depuis longtemps enfermée dans ta chambre à dormir, pour servir au mieux le prince Loki demain ! Je ne te ferai pas fouetter pour ne pas t'abimer, mais tu seras privée de nourriture pendant deux jours ! »

Deux jours entiers sans rien manger, alors que j'ai déjà constamment faim ! Cet homme est d'une méchanceté sans limite ! Je tente de retenir les larmes qui me montent aux yeux alors que soudain retentit une voix familière :

- « C'est moi qui ai demandé à Marie de danser pour me divertir. Elle n'a fait qu'obéir à mes ordres. »

Je crois être prise d'une hallucination alors que la haute silhouette de mon maître se matérialise peu à peu devant un bosquet du jardin. Hans et moi nous prosternons tellement simultanément que nos fronts se touchent presque :

- « Monseigneur, pardonnez mon erreur... Je pensais que Marie se moquait ouvertement de nos règles... »

- « Et bien, tu t'es trompé. Laisse-nous à présent. »

Visiblement déçu, Hans salue le prince pour s'en retourner dans ses quartiers. Loki et moi restons seuls. Je me sens particulièrement honteuse à la pensée qu'il ait pu me regarder danser en se rendant invisible.

- « Monseigneur, je suis désolée de m'être rendue si ridicule... »

- « Tu n'étais pas ridicule, Marie. Tu danses très bien et je t'ai trouvée fort désirable, en fait. »

Ma gêne s'amplifie encore alors que je murmure :

- « Merci d'avoir menti pour me venir en aide, monseigneur... »

Mon maître m'adresse un large sourire :

- « Tu dois savoir, Marie, que je suis un dieu et que l'art du mensonge m'est particulièrement familier ! Tu crois aux dieux d'Asgard, n'est-ce-pas ? »

Je laisse passer quelques secondes avant de répondre :

- « En fait, monseigneur, je pense que les asgardiens sont des êtres qui ont une espérance de vie extrêmement longue, mais pas des dieux... Sur Midgard, on dit que beaucoup de personnes croient en un dieu unique, abstrait, qui considère que tous les êtres, hommes ou femmes, riches ou pauvres, sont égaux. C'est en ce dieu là que je veux croire. »

ANGE ET DÉMON, UNE LEGENDE D'ASGARDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant